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EAN : 9782707192561
288 pages
La Découverte (20/09/2018)
4.22/5   9 notes
Résumé :
En 1914, Louis Barthas a trente-cinq ans. Tonnelier dans son village de l’Aude – Peyriac-Minervois –, il est mobilisé au 280e d’infanterie basé à Narbonne. Il fera toute la guerre comme caporal. Il connaîtra le secteur sinistre de Lorette, Verdun, la Somme, l’offensive du Chemin des Dames ; la boue, les rats et les poux ; les attaques au-devant des mitrailleuses et les bombardements écrasants ; les absurdités du commandement, les mutineries de 1917, les tentatives d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Louis Barthas, soldat mobilisé de 1914 à 1918 tenait un journal de tranchées. Une fois la guerre finie, démobilisé, il mettra ses écrits au propre, sans jamais chercher à les diffuser ou les rendre publiques. Ce n'est qu'à partir de 1977-1978 que ses écrits vont refaire surface et connaître une diffusion plus large. de là, tous les patriotes et militaristes crieront au scandale et à la falsification ; mais les témoignages affluent et concordent, ce que Barthas mentionne ne fut pas isolé, partout les soldats exécraient la guerre et leurs dirigeants bornés, souvent ils cherchaient à éviter le combat, parfois ils fraternisèrent avec des soldats allemands victimes des mêmes fous militaristes.
Car c'est là un récit profondément antimilitariste, pacifiste et humaniste que nous livre Louis Barthas. le lecteur sera effaré par les décisions militaires ineptes et leurs conséquences sur les simples soldats ; de la prise coûte que coûte (en vies humaines) d'une bande de terres, à la mauvaise gestion de l'artillerie (pilonnant et tuant dans ses propres rangs) en passant par les ordres et contre-ordres et les mensonges aux hommes dans l'espoir qu'ils ne découvrent le contenu de leurs ordres qu'au dernier moment, trop tard pour reculer.
Voici pour les Carnets de guerre de Louis Barthas, dont nous trouvons ici une adaptation en bande dessinée. C'est, pour le coup, un véritable roman graphique où il n'y a quasiment aucun dialogue mais les extraits du roman éponyme sur plus de 270 pages d'un ton sépia et d'un dessin crayonné très expressif.
Le côté graphique apporté par l'adaptation permet au lecteur de visualiser un texte parfois difficile à suivre tant les mouvements de troupes sont nombreux et les nuances militaires obscures (on se demande bien pourquoi les "informations historiques nécessaires [pour que le lecteur soit] équipé pour suivre l'écrivain et son dessinateur" ont été placées en fin du livre et non au début... car tout le monde ne comprendra pas forcément (et n'ira pas se renseigner) sur les grades militaires ou l'argot de la guerre, et, pour ceux-là, la lecture sera d'autant plus laborieuse.
Bref, un récit adapté remplissant l'objectif de montrer les horreurs et l'absurdité de la guerre, mais d'une densité telle qu'il ne correspond pas aux canons de la BD et doit être appréhendée d'avantage comme un roman illustré.
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Un seul mot : incontournable !
Je pourrais multiplier les adjectifs, mais vraiment, cet ouvrage est à mettre dans toutes les bibliothèques. Aussi bien pour les amateurs de littérature que pour ceux qui s'intéressent à l'histoire, ou bien encore pour les fans de BD.
De quoi s'agit-il ? D'un roman graphique, donc de l'adaptation ou de la mise en images d'un texte littéraire. Ici, Alan Fredman (que je découvre) met des couleurs et des images sur les Carnets de Guerre du soldat Louis Barthas. Un homme qui, comme tant d'autres, a quitté sa famille, son travail, son village en 1914 pour aller s'enterrer quatre longues années dans les tranchées qui sillonnent le nord du pays, de l'enfer de Verdun au Chemin des Dames, de l'Artois à la Marne.
Louis Barthas, comme d'autres poilus, a tenu un journal de guerre. Ce sont les extraits de ce journal qui servent de support au travail de Fredman. J'ai souvent lu, étant enseignant d'histoire-géographie, des témoignages de poilus. Mais je suis ressorti de cette lecture particulièrement frappé par deux aspects : la qualité de l'écriture de cet homme d'une part, et d'autre part son discours, à la fois lucide et très engagé (pacifiste et antimilitariste) dès le début du conflit. Ce qui n'a pas empêché Louis Barthas de combattre avec loyauté durant le conflit.
Et que dire de la mise en images ? Fredman fait le choix d'une unité de ton, très sépia, qui rappelle les photos jaunies que l'on peut trouver dans nos vieux livres d'histoire ou de celles que nos anciens pouvaient ressortir du fond d'un tiroir pour parler de la der des Ders. Avec, lorsque Barthas retourne chez lui en permission, dans son village de l'Aude, des tons bleutés qui apportent une forme d'apaisement, comme un répit au milieu de la folie des hommes, cette folie que ne cesse de dénoncer Barthas dans son témoignage, cette omniprésence de la mort qui rôde, avec le caractère parfois oppressant de certaines vignettes de Fredman, quand tout au long des planches apparaissent à plusieurs reprises des oiseaux noirs de bien mauvais augure, et qui semblent attendre patiemment pour se repaître de chair fraîche ...
Un ouvrage à découvrir et à faire découvrir. Et moi qui ne jurai que par Tardi et ses ouvrages multiples sur la Grande Guerre, de "C'était la guerre des Tranchées" à 'Putain de guerre", il n'est pas impossible que je lui fasse une petite infidélité lorsque l'an prochain, je proposerai à mes élèves de troisième de travailler sur la Première Guerre mondiale à partir de la bande dessinée.
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Louis Barthas était un homme pacifiste et humaniste. Quand la Première Guerre mondiale est déclarée, il se voit incorporé malgré lui dans un conflit terrible.

C'est un document riche en détails sur les faits historiques. Les dates, les lieux, les petites anecdotes : il est d'une précision chirurgicale.
Mr Barthas dénonce également les conditions de vie de ces hommes, la hiérarchie militaire et les gouvernements. Toutes ces choses qui ne pouvaient pas être dites à cette époque, ni dans les années 1950 apparemment, mais qu'il consignait scrupuleusement dans ses carnets.
Son témoignage est fort. C'est comme un cri de désespoir et d'incompréhension.

Les graphismes d'Alan Fredman sont d'un réalisme frappant. Le choix des teintes de couleur, un peu mornes, fait écho à la boue, aux conditions physiques et morales des soldats et au deuil permanent.
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Mois après mois, le caporal Louis Barthas raconte les principaux épisodes de cette longue et infernale guerre que fut "la der des ders".
A l'issue d'une brève et bienvenue présentation de l'homme et de la genèse de ses carnets, commence le récit illustré de ce qu'a vécu Barthas dans les tranchées, "de l'enfer au purgatoire et du purgatoire à l'enfer". Il y a beaucoup de textes, cependant l'écriture est prenante, et riche en tension et suspens dans les moments d'action. A l'effervescence de la mobilisation ("ces gens inconscients ont plus d'enthousiasme que de désolation") succède rapidement la réalité du quotidien de ceux "voués au sacrifice", qui s'enlisent rapidement dans une "lutte d'usure". le fracas des obus, les pluies torrentielles qui noient les boyaux, la boue qui recouvre de la tête aux pieds, le froid mordant qui empêche de dormir, le "spectacle de désolation" que présentent les hectares de "terre convulsée, bouleversée", celui des charniers humains puants et infestés de rats maneurs de cadavres... Rien n'est épargné au caporal et son escouade, ni au lecteur, à travers ces larges vignettes à dominante brune.

Mais pour Barthas, ce n'est pas le pire. le pire, c'est "le boniment patriotique". Celui des communiqués officiels qui enjolivent une situation partout déplorable et entretiennent les civils dans l'illusion d'une domination française. Les tromperies odieuses des officiers qui mentent aux hommes pour être sûrs d'être obéis (comme dire qu'on est relevé alors qu'on part au front...). Des ordres incohérents voire stupides de la part de dirigeants planqués ("bien au chaud, le ventre plein") et souvent incompétents ("Je me refuse à exposer inutilement la vie de mes hommes"). Barthas l'antimilitariste socialiste ne mâche pas ses mots - qu'il manie très bien - et a bien failli en perdre ses galons. Peu importe, il tient à dénoncer la "mesquine tyrannie" de ses supérieurs ("faussaires, menteurs, lâches") pour qui "nous n'étions que des bêtes de somme" ("c'était révoltant"), et à témoigner que sur le terrain, "la vérité était tout autre".

Heureusement il y a les élans de fraternité entre soldats, y compris allemands, "preuve que cette horrible guerre a été déchaînée contre le consentement des peuples". Et après quatre hivers de "fatigues, souffrances, dangers", le caporal Barthas, épuisé physiquement et moralement, est évacué pour la toute première fois. Ce que l'on retiendra au fil de ses anecdotes, c'est le courage de tous ces hommes durant leurs "54 mois d'esclavage". Et tandis que l'on referme ce témoignage précieux, on a une dernière pensée pour ces "sacrifiés sans pitié" à qui l'on doit tant... à commencer par le maintien de la paix, à tout prix.
Lien : https://www.takalirsa.fr/les..
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critiques presse (1)
Bibliobs
17 décembre 2018
Le dessinateur offre une adaptation graphique tout en bichromie sépia, qu’on pourrait penser peinte avec la «boue sanglante» des tranchées. Une œuvre à hauteur d’homme, quand elle ne se penche pas plus bas encore, dans cette terre détrempée où les rats côtoient les cadavres. Magistral.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Et que nos grands chefs, nos dirigeants ne s'illusionnent pas pas : s'il n'y avait pas eu entre les tranchées une distance raisonnable, s'il n'y avait pas eu une barrière de fils de fer épineux c'est partout que les mains se seraient tendues, preuve entre mille que cette horrible guerre a été déchaîné contre le consentement des peuples. La génération future frappée de stupeur, déconcertée par cette folie sanguinaire universelle apprendra-t-elle par quelque plume autorisée ces gestes de fraternité qui sont comme une protestation de révolte contre le sort fatal qui mettait face à face des hommes qui n'avaient aucune raison de se haïr ? Pour l'honneur de notre génération, de la civilisation, de l'humanité, que ceux qui nous suivront en aient la révélation, ce sera pour les uns réconfort, pour les autres un exemple, une leçon, un avertissement sur le danger de déchaîner une nouvelle guerre.
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Que ce fussent deux frères, ou deux amis, deux étrangers, qu'est-ce que cela pouvait faire aux indifférents ? Mais s'imagine-t-on un père, une mère ayant deux enfants, leur espoir, leur secours dans l'avenir, dans leur vieillesse, sur qui nuit et jour allait leur pensée et qui tout d'un coup apprendront la brutale nouvelle, la mort horrible de leurs deux enfants ?
Qu'on aille parler de gloire, de victoire, de patrie à ces pauvres vieux, ils se demanderont si vous n'insultez pas leur douleur.

[p224]
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[...] et l'on eut alors ce singulier spectacle : deux armées ennemies face à face sans se tirer un coup de fusil. La même communauté de souffrances rapproche les cœurs, fait fondre les haines, naître la sympathie entre gens indifférents et mêmes adversaires. Ceux qui nient cela n'entendent rien à la psychologie humaine.
Français et Allemands se regardèrent, virent qu'ils étaient des hommes tous pareils. Ils se sourirent, des mains se tendirent et s'étreignirent, on se partagea le tabac, un quart de jus ou de pinard.
[...]
Qui sait ! peut-être un jour sur ce coin de l'Artois on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient l’horreur de la guerre et qu'on obligeait à s'entretuer malgré leur volonté.
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Depuis quelques jours le communiqué était d'une banalité déconcertante : rien à mettre sous la dent, je veux dire devant les yeux des stratèges en chambre, des journalistes, des badauds, de tous ceux qui croyaient au communiqué comme à une parole d'évangile. Pensez donc, quelle aubaine ! la prise d'une ville de quatre mille habitants ! Aussi, triomphalement, le communiqué du lendemain annonça à la France et au monde entier : "... qu'après un brillant combat la ville de Vermelles et le Rutoire étaient tombés entre nos mains ..."
Evidemment on ne pouvait pas avouer qu'on avait occupé simplement une position abandonnée par l'ennemi qui s'était replié sur une autre de meilleure. "A vaincre sans péril on triomphe sans gloire", mais que penser de ce qualificatif de "brillant" inséré dans le communiqué !
Comme si après un combat, si brillant soit-il, il n'y a pas des têtes et des poitrines trouées, des ventres crevés, des lambeaux de chair arrachés, meurtris, écrasés. Quel cynisme, quelle mentalité de ceux qui rédigeaient le communiqué ; oser dire : "après un brillant combat" !
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Je constatai qu'à l'arrière régnaient un optimisme béat et une confiance absolue sur la prompte et victorieuse fin de la guerre. C'était l'oeuvre néfaste des journaux mensongers, le mot d'ordre unanime était : "Jusqu'au bout !" Quel aveuglement ! Quelle mentalité ! En vain quelques blessés, les permissionnaires qui n'étaient pas embusqués essayaient de combattre cet enthousiasme déconcertant, cet état d'esprit stupide ; rien n'y faisait. Seules des mères, des épouses tremblaient, souffraient mais en silence.
On avait la sensation d'être sacrifiés et que nos souffrances sans nom n'étaient pas comprises et ne troublaient nullement la douce quiétude de la vie de l'arrière.
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