Une plongée dans les vieilles traditions canadiennes au 19e siècle lors de rudes hivers!
Chaque histoire débute quasiment la veille de Noël et chaque réveillon prend un sens singulier aux yeux des personnages présents. Il s'agit de souvenirs, de réminiscences de cette fête où les enfants sont rarement absents. Une certaine magie émane de cette période que l'auteur relie fortement à la foi chrétienne. Plusieurs fois il nous offre des cantiques chantés par les personnages qui ne manquent guère d'assister à la Messe de Minuit avant d'aller manger des croquignoles.
Cela fait un bien fou de se plonger dans cette fête loin du consumérisme actuel !!! Avec ce livre on en est très loin : il s'agit plutôt des croyances, des bons sentiments, de sortes de miracles pour celui qui croit.
J'aime les descriptions des tempêtes tellement différentes de celles qu'on a pu connaître en France, sous un autre climat, même en ayant connu de rudes hivers ! J'aime la joie simple des personnages, la naïveté innocente des enfants.
Le style est assez composite avec des accents littéraires forts puis par moment des phrases bien plus courtes et également des dialogues mêlant un certain patois.
Ce livre est une parenthèse bienvenue sur une époque révolue dans une contrée différente.
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La bûche de Noël
Grand’mère, un conte, dis !
– Un conte, grand-mère !
– Un conte de Noël !
– Le conte de l’homme dans la lune, tu nous l’as promis.
Et les mignonnes têtes blondes et les mignonnes têtes brunes, la bouche ouverte et les yeux éveillés, vinrent se grouper autour de la berceuse de grand-maman, qui, ses lunettes sur le nez, après avoir humé une légère prise de tabac d’Espagne, prit son tricot, jeta autour d’elle un coup d’œil circulaire qui amena un doux et bon sourire sur ses lèvres ridées, déposa son peloton de laine dans le tablier du plus petit, fit rapidement jouer ses aiguilles à tricoter au bout de ses longs doigts fuselés, puis commença d’une voix un peu chevrotante :
– C’était donc une fois, mes enfants...
Alors il y eut un remue-ménage dans tout le cercle des jeunes auditeurs. Chacun se trémoussa un peu sur sa chaise ; les plus grands toussèrent ; les plus attentifs se penchèrent en avant, les coudes sur les genoux et le menton dans les deux mains ; puis le silence se fit et chacun se mit à écouter de la bouche, des yeux et des oreilles.
– C’était donc une fois, mes enfants, reprit la bonne vieille en poursuivant son tricotage, un vieux château bien vieux, bien vieux, et aussi bien sombre et bien seul, bâti au flanc rocailleux d’un coteau couronné de grands chênes, et qui s’appelait le château de Kerfoël.
Louis-Honoré Fréchette – Novembre