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EAN : 9782954114057
545 pages
Jo Frehel (11/02/2019)
4.5/5   8 notes
Résumé :
Au milieu du XVIIe siècle, le continent qui deviendra l'Australie n'est pas encore cartographié.
Dans Amsterdam à son apogée, un seigneur de la Compagnie des Indes envoie une petite troupe sur ce territoire inexploré qu'on appelle Nouvelle Hollande.
Son homme de confiance, un mutin repenti, un pasteur, une fille travestie en mousse, une servante intrépide, et quelques matelots, sont débarqués sur le rivage de ce territoire inconnu.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Une très belle rencontre au salon du livre indépendant à Lyon le 1er juin 2019.

L'auteur de ce roman, est une femme instruite, engagée et passionnée qui connaît l'Australie, où elle se rend plusieurs mois par an.
Elle a été séduite par les Aborigènes et essaye de comprendre et d'apprendre leurs coutumes.
L'idée d'un livre sur ces peuples a germé bientôt : sous quelle forme ? Une biographie d'une indigène était impossible car les notions de temps (passé, futur…) et de réalités-rêves sont totalement différentes de celles de nous, occidentaux.
Alors, Jo Fréhel s'est tournée vers le style romanesque tout en gardant la rigueur historique et ses connaissances acquises en Australie.
Elle décrit l'arrivée des Hollandais au XVIIe siècle dans cette terre australe (qui était inconnue par les cartographes de l'époque) et la confrontation avec les Arborigènes.

Un très beau roman, très bien documenté, retraçant au-delà de l'Histoire, avec un grand H, une très belle romance.
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Gerritz aurait aimé échapper à la VOC, la puissante organisation hollandaise qui sillonne les mers du XVIIième siècle. Mais il est contraint d'accepter une dernière mission : retrouver un enfant rescapé, Wouter, d'une tuerie en terres australes.

Nyiki est blanc parmi les aborigènes et pourtant, il se sent investi d'un pouvoir particulier. Il doit aussi trouver le sens de ce rêve étrange où une femme lui laisse un message maternel énigmatique.

Ces deux hommes sont pris dans les filets d'intrigues de leurs mondes respectifs. On y trouve Jason, le valet, qui voue à Wouter une fidélité hors du commun, Zwaantie, qui masque sa féminité afin d'embarquer en tant que mousse, Nomi, amoureuse de Nyiki et mère de leur enfant et qui ne peut pas devenir sa femme, Aimelise, prête à donner son corps pour accéder à un statut respectable.

L'auteure nous fait découvrir tour à tour les rites aborigènes et les traditions rigoristes d'un occident tenu par la peur du diable, puis les confrontent. L'habillement les oppose, les aborigènes montrant jusqu'à leurs 'parties indignes' ; certains interdits leur sont communs, comme le cannibalisme, redouté de part et d'autre.

Issue de l'édition indépendante, cette fresque impressionne tant par l'évolution de personnages divers que par la précision culturelle, historique, et géographique des éléments qui constituent une histoire aux multiples ressorts.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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Dire que l'auteure de « Terra Australis » est une spécialiste incontestée des moeurs et des croyances des aborigènes d'Australie est un euphémisme. Plutôt que de rédiger un ouvrage qui risquerait de n'intéresser que ceux qui sont déjà concernés par la matière, elle a choisit d'en faire une oeuvre de fiction. Gageons qu'elle aura donné envie à ses lectrices et lecteurs de partager sa passion.
L'histoire qu'elle conte avec talent mêle habilement sentiment et action. L'aventure au bon sens du terme. Je ne résumerai pas cet imposant pavé car résumer est amputer l'oeuvre. La quatrième de couverture suffit pour mettre l'eau à la bouche.
Dans ce genre de roman, la principale difficulté consiste à rendre crédible le langage utilisé par des personnages qui s'exprimaient dans un idiome sommaire limité à l'expression orale. le lecteur doit admettre une fois pour toutes la licence que s'autorise l'auteure et faire abstraction des anachronismes qui en découlent. C'est un vrai roman d'aventure dans la plus pure tradition du 19ème. On se surprend à évoquer à la fois Jack London, Daniel Defoe, Rafael Sabatini, voire même Eugène Sue. Construit comme une voie de chemin de fer qui nous mènerait vers l'inconnu avec deux rails parallèles, les deux récits se déroulent aux antipodes l'un de l'autre. On devine qu'ils sont faits pour se croiser et se mêler, mais quand et comment ? La tenue en haleine est soutenue tout au long du roman. Les portraits des personnages sont taillés au couteau. Aux pires d'entre eux se mêle du bon. Ils traversent les siècles car l'homme d'aujourd'hui est le même que celui d'hier.
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Une fresque historique magnifique !
Je suis sous le charme du roman écrit par Jo Frehel. Si je pouvais lui mettre plus de 5 étoiles, je le ferai !
Elle m'a embarquée dans une aventure qui m'a emmenée de la Hollande à l'Australie au XVIIème siècle.
Un voyage dans le temps et dans l'espace mené de main de maître par l'auteure. L'écriture est tout simplement splendide : descriptions, rebondissements, dialogues, émotions, sentiments, traditions, références historiques…tout est là pour vous faire passer un bon moment tout en faisant réfléchir sur le rôle des Européens sur la situation passée et actuelle des Aborigènes. Et la mise en scène qui nous fait entrer tout à tour dans les deux mondes que tout parait séparer (et pourtant !) est habile
Le discours n'est pas pour autant manichéen : l'homme, qu'il soit hollandais ou aborigène est complexe, régi par son environnement et son éducation.
J'imagine aussi derrière les mots un long et passionnant travail de recherches historiques et culturelles que l'auteure a su instiller dans son texte de façon fluide, tout parait si réaliste et vivant.
Je ne taris pas d'éloges et je n'ai qu'une envie, lire la suite « La route de Batavia » sachant que les deux tomes peuvent se lire comme deux romans séparés.
Merci Jo Frehel !
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Une superbe odyssée
De la Hollande à l'Australie, au XVIIe siècle, l'auteure nous conte l'épopée de Gerritz, matelot embauché par un riche marchand pour une mission étonnante. L'auteure a effectué un travail de recherche exceptionnel, qu'elle combine à sa plume parfaite nous plonger littéralement dans le Rêve des aborigènes et dans la vie épouvantable des marins de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales. Au fil du récit le lecteur peut confronter croyances, relations aux autres ou encore place des femmes dans ces deux mondes si distants : si les aborigènes sont qualifiés de sauvages pas les découvreurs de ce nouveau monde, il est clair que ce sont les hommes blancs les véritables barbares. On suit les protagonistes de ces histoires croisées sur la mer déchaînée, ou au milieu du bush brûlant. de l'aventure, du suspens, des sentiments, savamment dosés pour tenir le lecteur en haleine de bout en bout. La galerie de personnages est superbe, leurs craintes et leurs espoirs rendent encore le récit plus prenant. Et entre les embruns et le tintement des pièces d'or, on sent le souffle de Stevenson. le souffle de la grande aventure ! Splendide.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les deux anciens entraînèrent Nyiki dans une anfractuosité dont les parois étaient ornées de peintures. Il en fut ébloui, ces motifs très élaborés parlaient à son âme, pourtant ils ne ressemblaient en rien à ceux que les gens du désert lui avaient appris à tracer. Des formes humaines massives, aux épaules larges, le fixaient de leurs gros yeux ronds et leur tête rayonnait. Ils n’avaient pas de bouche. À leurs côtés s’éparpillaient de petites silhouettes humaines et animales, noires et longilignes.
- Les esprits ancestraux vivent dans la pierre dit Oruncha, le quartz est leur enfant… Ceci est un lieu secret, ici nos ancêtres chamanes ont collecté les quartz depuis des générations.
Il s’accroupit, une jambe repliée sous lui et, fermant les yeux, passa sa main brune et noueuse sur les cailloux qui l’entouraient. Le geste était sensible et presque voluptueux, comme si les morceaux de roche étaient des êtres vivants. Il soupesait chacun et parfois il avait pour lui un mot affectueux : « Toi tu es grosse, mais pas encore prête… » ou bien : « Toi, tu seras excellent en ton temps ». Finalement il en saisit un, le prit à deux mains tendrement, et ouvrit les yeux. C’était une pierre toute semblable aux autres. Les pupilles du vieil homme brillèrent de contentement et se fixèrent sur le garçon, il eut un sourire entendu :
- Le cristal vit à l’intérieur de celui-ci comme le Rêve dans ton esprit. Son essence a été préparée dans le temps sacré, à présent il est prêt à naître.
D’un geste vif il la frappa avec une autre pierre, elle se fendit en deux et les cristaux étincelants apparurent. Le jeune homme émerveillé regarda le vieux chamane accoucher la matrice minérale de la pierre magique. À petits coups précis, il débarrassa complètement le cristal de sa gangue. Il resta un petit morceau de quartz très pur qu'il mit dans le soleil. La pierre étincelante diffracta la lumière. Il la tendit à Nyiki.
- Ce cristal est pour toi, lui dit-il, pour fortifier ton lien avec le monde sacré.
Le visage du jeune homme rayonna, il prit l'objet respectueusement, le serra longtemps dans sa main, sentit sa pulsation, puis il le mit dans une petite sacoche qu'il portait autour du cou. Il lui sembla avoir enfin trouvé sa place. Oruncha considéra son étrange physique, ses yeux très ouverts couleur du ciel, ce nez étroit que l’os passé dans le septum élargissait à la base. « Sa différence l’affermira » pensa-t-il.
- Tu dois connaître une autre chose que nous, les nyangkaris, ne révélons à personne… Suis-moi.
Les trois hommes reprirent leur marche au sein de l’immense cirque de pierre. Nyiki était impressionné par la majesté du site, autant que par les secrets qu’on lui révélait, il se sentait petit et indigne. Il y avait de nombreuses failles dans la falaise et il comprenait que c’était là la demeure des esprits, ceux qui dormaient dans la roche et dont l’image peinte était dévotement entretenue par des générations d'initiés. Oruncha s’arrêta devant l’une de ces fissures, elle était à flanc de falaise. Il demanda que l’on ramasse quelques feuillages secs et y mit le feu. Pendant que l’amas de branches brûlait, Oruncha chanta. Il demanda la clémence des esprits pour ceux qui allaient pénétrer dans leur demeure. Puis les trois hommes se mirent à escalader la falaise. Oruncha peina et ses deux compagnons durent l’aider. Ils se faufilèrent dans l’étroit passage et se retrouvèrent dans une obscurité presque totale. Au début, leurs yeux éblouis ne discernaient rien, puis Nyiki vit qu’ils étaient dans une petite grotte aux parois peintes de ces mêmes figures sans bouche et aux orbites vides qu‘il avait déjà vues sur les rochers. Il avait peur mais s’appliquait à n’en rien montrer. Oruncha le prit par la main et l’entraîna tout au fond de l’excavation. Entre les pierres, quelque chose captait le peu de clarté. Il se pencha et vit qu’il y avait là, en grand nombre, de ces petites pierres dorées rondes, plates et brillantes qu’il voyait pendre au cou des faiseurs de pluie.
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Et l'enfant parut, naissant avec le jour, se tortillant, tout luisant dans la clarté de l'aube.
Immédiatement elle coupa le cordon avec ses dents. Puis elle souleva le bébé d'une main, et de l'autre enterra le placenta. Nomi, épuisée, se laissa glisser sur le sol.
- C’est un garçon, souffla Nagarankura
- Donne-le moi, dit Nomi
Mais l’autre avait encore beaucoup à faire avec le nouveau-né. Elle l’emmena à l’écart, hors de la vue de sa mère, et fit courir ses mains sur son corps des pieds à la tête. « Un bel enfant » pensa-t-elle et le poids qui pesait sur sa poitrine disparut. Après quoi, elle alimenta le feu de tjanpi et tint le nourrisson un moment dans la fumée. Il poussa son premier vagissement.
- La fumée est comme l'existence spirituelle qui précède et suit la vie, la cendre est ce qui reste de la vie, prononça-t-elle à voix basse comme si le bébé pouvait déjà la comprendre, puis elle l’enduisit de cendre qui, sur le petit corps encore humide, forma une pellicule blanche.
L’ayant déposé dans un pitchi, elle coupa le cordon ombilical avec un couteau de pierre et le torsada pour en faire un collier, établissant le lien spirituel avec l'Ancêtre Kalaya qui lui donnait la vie.
Elle le reprit dans ses bras et souffla dans ses narines le nom sacré de son totem, puis elle lui sourit, enfin joyeuse. Après quoi elle replaça l’enfant dans le pitchi qu’elle déposa auprès de Nomi.
- Grand-mère, demanda celle-ci avec un peu d’inquiétude, comment dois-je faire ?
- Souviens-toi de la femelle malu, répondit la Vieille, et tu sauras.
Nomi, toujours appuyée contre le tronc qui l’avait aidée à accoucher, prit alors le bébé contre sa poitrine et s’endormit, la vieille femme veillant sur eux.
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Au sud du Portugal, les navires trouvèrent les alizés qui les portèrent au large des côtes d‘Afrique. Ils lâchèrent toutes leurs voiles et, penchés par la houle, ils furent comme trois grands oiseaux blancs volant vers les mers australes où, dans l’imaginaire de chaque passager, vivaient des monstres aquatiques et des peuples de géants. On quittait le monde connu dont la limite était symbolisée par cette ligne équatoriale que d’aucuns se représentaient comme un trait dans le ciel ou au fond de la mer. Au-delà commençaient l’inconnu, le sauvage, l’indompté, le païen, dont on ne serait libéré, si Dieu le voulait, que dans six mois au moins, en abordant cette Hollande du bout du monde, ce pays de cocagne qu’était, à ce qu‘on disait, la ville de Batavia. En même temps on quittait l‘hiver européen.
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Abraham Gerritz avait le charme exotique. Noir de poil, sombre de peau, il portait, coquetterie de marin, les cheveux longs et bouclés jusqu'au milieu du dos. Il n'avait pas encore trente ans mais son visage mature témoignait d'une vie passée sur le pont des navires. Sa peau cuite par le sel et des soleils trop ardents avait pris la couleur des pots de terre, et son sourire facile s'efforçait de faire oublier les outrages du scorbut.
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Aussitôt arrivée, Nomi répandit quelques poignées de graines sur une large pierre plate et sortit la meule de sa cachette. C'était une jeune épousée et ses aînées la laissaient prendre sa place, dans la tribu, effectuer cet acte ancestral, réservé aux femmes sages, les kungkas, qui, depuis la nuit des temps, savaient transformer de simples graines en délicieuses galettes.
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