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Un coup de feu dans une banlieue sensible, une manifestation pour le climat, plusieurs agressions urbaines, presque ordinaires, un pétage de plomb dans les grandes largeurs, et neuf personnes vont passer une nuit en garde à vue dans un commissariat parisien. On ne saura pas les noms de tous et ils ne se croiseront d'ailleurs pas forcément, si ce n'est quelques hasards de coins de porte, quelques échos de chants de résistance ou de désespoir hurlés dans le vide.

Angel est bien connu de l'OPG. Il n'en est pas à sa première garde à vue. Provocations, humiliations, coups retors, il connait, il ne parlera pas, ne dénoncera personne. Il s'est mis à part d'une vie fracassée, il tente autre chose que la banlieue qui tourne en rond. Cette nuit, il faut juste tenir, se faire le plus petit possible, planquer son étrange sourire, blessure tue, souvenir d'un père parti, d'une mère qui a déjà trop souffert.

Dans une cellule voisine, un homme peste contre son sort : il est celui qui harcèle, qui marque son territoire d'homme puissant à coup d'agressions de guerrier. Une femme qui se refuse à lui n'est-elle pas qu'une effarouchée qui ne dit pas oui en disant non ? Une ombre qu'il a un peu bousculée au passage. le monde n'est qu'argent et pénétration.

A coté ou plus loin, on ne sait pas trop, une autre voix en sourdine : ce matin là, il a fait le pas de la vengeance, de la revanche, de la seule réponse possible au mépris infligé à sa faiblesse, coincé entre ses rêves d'abdos d'acier et ses tocs qui l'empêchent de sortir de l'ascenseur, pétri d'angoisse, résistant à ses peurs en frottant à l'infini la porte de son appartement.

Il y a un vieil homme qui croyait à monde meilleur.

Il y a des Blacks Blocs plus si jeunes que ça, à la parole révolutionnaire pervertie par le goût de la violence.

Et il y a K-vembre, en lutte contre tous les hommes, et qui multiplie les rencontres tinder, à cause de la solitude. K a écrit un premier roman « coup de gueule », mais les éditrices ne la rappellent pas, elle arpente les allées sans fin d'un gigantesque entrepôt et elle est en lutte, une lutte permanente, pétrie de colères et de frustrations, contre les codes étiquettes qui défilent sur l'immense écran du téléphone attaché à son bras dans l'entrepôt : prendre l'article, le scanner, le mettre dans la caisse, la bonne allée, le bon casier, toute la journée, la course aux pulsations de l'algorithme et des frustrations … K est tellement en rage qu'elle s'est perdue.

Polyphonie de rages, de colères, qui se cognent aux mots dans un rythme qui secoue le lecteur, l'empoigne et le projette dans les impasses de ces monologues qui tournent en rond mais pas dans le vide, c'est un roman de boxe et de punch line, dont les redites peuvent lasser mais aussi être vues comme le refrain de ces détresses. Il y a bien un fil conducteur, retrouver l'auteur des coups de feu, mais le flot des mots entraine les images mentales, car, enfermés, les personnages ne peuvent plus que penser. le lecteur ne peut que suivre les récits de ces chaos intimes. Les violences s'entrechoquent, celle de la machine policière, mais surtout celles des luttes vaines des longues journées d'avant qui les ont menés là. Et finalement, à l'orée de la lutte finale et des grands soirs, leurs minces espoirs ont disparu dans la misère sociale et le mépris de classe.
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Fascinant Marin Fouqué.
Cette écriture allant dans les interstices de la langue, des mots qui observent, la vie palpitant au coeur. Cette G.A.V. qu'est la vie en réel dans le texte
"se sacrifier le réel jusque dans la chair"
L'écriture pour survie
"on écrit le monde pour ne plus y mettre les pieds"
Ce portrait de ce qui compte tout comme de l'absurdité et de l'inutile
"autant danser pour épeler son nom"
Une histoire à plusieurs personnages, à plusieurs sujets je tu iel, à plusieurs voix et points de vue
"un écho à mille bouches"
L'auteur militant de la langue jusqu'au bout du tonfa, les mots comme des coups sur tout ce qui oppresse
"c'est à l'équipement de sa police que l'on peut évaluer le courage d'un peuple"
Lire comme on exulte, comme un climax où se frenchkissent le plaisir et la rage
"et la chaleur lentement qui s'éteint dans la paume"
Cette bande son de rue de rap et de morceaux dépareillés qui rythme la lecture de souvenirs, de contexte, de frisson. Des pages entières sur un seul titre qui te traversent le corps et l'intime
"tout est musique"
Et des remerciements comme un hommage qui forcent le respect et secouent en dedans.
"Si c'était mon dernier espoir, ce serait qu'on se réveille"

Bang bang. He shot me down.
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G.A.V. la nuit: la colère, la rébellion, l'envie de justice, la mauvaise personne au mauvais endroit...
L'écriture est percutante, augmentée de slogans hurlés, efficace.
C'est poisseux, ça couve, on le ressent par les sens.
Ventre mou au milieu, on perd le rythme, l'envie d'aller plus loin, j'ai eu du mal à rassembler les pièces dans cette polyphonie. Mieux à la fin.
Chant de révolte collective? Pas sûr de trouver le collectif dans cette cellule... la rage
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Marin Fouqué dresse le portrait de plusieurs personnages qui vont se retrouver de différentes manières en GAV dans plusieurs commissariats. On suit le cheminement qui les a menés en garde à vue. La forme est très importante dans ce roman, ça sonne et l'écriture peut parfois accrocher le lecteur. Les sensations, les sons et les images défilent.

Le lecteur constate au fil du récit les conditions de détention en garde à vue et les conditions dans lesquelles certains personnages sont arrêtés. C'est brutal, violent, sans filtre et en même temps réaliste sur les vies décrites. Des vies marginales, précaires, stigmatisées. Marin Fouqué écrit un roman sur la violence d'une institution et sur les conséquences de cette violence. La musique n'est pas en reste et complète très bien le propos, de PNL à SCH.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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