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3,51

sur 525 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'écriture de ce livre a certainement aidé Irène Frain à faire son deuil ou du moins à atténuer son chagrin, après la mort atroce de sa soeur aînée Denise, massacrée à coups de marteau le 8 septembre 2018 à Evry par un mystérieux agresseur toujours en cavale.
Révoltée, à juste titre, par le mutisme de la justice et de la police, elle décide de prendre la plume pour manifester sa colère car depuis le drame, cette périphrase trotte inlassablement dans la tête d'Irène et de sa famille et le constat est glaçant : « le-type-qui-a-fait-le-coup » n'a jamais été identifié.

L'auteure ressent comme une gêne, une honte, face à la sidération de ses proches lorsqu'elle évoque le meurtre. Une « male mort » dit-elle, une mort violente, rapportent les enquêteurs. Pourtant, « cette mort ne peut pas rester sans voix », alors sur les conseils d'un ami, elle va choisir l'écriture, le meilleur exutoire pour canaliser ses souffrances. « Mourir comme ça … il n'y a pas de mots pour ça ». Pourtant, « cela l'a prise comme ça » de vouloir exprimer sa « zone de l'effroi » avec des mots, afin de tenter d'apaiser la douleur lancinante et insupportable du silence qui l'oppresse. Comment faire le deuil d'un proche lorsque la famille ignore l'identité du meurtrier, les circonstances exactes de son acte, ainsi que le mobile ?
Quatorze mois après le drame, et souhaitant redonner vie à sa soeur « oubliée », Irène Frain évoque dans ce récit poignant les meurtrissures psychologiques intimes et insoutenables, qu'elle a ressenties comme autant de blessures qui ne cicatriseront jamais. En lui rendant ainsi un vibrant hommage, elle a peut-être aussi trouvé une autre façon de calmer les vagues-submersion de ses légitimes rancoeurs.

« En France, il y a un peu plus de huit cents homicides par an et quatre-vingts pour cent d'entre eux sont résolus. Mais plus le temps passe, plus l'élucidation est difficile. Et c'est très dur d'attendre » …
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Dans une ville voisine d'où j'habitais, une enquête policière qui semble « anodine » mais l'on découvre que l'auteure du livre est concernée de près. Pudeur, retenue, rage devant le peu d'avancées ; et si l'affreuse chose arrivait à l'un de vos proches ? Joli témoignage d'un affreux « fait divers »…
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C'est un récit autobiographique. Celui de l'auteur qui raconte son ressenti et son combat pour que justice soit faite suite au meurtre de sa soeur de 79 ans.
Irène frein choisit de mettre ses mots sur sa détresse, ses émotions et son impuissance face à la police et à la justice.

Le meurtre d'une vieille dame de 79 ans chez elle, même si elle a été brutalisée avec beaucoup de violence , n'est pas assez interessant pour les hommes de lois?

Ce livre est aussi l'histoire de la relation entre deux soeurs qui ont 11 ans d'écart, leur enfance, leur adolescence mais aussi le début de leur vie de jeunes adultes.

C'est très bien écrit. La lecture est fluide et le roman est très beau. L'auteur se livre beaucoup et cela se ressent .
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Un crime sans importance est un récit qui m'a beaucoup touché.
Dans les premières pages, on sent que le style est distant, qu'aucune émotion n'est présente, les faits sont exposés sobrement, efficacement. Puis le style bascule quand on apprend qu'une femme qu'on a croisé dans le récit est la soeur de la victime.

A partir de ce moment, la narratrice devient je, nous sommes au coeur de ses pensées. On assiste à sa colère, son désespoir, sa volonté de ne pas être réduite au silence, de comprendre, d'agir pour que sa soeur obtienne justice. Nos émotions évoluent en parallèle de celles de l'autrice, on est indigné quand on voit comment a été menée cette enquête. On est en colère quand on comprend qu'un meurtre de personne âgée n'est pas prioritaire face à d'autres crimes....

Un livre essentiel !
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Ce livre est basé sur une histoire vraie qui fait froid dans le dos et peut faire peur à toutes les vieilles dames qui habitent seules près d'un quartier dit sensible où les cambriolages sont fréquents.
Plus grave encore on voit la police et la justice dans l'indifférence, l'incapacité de faire leur travail à minima, dans une désorganisation proprement kafkaïenne entre les services tous impuissants à agir efficacement pour élucider un crime, quitte à le faire passer pour un simple décès.
Et pour couronner le tout c'est arrivé à la soeur aînée d'Irène Frain elle-même et sans cette auteure talentueuse pour se révolter et se mêler d'y voir clair , on n'en saurait rien.
C'est le drame personnel d'une femme endeuillée par la mort tragique de sa soeur qui culpabilise d'avoir coupé les liens avec une partie de sa famille et tente de faire revivre cette soeur disparue de sa vie en reprenant contact avec les belles années de leur enfance et en faisant reconnaître publiquement le crime atroce passé inaperçu et dédaigné de tous.
Très beau texte qui part avec un détachement glacial pour finir dans l'apaisement d'un devoir accompli et d'une sororité retrouvée. Superbe !



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Un livre choc pour moi, qui mérite bien son prix Interallié 2020. C'est un récit qui compte parce qu'il témoigne de l'inertie du système judiciaire face au meurtre d'une femme âgée qui vivait seule. le titre est bien choisi puisque "Un crime sans importance" montre que la victime n'est pas considérée vue son âge avancé.
Si Irène Frain dénonce la situation elle le fait avec intelligence et n'accuse pas les juges de ne pas agir mais compatit plutôt vues leurs conditions de travail et la surcharge de dossiers qu'ils ont a traiter. Elle s'en prend plutôt à un système inefficace.

Cette histoire, c'est aussi une histoire de famille. On ne l'apprend pas tout de suite car le début du récit décrit les faits : l'attaque chez elle d'une femme dont la police dira qu'elle a été massacrée. Elle mourra quelques jours plus tard à l'hôpital.
C'est la soeur aînée d'Irène Frain qu'elle chérissait petite mais avec qui elle avait rompu adulte quand, atteinte de troubles bipolaires, elle s'attaquait à ceux qu'elle aimait. Dans ce genre de situation que j'ai connu il est vrai qu'il est préférable de s'éloigner.
Pourtant, quand Irène Frain apprend la mort de sa soeur, elle ne supporte pas de ne rien savoir, de ne pas pouvoir consulter son dossier parce que le policier en charge de l'affaire n'a pas rendu son rapport. le juge d'instruction ne peut pas être saisi et l'avocat qu'elle a engagé patine. On comprend parfaitement qu'on a besoin de trouver des explications à de telles horreurs.
D'ailleurs elle a bien conscience que toutes les petites avancées qu'elle réussit à faire c'est grâce à sa notoriété. Pour autant elle ne va pas bien loin pour mobiliser la justice alors que d'autres attaques sont perpétrées.

Il n'y a pas de haine dans ses propos, juste de la colère et une analyse de ce que peut générer notre société. C'est ce que j'ai aimé dans ce récit qui sonne juste.

Challenge Riquiqui 2022
Challenge Multi-défis 2022
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Une dame âgée de 79 ans est sauvagement assassinée avec un marteau dans son pavillon de banlieue entouré d'une zone commerciale et industrielle.
Elle confectionnait des sachets de lavande ce jour-là. Elle se promenait souvent autour de sa maison dans la seule zone verte qui restait et parlait à peine à ses voisins, juste ce qu'il fallait.
Par contre ses fils et ses petits-enfants étaient très proches d'elle. Ils faisaient tous partie de l'église évangélique et s'y rendaient chaque dimanche.
C'est d'ailleurs ainsi que son fils a été intrigué de son absence.
Selon la police, elle a été littéralement massacrée.
L'enterrement a lieu plusieurs semaines plus tard quand le corps a été restitué à la famille. Dans l'église, une dame au manteau bleu noir. C'est la soeur de la victime : Irène Frain.
La victime, c'est Denise, sa soeur aînée et sa marraine.
Quand on a lu ses précédents romans, on connaît Denise et ici, on apprend plus d'éléments sur elle.
Elle était surdouée, avait fait des études à la fac mais malheureusement faisait des crises maniaco-dépressives depuis la fac. Elle s'était mariée et avait eu deux garçons. Ses crises avaient cessé vers l'âge de 40 ans quand elle avait commencé à fréquenter l'église évangélique;
Irène ne l'avait plus revu depuis ses crises mais elle avait beaucoup compté dans son enfance. Denise avait constitué un exemple pour elle. Elle était sa marraine. On la voit sur la photo de couverture en train de serrer le bras de Denise.
Irène est soudain prise de colère devant ce silence.
Silence des enfants.
Silence de la police, de la justice. Les deux sont appelés le mastodonte par l'auteur.
Elle craint" les males morts" comme elle les nomme, la hantise de morts brutales, violentes revenant tourmenter les vivants. J'ai moins aimé ce passage sortant des limites pour moi.
Elle va voir un avocat pour faire avancer les recherches. Tout ce qu'on apprendra, c'est qu'il y a eu plusieurs agressions de ce genre dans le bourg mais l'attaquant ne sera pas identifié.
Le récit est très bien décortiqué et analysé. Irène n'hésite pas à s'impliquer. Quand elle prend de la distance, elle redevient la dame au manteau bleu noir.
J'ai apprécié la façon qu'elle a de nommer les agresseurs par "ils" et les témoins ou les curieux par "on".
Un récit de qualité, tout à fait digne d'intérêt, insécurisant parfois.


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Une septuagénaire est agressée par un inconnu dans son pavillon…
Non! Reprenons.
Une femme est assassinée, battue à mort, par un fou dangereux, qui a déjà sévi et sévira encore. Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraitre, deux ans après le meurtre, l'affaire n'a toujours pas été instruite par un juge.

Cette femme, cette soeur, cette mère, cette fille, cette voisine, cette amie, cette grand-mère, Denise n'intéresse personne, son crime est sans importance, à part peut-être pour Irène Frain. Et pour cause, c'est sa soeur. Elle ne sera au courant du crime que sept semaines après les faits, sept semaines pendant lesquelles Denise est restée dans le coma, sans que personne ne daigne la prévenir.

Devant le mutisme des proches de sa soeur, décidée à laisser Denise entre les mains de leur dieu, le silence de la presse, la police et la justice, Irène Frain ne peut plus se taire. Elle écrit.

"- Mais comment font ceux qui ne peuvent pas écrire?
– Ils écrivent une maladie. Souvent un cancer."

Irène Frain va dérouler le fil de leur histoire, une histoire douloureuse, empoisonnée par les non-dits, le mauvais amour et la maladie mentale. La construction narrative est faite de digressions maitrisées, de réflexions bouleversantes, d'écrits dans l'écrit, de colère qui monte, le tout servi par une plume absolument remarquable.

Ce roman, c'est aussi un regard acerbe sur notre société, dans laquelle les "vieux", au sens plus large "les invisibles" sont perçus comme quantité négligeable. La façon dont on parle des "personnes à risque de plus de 65 ans" depuis le début de l'épidémie n'en est qu'un exemple de plus.

Quand je vois la bibliographie d'Irène Frain, je me demande comment j'ai pu passer à côté de cette merveilleuse autrice. Ne manquez ce roman bouleversant et dites-moi vite ce que je dois lire d'autre de cette grande écrivaine!

Lien : https://carpentersracontent...
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L'auteure relate un fait divers, l'agression et l'assassinat de sa soeur ainée. Elle recompose ses souvenirs, les brasse, les façonne et les refaçonne. Elle exprime sa colère devant LES SILENCES. Silence de la police, silence de la justice, du Mastodonte, silence de la famille, silence d'elle-même et déni de secrets familiaux.
Cette colère, elle pense la maîtriser, parfois, souvent même, elle lui échappe. Cette colère qui comme une longue maladie revient sans cesse. Et pourtant savoir n'est pas forcément un bienfait. On peut savoir et ne rien comprendre. Alors comment comprendre quand on ne sait rien ?
Ces silences qui nourrissent cette colère, colère d'impuissance. L'auteur est en danger, danger d'être prisonnière de cette douleur, de sa souffrance. Seule l'écriture peut la sauver. Très beau récit.
L'auteure, devra-t-elle revenir nous narrer l'issue de cette affaire ou alors préfèrera-t-elle garder pour elle ce passé ?
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« Ce samedi-là, il a fait beau » et c'est ce samedi-là qu'un inconnu entre dans le pavillon et la vie tranquille d'une septuagénaire qu'il roue de coups et laisse pour morte. Sur la table, des fleurs de lavande éparses pour les sachets que la vieille dame était en train de confectionner lorsque surgit la violence. Découverte par son fils et transportée à l'hôpital, elle décèdera de ses blessures six semaines plus tard.
Irène Frain s'empare de ce fait divers sordide parce qu'il la concerne de très près : la victime, Denise, était sa soeur aînée adorée quand elle était petite, sa soeur qui a rompu les liens, a pris ses distances avec sa famille.
Irène Frain « rumine et remâche », elle « fantasme sur le meurtre », s'interroge sur les raisons et sur l'identité du meurtrier. Elle décide de se renseigner sur les avancées de l'enquête mais elle apprend que le policier en charge de l'enquête n'a pas remis son rapport au tribunal, donc aucun juge n'a été saisi de l'affaire. Elle décide de prendre un avocat et de se constituer partie civile pour connaitre les avancées de l'enquête. Mais rien ne bouge. Elle doit aussi faire face au mutisme de sa famille.
C'est lorsqu'un ami lui dit « cette mort ne peut pas rester sans voix » qu'elle décide d'écrire sur Denise, symbole de tous ces invisibles qui n'intéressent pas grand monde. Pourtant, dans cette banlieue pavillonnaire proche d'une cité sensible et coincée entre zones commerciales et rocade, d'autres personnes âgées, isolées, ont été agressées et blessées. Irène Frain pose de vraies questions sur « la justice qui réduit les gens à pas grand-chose ».
Et voilà que, sous la plume sensible et alerte d'Irène Frain, revit la Denise d'antan, cette jeune fille gaie et intelligente qui deviendra professeur. Denise, admirée de tous et qui sera aussi la marraine de cette petite soeur à l'arrivée imprévue et qui dérange la mère.
Irène Frain se livre avec pudeur au décryptage des relations familiales jusqu'à la dépression de Denise et son éloignement. Puis viendra la rupture, douloureuse, avec la soeur tant aimée.

Dans ce récit autobiographique émouvant et prenant, on suit une enquête policière où on assiste, impuissant, à la lenteur de la justice, ce « mastodonte ». Mais les plus belles pages, à mon avis, sont celles qui font revivre cette soeur perdue de vue, la fée-marraine qui a enchanté l'existence de la fillette qu'était lors Irène Frain. Des pages sur les relations familiales avec une mise à nu bouleversante et pleine de retenue.
Un récit poignant qui garde vivant le souvenir de Denise l'invisible et qui m'a profondément touchée.


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