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3,51

sur 519 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce récit est froid car dénué d'empathie, d'amour et de chaleur humaine.

Il faudra attendre plus de soixante pages pour apprendre qui est cette femme âgée qu'on a violemment agressée un jour de septembre. Il s'agit de la soeur aînée de l'auteure. Soixante pages où le récit s'articule comme un fait divers sordide dans l'indifférence la plus totale. On ne sait qui est qui. Une femme au manteau bleu-noir, on n'en saura pas plus. le ton est tellement étrange dans cette absence de chaleur humaine que c'en est déroutant.

J'ai davantage apprécié la seconde partie où Irène Frain va doucement expliquer le lien qui l'unissait à sa soeur. Même si toute cette partie m'a beaucoup interpelée voire choquée. L'auteure parle avec douceur et admiration de sa soeur, sa marraine-fée. Pourtant voilà douze ans que les deux soeurs ne se sont plus vues. On veut comprendre. Au-delà de ce meurtre, de ce crime sans importance, c'est ce lien qui m'intéressait le plus. Et je vais aller d'étonnement en étonnement.

Tout est assez invraisemblable dans ce récit. La réaction d'un médecin, l'attitude de l'auteure, ça m'a fait froid dans le dos. Certainement que cette histoire est beaucoup plus complexe que les 260 pages que laisse entrevoir ce récit.

Ce ton tellement froid pour accentuer ce crime sans importance traité avec un laxisme déroutant ne m'aura pas convenu.

Vu les liens entre l'auteure et la victime, quelque chose ne sonne pas juste ici. Les années dans le silence, l'indifférence manifeste, ce récit m'a gênée et embarrassée.

Je lui accorde 2,5 ⭐️ ne fut-ce que pour l'écriture soignée de l'auteure et quelques passages qui m'ont touchée.

Décidément, je pense que les récits et les autobiographies ne font pas bon ménage chez moi. Les auteurs veulent certainement s'aider via l'écriture, éviter l'apitoiement et les sentiments dégoulinants, mais souvent tous ces récits me semblent bien froids et vides d'intérêt.
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Véritable « J'accuse », ce pamphlet dénonce les failles de l'appareil judiciaire lors de l'assassinat de la soeur ainée d'Irène Frain.
Agressée à domicile, cette retraitée est laissée pour morte par son agresseur et décède des semaines plus tard à l'hôpital. La police, s'appuyant sur un rapport du médecin légiste, n'enregistre pas ce décès comme homicide afin de ne pas alourdir les statistiques sur l'insécurité.
Le crime étant considéré comme sans importance, n'est pas confié à un juge d'instruction et reste l'apanage de la police. La famille est donc privée de toute information puisqu'il n'y a pas d'instruction.
La police ne fait pas le lien avec sept autres agressions comparables survenues dans le même lotissement et ne prend aucune mesure de protection … une huitième catastrophe en découle.
Scandalisée par le laxisme et l'indifférence de la justice, Irène Frain dénonce la déliquescence induite par cette situation kafkaïenne et par l'indifférence des élus et des médias.
Ce constat est factuel, glacial, instructif et couvre un tiers de l'ouvrage.
Révoltée par cette faillite, ravagée par la mort de sa soeur, Irène Frain hurle sa peine et se lamente au fil des chapitres. Ses larmes couvrent un second tiers de l'ouvrage que j'ai trouvé bavard, infantile et parfois indécent, même si sa souffrance est évidemment respectable.
Pire, le troisième tiers, dévoile les mystères et les secrets de famille en révélant les failles psychologiques de la victime, en accusant leur mère et en dénonçant l'emprise d'une église évangélique sur sa soeur et ses enfants. N'apportant strictement rien à l'analyse de ce « crime sans importance » ces remugles nauséabondes fragilisent l'ouvrage et salissent la victime.
Quel dommage de ne pas s'être limité à un « J'accuse » de soixante pages et d'avoir sombré dans un règlement de compte familial insipide !
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Je découvre l'auteure. Simplement parce qu'elle est « Goncourable » et que chaque année je sacrifie au rituel de chercher mon lauréat personnel. Ici, c'est une autobiographie lacunaire. S'inscrivant dans la grande mode de se raconter, il y a ici une originalité : il n'y a pas de matière romanesque et c'est cette absence qui forme l'ossature de ce roman.
C'est donc bizarre, et j'ai failli abandonner au bout d'une cinquantaine de pages. Demander au lecteur d'imaginer ce qui s'est passé sans jamais le savoir soi-même est certainement original, mais pas très affriolant. J'ai poursuivi néanmoins car c'est comme parcourir la moitié du gué, on se dit que c'est bête de faire demi-tour. Heureusement d'une certaine manière car cela se décante un peu dans la deuxième partie du livre. Il y a un petit côté Annie Ernaux dans cette description d'une ascension sociale telle qu'elle a existé dans les « trente glorieuses » et la fin du vingtième siècle en général. Mais on peut regretter un manque de substance tout de même et de clarté dans ses dénonciations. le gendarme : est-il la grosse feignasse suggérée ? La justice est-elle cette institution boursoufflée et inefficace ? La banlieue ?
Balancez sans retenue madame Frain ! (L'inverse marche aussi)
Dommage à l'heure où l'on vénère la liberté d'expression et qu'on l'érige en parangon de notre société idéale qu'elle ne se mette pas de manière plus évidente, plus affirmée, au service du peuple, des opprimés c'est à dire ici de Denise, la soeur de l'auteure. Si ce crime est ordinaire, alors il ne faut pas hésiter à hurler, à aiguiser sa plume !
A croire que plus on en parle, moins elle existe réellement !
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Quatorze mois après le meurtre de sa soeur, la narratrice s'interroge. le mystère reste entier, on ignore à quelle heure l'agression a eu lieu. Denise avait soixante-dix-neuf ans, elle était en parfaite santé. Elle était discrète, elle était invisible.

Avec des phrases courtes, comme des instantanés pris avec un appareil photographique, Irène Frain nous détaille peu à peu les circonstances de ce drame. L'emploi du temps de la victime dans les heures qui précèdent l'agression, le quartier tranquille, la petite impasse, la maison sans étage, le corps inanimé retrouvé le lendemain par son fils, le désordre dans la maison, les traces de coups sur tout le corps. Les obsèques, les paroles du pasteur, les témoignages des amis, des voisins.
Mais Denise, la victime, était une femme secrète, voire énigmatique, et nul n'a jamais percé son secret. Et le silence s'installe, comment comprendre quand on ne sait rien.

Et puis le lecteur apprend que la narratrice, la soeur de la victime, n'est autre qu'Irène Frain elle-même. le récit prend alors une autre tournure, il devient plus intime. L'auteur entreprend une réflexion sur notre monde mercantile, où la mort violente d'une vieille dame n'a que peu d'importance. Comment se battre contre l'inaction de la police, comment mettre en route le mastodonte de la machine judiciaire.

Irène Frain dresse un portrait rempli de sensibilité et d'amour de cette grande soeur, à qui tout réussissait. Elles ne se sont jamais disputées, Denise l'a toujours protégée, c'était son modèle, elle l'aimait, elle l'adorait. Souffrant du syndrome de Colombo, Irène va mener sa propre enquête, elle ignore tout de la vie de cette soeur bien-aimée de son mariage à sa mort. Elle va tenter de lui rendre vie, à défaut qu'on lui rende justice, ne pas la laisser sans voix.

J'ai vraiment aimé le style narratif de la première partie où la narratrice essaye de retrouver ce qui s'est exactement passé. La seconde partie où se dévoile peu à peu la personnalité de la victime m'a moins intéressé, cette dénonciation de la lenteur de l'enquête m'a semblé tourner en rond. Et les secrets de famille entourant la mystérieuse maladie de Denise sont un peu surfaits.


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Irene Frain a entrepris d'écrire un roman pour relater la mort de sa soeur aînée qui a été sauvagement assassinée.
Ce crime n'a semblé intéresser ni la police ni la justice. L'enquête a été bâclée. La justice ne s'est pas emparée de l'affaire, en effet, la victime étant décédée à l'hôpital plusieurs semaines après son agression, cela n'a pas été classé comme meurtre.
L'auteure s'était, avec le temps, éloignée de sa famille et voyait peu sa soeur et sa famille. Elle va se replonger dans ses souvenirs pour faire revivre cette soeur perdue qu'elle aimait , s'interroger sur leur passé commun , revivre des souvenirs de jeunesse et se questionner sur les raisons de leur éloignement. Elle dresse le portrait de sa soeur Denise, une femme cultivée qui était enseignante, mariée, divorcée, mère de deux enfants, qui souffrait à la cinquantaine de troubles bipolaires et qui a fini sa vie seule dans un petit pavillon de banlieue.
En arrière plan I. Frain dépeint le monde d'aujourd'hui avec ses banlieues deshumanisées en marge des villes, envahies de pavillons ternes et sans originalité pris en étau entre les rocades et les zones commerciales tentaculaires où les gens se ruent pour assouvir leur désirs consuméristes entretenus avec soin par les grandes enseignes.
Irène Frain a écrit ce roman pour exorciser sa peine et réhabiliter cette soeur perdue dont la vie et la mort ont semblées sans importance pour la société.
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J'ai fréquenté à de nombreuses reprises la plume d'Irène Frain (Devi, Beauvoir in Love, le nabab, Au royaume des femmes) et toujours, j'en ai apprécié la qualité et la diversité. Mais j'ignorais qu'elle avait produit des écrits plus personnels. Un crime sans importance en fait partie. Une non-enquête sur la mort par agression de sa soeur aînée Denise en 2018. Car l'investigation officielle par la justice traîne en longueur. Et Irène Frain se doit d'écrire sur la mort injuste et cruelle d'une personne ayant eu une grande importance dans sa vie d'écrivaine. C'est ce qu'elle affirme haut et fort, mais voilà, malgré ses réminiscences d'une enfant solitaire qu'on pressent mal aimée, sauf par la grande soeur Denise, Irène Frain ne dit pas tout. Pour que l'on comprenne bien le désarroi qu'elle ressent. Jusqu'à la fin, j'ai espéré un dévoilement, pour enfin appréhender son impuissance et tempérer ma frustration de lectrice. J'en suis restée sur ma faim. Dommage car c'est rudement bien écrit…
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Avis mitigé pour ce récit.
Irène Frain relate l'agression qu'a subie sa soeur ainée âgée de 79 ans dans son pavillon de banlieue. L'enquête de police n'avance pas et la mort de sa soeur Denise semble n'intéresser personne.
Alors l'auteur mène elle-meme l'enquête et évoque les souvenirs de sa soeur, sa personnalité.
Comme elle, je trouve extrêmement choquant que l'on n'ait toujours pas trouvé au bout d'un an l'agresseur de sa soeur mais le style froid, distancié ne m'a pas permis de m'intéresser vraiment à cette histoire. Je n'ai pas éprouvé d'empathie pour les protagonistes.
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« Un crime sans importance ».
Presque banal…
Un de plus, sans témoins, entouré de silences, de non-dits, de peu… d'importance.

C'est sans compter la souffrance des proches, leurs interrogations, leur révolte.
Quatorze mois après les faits, Irène Frain s'interroge sur la mort de sa soeur « massacrée ». La brutalité des termes dit tout sur le calvaire qu'a dû vivre cette femme d'apparence calme, méfiante, presqu'asociale.

C'est une bataille que livre l'auteure (temps long pour obtenir des réponses, contradictions, anomalies de la police, rapport toujours reporté, etc…).
Cette bataille la ronge et c'est l'écriture qui lui permettra d'éclaircir le trouble qui entoure sa démarche.
Bataille sociale, bataille intérieure, retour sur le passé familial et relationnel avec cette soeur aimée, à la fois proche et lointaine.

Une écriture qui délivre et livre avec pudeur le combat pour le droit de comprendre, le droit de savoir, le droit à une enquête et une justice probes.

Ce livre est un cri pudique qui interpelle et demande simplement que justice soit faite, que l'humanité la plus élémentaire soit et que l'écheveau dans lequel se débattent les proches de victimes se dénoue en étant entendus.
Tant de temps sans réponses, tant de chemins sinueux, tant de portes fermées, cette recherche est un calvaire.
Ce livre en est le témoignage prenant, surprenant et lucide.
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Denise, une femme de 79 ans est sauvagement agressée à son domicile et meurt de ses blessures à l'hôpital. Sa soeur, plus jeune de onze ans n'est avertie que tardivement par sa famille proche et assiste néanmoins à son enterrement. Une grande complicité a lié les deux soeurs pendant leur jeunesse, puis elles se sont perdues de vue suite à des difficultés relationnelles avec la famille. Interloquée par la négligence des services de police et de la justice sur une enquête inexistante, elle tente d'en reconstituer le fil et affronte le « mastodonte ». Les affaires de famille resurgissent et les moments forts qui éclipsent les longues séparations inexpliquées rendent un hommage posthume à la « fée marraine ».
L'auteure nous livre une belle évocation de son histoire familiale et des méandres de la police et de la justice peu accessibles au citoyen.
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« Fait divers : événement sans portée générale qui appartient à la vie quotidienne ». Comment peut-on associer un meurtre à un tel terme, suivi d'une telle définition ? Et pourtant c'est bien dans la colonne « faits divers » d'un journal que l'on en trouvera les obscures détails. Ce terme m'a toujours choquée par la manière qu'il avait de minimiser l'impact d'événements dramatiques, cette onde de choc qui terrasse victimes et proches.


La vie d'Irène Frain a été marquée par l'un de ces sordides faits divers. Sa soeur Denise a été sauvagement assassinée chez elle, un soir alors qu'elle était toute seule dans sa maison. Son crime loin de passionner les foules n'est même pas parvenu à mobilier la justice. L'auteure découvrira que la mort de Denise n'est qu'un dossier parmi tant d'autres, un crime sans importance pour ceux qui passent leur journée à enquêter et à statuer sur des faits du même acabit. Dans son récit, l'auteure évoque tour à tour ses rapports avec cette soeur qu'elle n'avait pas vue depuis des années, se pose la question de sa légitimité en tant que proche d'une victime dont elle n'était en réalité plus s'y proche que cela, s'insurge de la lenteur de la justice (« le temps de la justice n'est pas le vôtre » : toute personne qui aura déjà eu affaire à la justice aura entendu ces mots de la bouche de son avocat), se persuade qu'elle ira jusqu'au bout, pour elle et surtout en mémoire de Denise.

Tout se mélange dans ce récit qui a bien un début - l'assassinat de Denise - mais pas de fin car quelle fin espérer quand la mort a pénétré chez vous ? Celle d'une décision de justice tant espérée mais qui ne peut tomber en l'absence d'un coupable, faute d'enquête sérieuse, faute de mobile ? Pourquoi Denise a-t-elle été assassinée ? Par qui ? Ces questions obsèdent Irène Frain et l'amènent à hurler sa colère car ces questions devraient aussi intéresser la justice, elles devraient la préoccuper autant qu'elle. Trouver le coupable, le mettre derrière les barreaux c'est son rôle après tout mais tout le monde s'en fout, de Denise, d'elle, de ce crime impuni. Voguant de secrets de famille en pamphlet contre l'appareil judiciaire, l'auteure se libère d'un poids à travers son récit. le lecteur est témoin de sa déroute et de ses doutes autant que de son deuil qu'elle ne peut parvenir à faire tant que toute la lumière sur cette disparition n'aura pas été faite. Alors tel un exutoire, Irène fait ce qu'elle sait faire de mieux : écrire sa douleur et sa peine, coucher sur papier sa colère, témoigner de l'injustice flagrante qui touche toutes les familles dans son cas.

Un crime sans importance est un texte tellement intime qu'il en devient presque dérangeant pour le lecteur qui n'aura pas vécu une expérience aussi terrible. Un peu comme avec Un dimanche matin de Johanne Rigoulot je me suis sentie de trop, pas à ma place, pas vraiment touchée par l'épreuve que traverse l'auteure alors que découvrir ce texte en version audio, lu par Marianne Denicourt, aurait dû créer une proximité supplémentaire avec celle-ci. J'ai un peu de peine à l'écrire mais je n'ai pas réussi à faire mienne son histoire, je ressors donc assez mitigée de cette lecture même si je comprends très bien le besoin de l'écrire qu'a pu ressentir Irène Frain.
Lien : https://www.lettres-et-carac..
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