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3,8

sur 536 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au 18e siècle, en pleine nuit, l'Utile, une goélette française fait naufrage sur le plateau de corail qui borde une île minuscule et désolée au large de Madagascar : à son bord 160 esclaves noirs embarqués secrètement par un capitaine sans scrupule et à qui le naufrage à fait perdre la raison. Ce qui reste de l'équipage et des esclaves va se réfugier sur cet îlot inhospitalier et construire en quelques mois un bateau à partir des restes de l'Utile. Matelots et esclaves participent à l a construction mais la « prame » est trop petite pour pouvoir embarquer tout le monde…
Irène Frain livre ici un document historique passionnant, sobrement raconté à la façon d'un roman : dès le début le lecteur est tenu en haleine par le naufrage de l'Utile, brisé par les déferlantes qui entourent l'îlot corallien. Et malgré la maigreur des témoignages de l'époque, elle arrive à restituer une figure véritablement lumineuse en la personne du premier lieutenant Castellan qui prend le commandement de l'île, de l'équipage et des opérations.
C'est à partir des seuls témoignages de l'écrivain et du chirurgien de bord, ainsi que des recherches archéologiques menées en 2006 par Max Guerout , spécialiste en archéologie navale, qu'Irène Frain a pu mener son enquête et reconstituer cet épisode captivant et tragique de notre passé négrier ; une époque trouble et ahurissante pour nous, humains du 21e siècle, où l'homme blanc n'avait pas encore identifié l'esclave noir comme un homme, au même titre que lui.
Voici une histoire poignante qui aura au moins eu le mérite de servir la cause abolitionniste, grâce en particulier à Condorcet qui s'empara à l'époque de l'épisode pour faire avancer son combat.
Vous refermerez ce livre révolté et bouleversé.
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L'île Tromelin se situe dans l'océan indien entre Madagascar et l'île Maurice.
C'est une petite île plane qui fait à peine 1km carré et sur laquelle une station météorologique a été construite en 1954.
A l'écart de toutes les routes de navigation, elle n'est découverte qu'en 1722 par un navire de la Compagnie des Indes et baptisée "l'île des sables".
Elle est alors une île coralienne sans mémoire, battue par les vents, noyée par la mer lors des cyclones auxquels elle est particulièrement exposée.
Les maîtres de l'île sont les oiseaux, les bernard-l'ermite et les tortues qui viennent y pondre leurs oeufs.
Aucun bateau ne se risque à ses parages bien trop dangereux.
En 1761, cependant, une frégate de la Compagnie française des Indes orientales, L'Ultime, se fracasse sur ses récifs.
Partie de Bayonne avec cent-quarante-deux membres d'équipage, elle avait fait escale à l'île de France (île Maurice) pour y embarquer cent-soixante malgaches, hommes, femmes et enfants, destinés à l'esclavage..et ce, malgré l'interdiction de la traite décrétée par le gouverneur.
Les rescapés, blancs et noirs, qui ne sont pas morts noyés parviennent à rejoindre l'île et, sous les ordres du second lieutenant, Castellan, organisent leur survie en deux camps.
Dans un même temps, ils construisent un nouvelle embarcation en utilisant les matériaux récupérés de l'épave de L'Ultime.
Une embarcation qui, il le savent bien, ne pourra pas contenir tout le monde..

Je ne connaissais pas cet épisode de l'Histoire qu'Irène Frain nous relate en se basant sur des documents de l'époque et les découvertes de l'archéologue Max Guérout, spécialisé dans les naufrages.
L'auteure s'attache essentiellement à ce qui s'appuie sur les documents officiels et ne peut donc nous renseigner que sur l'attitude des autorités françaises face à l'abandon des malgaches et à l'insistance de Castellan à vouloir honorer sa promesse, celle d'aller les rechercher.
Il faudra attendre quinze ans pour que quelqu'un se décide enfin à agir.
Il n'est nulle part question de la manière dont ces pauvres gens ont organisé leur survie, ni de ce qui a provoqué le décès de la plupart d'entre eux.
Ces oubliés de l'île Tromelin hantent chaque page du livre comme il ont hanté l'esprit de Castellan.

Quelques longueurs mais un récit impressionnant.
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Voici un livre que j'ai lu il y a quelques années et j'en ai toujours gardé un souvenir très fort.
En 1761 un navire Français s'échoue sur une île perdue dans l'océan indien. Or, outre l'équipage, il était chargé d'esclaves transportés clandestinement.
Les blancs de l'équipage vont cohabiter avec les esclaves et les convaincre de construire un radeau afin que tout le monde puisse partir.
Mais les blancs partiront seuls abandonnant les noirs à leur sort. Ceux-ci seront forcés de s'adapter à la nature terriblement hostile de ce bout de terrain aride et soumis aux vents.
Quinze années plus tard, lors d'une expédition de sauvetage menée par un des seuls rescapés ayant eu des remords, on ne retrouvera qu'une poignée d'entre-eux, en particulier des femmes.

Irène Frain après de très sérieuses recherches aussi bien dans les archives que sur le terrain, a romancé cette histoire vraie de façon très agréable et on se passionne pour l'aventure et le sort de ces personnes.
C'est un livre que je n'avais pas critiqué à l'époque, mais qui reste en bonne place dans ma bibliothèque.
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C'est à Madagascar en 2013 que j'ai entendu parler pour la première fois de l'île Tromelin, dans l'Océan Indien. Une station météo y est installée depuis les années 50. Mais depuis la publication en 2009 du roman d'Irène Frain Les Naufragés de l'île Tromelin, des fouilles archéologiques étaient menées pour tenter de mieux comprendre comment quelques rescapés du naufrage du navire l'Utile en 1761 avaient pu survivre sur ce morceau de corail sans végétation pendant quinze ans.
Je n'avais pu mettre la main sur le roman d'Irène Frain à Madagascar ni visiter l'île Tromelin.
Comme pour d'autres naufrages, les récits des survivants sont peu nombreux. Irène Frain a eu la chance de pouvoir se baser sur les recherches archéologiques de Max Guérout.
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"Les naufragés de l'île Tromelin" c'est tout d'abord le récit d'un fait historique, un naufrage, celui de "L'utile", au large de Madagascar, une nuit de 1761.
Au petit matin, les rescapés se retrouvent sur un îlot aride battu par les vents. Commence alors une existence précaire pour ceux qui ont survécu: la plupart des membre de L'équipage et la moitié des esclaves embarqués en fond de cale en contrebande.
L'espoir revient avec la construction d'une embarcation de fortune, la porte de sortie, la fuite enfin possible. Les marins partent, les esclaves sont laissés sur place, alors même qu'ils ont participé à l'effort, certes avec la promesse d'envoyer des secours au plus vite pour revenir les chercher.
Viens ensuite la longue attente, où l'humanité de quelques uns se fracasse sur la réalité d'une époque où la vie ne vaut pas grand chose, et celle des esclaves encore moins.
Roman plutôt prenant, qui alterne entre le récit historique, très documenté, avec une mise en contexte très éclairante et les passages plus romanesques où l'auteure se laisse aller à explorer la psyché des personnages...
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J'ai bien aimé ce livre car je n'avais jamais entendu parler de cette histoire et j'ai donc pu la découvrir. L'aventure vécue par ces naufragés est terrible et j'ai vraiment eu envie de savoir jusqu'au bout ce qu'il était advenu de chacun d'entre eux. Les faits sont bien documentés et on sent tout le travail réalisé pour soumettre un texte de qualité aux lecteurs. Cependant, le récit m'a semblé un peu long et le fait que ce soit assez descriptif m'a un peu ennuyée. C'est vrai que j'ai toujours du mal avec les explications trop détaillées. Ce petit bémol m'a empêchée de rentrer complètement dans l'histoire que j'ai malheureusement plus lue comme une information que comme un roman.

En résumé, je conseille cette lecture car elle permet d'apprendre beaucoup de choses sur ce naufrage et sur les suites de celui-ci. C'est vraiment intéressant mais si vous n'aimez pas trop les détails comme moi, vous risquez de trouver le récit un peu longuet.

Lien : http://lecturesmagiquesetfee..
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Un navire français, l'Utile, fait naufrage en 1761 près d'un îlot de corail situé dans l'océan Indien, pas très loin de Madagascar. Dans les cales de ce bateau, des esclaves noirs, non déclarés, dont la présence sur le bateau commençait à menacer la cohésion de l'équipage. le naufrage précipite les survivants sur cette île désertique, où la lutte pour la survie s'engage. le commandant a "perdu les pédales", c'est Castellan, le premier lieutenant qui prend la direction des opérations, en particulier la construction d'un bateau, qui va permettre de quitter l'île et de rallier Madagascar. Mais ce bateau ne pourra pas embarquer tous les naufragés. Et ce sont les esclaves noirs, qui vont rester, bien qu'ayant activement participé à la construction.
Quinze années plus tard, après beaucoup de péripéties administratives et de tentatives ratées, un autre bateau réussira à aborder sur l'île et reviendra chercher les esclaves abandonnés. Il trouvera sur place sept femmes et un bébé.

Voici donc l'histoire véridique qui sert de trame à ce livre, que j'hésite à appeler "roman". Car si les mots de cette histoire nous parviennent sous une forme romanesque grâce à la plume d'Irène Frain, il y a aussi dans ces pages le difficile cheminement de la vérité des faits, au travers des récits de l'époque, transcrits par deux témoins directs : l'écrivain embarqué sur le bateau et le chirurgien du bord. Plus proche de nous, c'est la rencontre de l'auteur avec Max Guérout, capitaine de vaisseau passionné d'archéologie, qui a permis de ressortir au grand jour cette aventure peu glorieuse pour les autorités de l'époque.
A noter que Condorcet eut vent de ces évènements tragiques et qu'ils eurent une part dans sa lutte pour l'abolition de l'esclavage.

J'ai beaucoup aimé ce livre, par son aspect historique et documentaire et aussi bien sûr par les sujets abordés : l'esclavage, la survie dans un milieu hostile, la lutte contre les préjugés, la prise de conscience de Castellan vis à vis de la situation des esclaves et son dilemme quand il faut quitter l'île.
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C'est une histoire vraie qui est relatée avec toute la connaissance historique que l'on peut en avoir et le recul nécessaire . Irène Frain s'est passionnée pour cette aventure hors du commun en se rendant sur l'île Tromelin située à l'est de Madagascar, où avait eu lieu un naufrage en 1761. Une goëlette française transportait dans la cale des esclaves noirs destinés au commerce pourtant illégal qui enrichissait des capitaines peu scrupuleux. Ce qui arriva sur l'île dépasse l'imagination; Blancs et Noirs cohabitent séparément, construisent une embarcation avec les débris de l'épave, creusent un puits, se nourrissent d'oiseaux et de tortues sous le commandement d'un homme aux compétences et à l'autorité reconnue , Castellan,qui ne sera jamais vu par les autorités comme un héros ensuite .
Il réussit l'exploit de ramener ses hommes en promettant aux Noirs de revenir les chercher car l'embarcation est trop petite, mais il faudra 15ans pour qu'un marin arrive sur l'île et trouve 7 femmes et un bébé en vie sur la centaine restée coupée du monde. Des recherches archéologiques montrent actuellement comment ce groupe humain a survécu si longtemps; le récit explique comment tout cela a pu arriver. Très émouvant. Des prix largement mérités pour ce morceau d'histoire méconnu.
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Bienvenue à bord de l'Utile. Nous sommes en 1761, et ce navire de commerce français navigue en plein océan indien. Par entêtement et empressement, le poussant à faire de mauvais choix de navigation, le capitaine Lafargue s'obstine à maintenir cap à l'est et scelle ainsi le sort de son équipage. En pleine nuit, la frégate se heurte à l'île Tromelin, une minuscule île corailleuse, perdue dans l'infini de l'océan, dont chaque navigateur connaît l'existence sans pour autant l'avoir rencontrée. Face aux courants marins, aux vagues impressionnantes, aux lames et au ressac qui entourent perpétuellement cet îlot, le bâteau n'a aucune chance. Il est fracassé.

Désormais, il faut survivre, sur une île où seuls les oiseaux demeurent. La soif, la faim, l'épuisement des corps meurtris, le désespoir et l'isolement… Des centaines d'hommes réchappent de la noyade, parmi eux des Noirs - que le navire transportait illégalement dans sa cale afin de les vendre comme esclaves lors d'une prochaine escale. Des hommes, des femmes, des enfants dont l'équipage, alors, ne fait plus grand cas… Et pourtant, heureusement qu'ils étaient là car l'équipage, souvent enrôlé de force ou sous la menace, n'aurait pas donné cher de sa peau !

Bien que l'écriture oscille entre roman et documentaire, on est pris dans ce récit qui pose de nombreuses problématiques pour l'époque, dont notamment celle de l'esclavage. Et l'on retient son souffle face à cette destinée à peine croyable.

C'est un récit passionnant et révoltant que nous livre Irène Frain, la reconstitution points par points d'un drame historique dont je n'avais jusqu'alors aucune connaissance. L'autrice a fait un réel travail de recherches et rien n'est laissé au hasard afin de nous transmettre le plus fidèlement possible ce tragique, mais néanmoins miraculeux, récit des naufragés de l'île Tromelin...

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L'histoire vraie d'un naufrage pathétique. En 1761, une corvette à 3 mâts fait naufrage sur un caillou d'1 km de diamètre situé sur sa route entre Madagascar et l'île de France (Maurice). A bord 140 hommes d'équipage et 160 esclaves soigneusement bouclés dans la cale car leur commerce est maintenant interdit par la compagnie de Indes. La force et la détermination du premier lieutenant Castellan permettront de sauver une partie du matériel sur l'épave roulée sur les récifs : récupérer les voiles pour faire un taud, faire du feu, creuser un puits pour trouver de l'eau douce, organiser la chasse aux oiseaux marins et tortues pour nourriture et construire une nouvelle embarcation qui leur permettra de quitter le caillou plusieurs semaines plus tard. Et les 80 esclaves survivants me direz-vous? Et bien, comme l'esquif est trop petite pour embarquer tout le monde, on les laisse sur place pour les remercier d'avoir participé à sa construction de la barque en leur jurant bien qu'on reviendra les chercher ! Promesse qui ne sera bien sûr pas tenue puisque la cargaison était illégale. Ce n'est que 15 ans plus tard que seront récupérés 7 femmes et un nourrisson. Il faudra attendre 1789 ( « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ») puis 1792 pour abolir l'esclavage...que rétablira en 1802 le premier consul Bonaparte. Une très belle histoire, à peine romancée, tirée des journaux de bord de l'écrivain et du médecin du bateau dans un style remarquable. Un titre récupéré avec bonheur dans les références de « Soudain seuls »d'Isabelle Autissier.
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