D’ailleurs, depuis 1869, une loi discriminatoire rend encore plus difficile l’accès à l’instruction. Cette loi stipule que l’impôt scolaire payé par les contribuables sera réparti entre les commissions scolaires non pas en proportion des populations protestante et catholique desservies par chacune, mais selon la religion des propriétaires immobiliers qui paient cet impôt. Or, la très faible proportion des franco-catholiques qui a le privilège d’être propriétaire est toute regroupée dans quelques secteurs huppés. Dans les quartiers ouvriers, on ne retrouve pratiquement que des locataires. Ces milieux sont les plus densément peuplés, mais ils recevront la plus petite part. Cette fois, le clergé n’a pas protesté contre la nouvelle loi, tout à fait favorable à ce que l’école ne soit pas accessible à tous.
Dans la foulée de Vatican II, au milieu des années 1960, leurs jupes remontaient des chevilles jusque sous les genoux et le voile aussi raccourcissait, avant d’éventuellement disparaître complètement. Et l’on se demande aujourd’hui pourquoi de nombreuses Québécoises d’un certain âge ont des préjugés défavorables à l’endroit des musulmanes voilées… Comment leur faire avaler que le voile n’est pas synonyme d’obscurantisme?
Lucien Bouchard dira même quelques années plus tard, en 2005, à titre de cosignataire du texte pamphlétaire Pour un Québec lucide, que les Québécois francophones ne sont pas assez productifs et qu’ils ne font pas assez d’enfants pour assurer la survie du fait français. Ça y est, une figure d’autorité prônait à nouveau la revanche des berceaux à laquelle le clergé nous avait astreints pendant près de deux siècles, sous peine d’aller en enfer!
Plusieurs facteurs ont motivé les oppositions systématiques du clergé catholique à toute réforme du système scolaire, le premier étant son objection à l’instruction pour tous. Dans son désir maladif de contrôler tout ce qui concerne l’instruction des Canadiens français, il a réussi à maintenir le petit peuple catholique dans l’illettrisme fonctionnel jusqu’à la Révolution tranquille.