La course automobile

On me demande souvent si j'ai peur quand je suis dans une voiture pilotée par Stirling Moss et que nous roulons à 275 à l'heure. Je fais toujours remarquer que, si la peur me prenait, je ne la laisserais pas faire. Grâce à une longue et intensive étude des sports mécaniques en général et de la course automobile en particulier, il y a peu d'événements ou de situations que je ne puisse faire entrer dans un catégorie de connaissance ou d'expérience - à condition toutefois, et ceci est important, que je sois à même d'anticiper cet événement, cette situation.
("La peur", par Denis Jenkinson.)

La plupart de ces accidents sont malheureusement dus au facteur humains. Si l'on voulait analyser la cause fondamentale de toutes ces catastrophes, on découvrirait qu'à quelques exceptions près, elles résultent d'une certaine négligence quant à la forme physique, de réactions trop lentes, d'erreurs de jugement, d'excès de confiance et de nombreux autres facteurs susceptibles d'affecter la condition physique du pilote ou sa vigilance.
On a beaucoup parlé de comportement correct pendant les épreuves. Les concurrents, à mon avis, devraient se comporter de façon exemplaire dans tous les sports, surtout dans un sport aussi risqué que la course automobile. On oublie souvent, toutefois, que l'excitation du moment, l'audace naturelle aux pilotes, le désir de gagner, les acclamations de la foule et tout le reste qui enflamme l'imagination d'un conducteur pendant qu'il fonce entre deux rangées de spectateurs à deux cents kilomètres à l'heure et même davantage, ne constituent pas les meilleures conditions pour inciter à la stricte observance du fair play.
("Bien que je n'assiste pas aux courses", par Enzo Ferrari.)

Tazio Nuvolari n'était pas simplement un coureur automobile. Aux yeux de l'Italie, il était devenu une idole, un demi-dieu, une légende. Il incarnait le rêve de toute une nation. Il était celui qui réalisait l'impossible, non pas une fois par hasard, mais d'une manière permanente, le David qui abattait les Goliath de la course automobile. Il était "il Maestro".
Les Italiens, qui ne sont que trop conscients de leur actuelle pauvreté en coureurs de classe, se consolent en se tournant tout naturellement vers leurs gloires passées, et rappellent avec ferveur les exploits des anciens champions. Il y en eut tellement du temps de l'âge d'or de l'Italie : Varzi, Farina, Trossi, Fagioli, Bordino, Nazarro, les Ascari père et fils... Pourtant, quatre-vingt dix-neuf fois sur cent, un nom vient à leurs lèvres avant tous les autres - celui de leur très cher Nuvolari, le fils du fermier de Ronchesana, près de Mantoue.
("Le fils du fermier", par Cyril Posthumus.)

"L'Ecossais volant" froid et résolu qui, en septembre 1963, remporta de main de maître à Monza le championnat du monde des conducteurs, ce trophée si convoité dans le domaine de la course automobile... Le tranquille et modeste fermier écossais élevant des moutons de race qui atteignent des prix records à la foire aux béliers de Kelso... L'homme du monde aux yeux sombres invité à tant de réunions professionnelles ou mondaines que cela suffirait à lui faire sillonner la planète douze mois par an... Le philosophe serein qui aime à se détendre dans un fauteuil en parlant de tout sauf de lui-même, ou en écoutant des disques qui vont de Bach à Stravinsky... Tâchez donc d'assembler en une seule et même image les éléments de ce puzzle mental, et vous aurez peut-être fait quelques pas vers la connaissance du champion écossais Jim Clark.
("L'Ecossais volant", par Philip Drew.)

Je crois bien que, de tous les hommes que j'ai connus, Portago était le plus vivant. Il était sensible, remuant, étonnamment gentil ; il est impossible de décrire l'extraordinaire vitalité dont il rayonnait, pas plus qu'il n'est possible de traduire la stupéfaction incrédule qui s'abattit sur ses amis lorsque parvint la nouvelle de sa mort.
Il semblait posséder tout ce dont un homme a besoin pour affronter la vie : le charme, la beauté, la richesse, le courage. S'il échouait, pensaient ses amis, qui pourrait donc réussir ? La réponse était évidente : personne. Portago ne fut pas seulement tué, mais mutilé : dans l'accident, le capot de la voiture se rabattit et le coupa en deux.
("La dernière course sur route", par Robert Daley.)