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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Besançon, 17 septembre, Livres dans la boucle. Il est le local de l'étape. Je ne le connais qu'à travers des échanges virtuels sur le tennis avec une amie commune et "La vie secrète du fonctionnaire" que j'ai aimé. "Il" c'est Arnaud Friedmann et selon cette amie, son petit dernier "La femme d'après" devrait aussi me plaire. Elle avait raison.

Aussitôt acheté, l'encre de la dédicace à peine asséchée, et me voilà plongée dans l'histoire sombre de cette femme plus si jeune, divorcée et mère de deux filles. Elle a fait le chemin de Besançon à Montpellier pour retrouver l'amour de ses vingt ans. Il est tard, elle le quitte après avoir dîné chez lui et rentre à son hôtel. "Ils sont quatre, trois derrière, un qui se tient devant, qui met le cap sur [elle] comme si [elle] n'existai[t] pas. Ou que si justement. Comme si [elle] existai[t] trop." Ils échangent quelques mots, il la traite de "connasse". Elle ne baisse pas les yeux. Ils passent leur chemin. On pourrait dire que rien n'est arrivé et pourtant… Et pourtant cette "non-agression" aura un impact fort sur la narratrice, surtout lorsque le lendemain elle apprend que le corps d'une jeune fille a été découvert à quelques pas de la rencontre.

L'intrigue finement racontée, la construction parfaite telle une tragédie en trois actes, l'écriture sèche, cinglante, précise, exempte de tout mot inutile, le rythme qui au fil des pages s'accélère petit à petit jusqu'à une fin "coup de poing" rendent le récit totalement addictif. le talent de l'auteur est grand qui s'immisce dans l'âme féminine et en décrypte toutes les nuances. Cette femme qui ne porte pas plainte, "Est-ce qu'on porte plainte quand on s'est fait traiter de connasse ?", qui en vient presque à regretter de ne pas avoir été agressée parce que… parce que peut-être n'était-elle plus suffisamment jeune, plus suffisamment séduisante. Et surtout, qui s'interroge sur sa vie, confrontée au dédain de sa mère, à sa jeunesse qui s'en va, à ses pensées de plus en plus sombres. Une immersion totale dans la tête d'une femme. Une très belle réussite.

Un grand merci à l'amie qui me veut du bien et m'a conseillé cette lecture toute en délicatesse et sensibilité.

Lien : https://memo-emoi.fr
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« Il y a l'air tiède du milieu de la nuit, quelques moteurs en écho, le bourdonnement des télévisions à l'intérieur des immeubles, puis soudain des voix. »
L'incipit donne le ton. « La femme d'après » est contemporain, vif, serré comme un café fort, superbement maîtrisé.
Une femme, la narratrice, fil rouge de ce récit psychologique, féminin, le « je » comme un aimant.
C'est la nuit. L'urbanité d'une ville endormie, presque. Elle vient de retrouver dans le nid d'un hôtel son amour de jeunesse. Pas de côté, se prouver que tout peut se renouer malgré les années irrévocables. D'un âge certain, entre les rives de la jeunesse et ses charmes, la bascule vers l'âge avancée, elle est ici.
Elle traverse un parc, entend des voix qui se rapprochent immanquablement. L'angoisse crescendo, elle se heurte de plein fouet au danger. Quatre jeunes hommes s'arrêtent devant elle. La peur armure, la nuit complice de ses faiblesses, elle va affronter le meneur qui la traite de connasse plutôt que de salope. Elle montre au cador de ces garçons, les photos de ses filles. Trop vieille pour être violée ou trop déroutante pour ce meneur à qui elle propose aussi une cigarette ?
Le choc est titanesque. Agressée dans le sombre de sa féminité, elle rentre seule à l'hôtel, le droit de passage de ces derniers est pour elle l'ultime affront et dans un même tempo un soulagement.
« S'ils m'ont suivie, ils peuvent me voir pleurer. de ça, je me vengerai. Plus tard. »
Arnaud Friedmann est dans cette capacité d'un mimétisme hors pair. L'écriture est une chevelure, les traits doux et la trame à l'identique d'un corps ployé par les angoisses existentielles propres à la féminité.
Elle va sombrer dans les méandres des conséquences de cette agression qu'elle mettra sous la chape des silences douteux.
Pourquoi a-t-elle échappée à cette agression ?
Le récit enfle, se gorge d'un crime commis sur une jeune fille la même nuit. Elle connaît l'assassin et son haleine mentholée.
« La femme d'après » est sombre, sociologique, démonte un à un tels des diktats, les fantasmes d'une femme angoissée et fragile en proie à la folie.
« C'est parce que tu as pas eu peur. Ça s'est vu, que t'avais pas peur. Je respecte ça. »
Ce roman d'une infinie douleur, intranquille, poignant est l'ombre tenace d'un thriller. le portrait d'une femme, emblème des errances, des souffrances, des écueils liés à la perte de l'estime de soi, canevas d'un roman perfectionniste tiré au cordeau. Un séisme mental jusqu'au point final. Inoubliable. Publié par les majeures éditions La Manufacture de livres.
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Montpellier, août 2009. Elle vient de dîner avec un de ses ex, elle retourne à sa voiture et croise 4 jeunes hommes... Elle se sait en danger, ils savent qu'elle le sait et pourtant il n'y aura pas d'agression autre que verbale. Terrorisée elle atteint son véhicule et rentre à son hôtel. Plus tard, elle apprendra que quelques minutes après cette rencontre, celui qu'elle nommera toujours le Meneur agresse et tue une jeune fille de 20 ans. Cette non-agression et ce meurtre vont la traumatiser...
"Pourquoi elle et pas moi ? Je suis moins belle ? Trop vieille ?"

"Elle" a la quarantaine, elle se sent vieillir, devenir moins désirable. Elle est sur le fil, instable. Ce choc va ouvrir en Elle des abimes insoupçonnés, des obsessions, des rêves éveillés. Et Elle va faire l'impensable. Demander à rencontrer le Meneur, revenir encore et encore sur les lieux de son agression et ceux du meurtre. Et dériver jusqu'à penser meurtre, suicide peut-être jusqu'au dégoût ultime, jusqu'à la provocation dernière.
Elle est instable... Folle ? demanderont certains. Arnaud Friedmann nous laisse interpréter événements et pensées. Parce que nous sommes dans Sa tête, tout est écrit à la première personne et au présent. On est avec Elle à chacune de ses pensées, de ses envies, de ses fantasmes. Cette femme est anonyme, comme l'est le Meneur, le seul important qui est nommé c'est Jacques, son ex. Elle lui revient, Elle s'éloigne, Elle se donne (sans en avoir une réelle envie), s'éloigne encore. Elle s'aime, elle se dégoûte. Elle aime les hommes, elle est une dévergondée d'après sa mère. L'aimeront-ils encore ?
Itinéraire de la femme "d'après", après la non-agression, après la jeunesse, après la mère et l'épouse... Une dérive onirique parfois, des envies qu'elle satisfait pour le regretter immédiatement. Alors, satisfaire l'ultime fantasme ? Presque inconsciemment...

Le texte d'Arnaud Friedmann est soigné, sensible et évocateur, ou franchement trivial (certaines descriptions pourraient choquer le lecteur trop délicat) mais jamais banal. Cette dérive est très perturbante, cette femme on a envie de la cataloguer folle. Elle le dit elle-même. Et pourtant... Où est la frontière ? Quel élément peut déclencher un passage à l'acte ? La réponse est entre vos mains...
Un texte perturbant qui m'a troublé et obligé à relire plusieurs fois la fin. Vous verrez... et une héroïne qui ne peut pas vous laisser indifférent. Bref, le genre de livre qu'on reprendra pour le relire et essayer de trouver des réponses...
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C'est un roman très plaisant mais qui met mal à l'aise tout le long et laisse un gout amer dans la bouche !

C'est l'histoire d'une femme, la quarantaine, tout à fait épanouie qui va faire un séjour à Montpellier pour revoir un amour de jeunesse.
En regagnant à pieds son hôtel, après le restau, elle se fait "interpeler" par une bande de quatre jeunes en quête de mauvais coup.

Grace à sa gestion "instinctive" et intelligente de la situation, elle évite l'agression sexuelle proprement dite et rentre chez elle saine et sauve. On est contents pour elle car la mésaventure se termine bien !

Pourtant, pendant toute la suite du roman, on sent que quelque chose s'est cassé dans son cerveau. La situation se dégrade lorsqu'elle apprend que la même nuit une jeune fille a été agressée mortellement, par ces mêmes voyous.

Elle veut comprendre pourquoi ce n'est pas elle qui a été agressée.
- grâce à la façon dont elle a géré la situation ?
- parce qu'elle est trop "vieille" ?
- parce que le meneur de la bande a été sensible au fait qu'elle ait des jeunes enfants ?
- parce qu'elle n'est plus attirante ?

Pendant toute la suite du roman on assiste à son naufrage psychique, jusqu'au final dramatique.





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Je ne suis pas une femme. Je ne suis pas non plus non-binaire. Je suis un homme.
Mais à la lecture de la femme d'après je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'Arnaud Friedmann a vraiment réussi à nous faire oublier qu'il était, lui, un homme, l'auteur de ce magnifique roman qu'est La femme d'après.
Maintenant, s'il fallait être objectif à cent pour cent, il faudrait se limiter aux avis féminins sur la question.
Mais pour ma part, j'ai été tellement touché par ce livre, je l'ai trouvé d'une telle justesse que je me suis vite identifié.
Tellement touché que j'ai du mal à trouver mes mots.
Je suis heureux de constater que la bibliographie de l'auteur est déjà bien fournie : je vais pouvoir m'y adonner avec volupté.
Lien : https://christophegele.com/2..
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Commencer l'année avec La Manufacture de Livres c'est un très bon départ et cette rentrée littéraire a commencé pour moi avec un roman qui sonne comme une introspection de la femme dans une période de sa vie parfois difficile.
Pour la beaucoup de femmes, l'apparence est très importante. C'est souvent une arme de séduction. C'est quelque chose qui s'entretient et, même si la femme est consciente que sa beauté est éphémère, un atout qu'on voudrait conserver le plus longtemps possible. Quand la jeunesse passe et que la beauté fane, on peut jouer d'artifices et continuer à se voiler la face. Vouloir retrouver ses vingt ans devient parfois une obsession avant l'acceptation nécessaire.
C'est de cela que va vous parler Arnaud Friedmann. Au travers de la narratrice qui, en essayant de retrouver ses vingt ans, en revoyant celui qu'elle avait séduit alors, cet homme qui ne la retient pas chez lui ce soir d'été, croise le chemin de jeunes dans les rues de Montpellier.
Elle se sent victime comme de ségrégation. Elle va se sentir insultée, puis viendra l'humiliation qui est double. A cette victimisation dont elle use vient s'ajouter une culpabilité envers la jeune femme retrouvée morte à deux pas de l'endroit de son agression, assassinée très peu de temps après et qui, pense-t-elle, est morte parce qu'elle, elle était trop vieille.
Arnaud Friedman est arrivé à se glisser dans la peau de cette femme pour nous montrer tous les sentiments qui sont en elle, qui l'oppressent. Derrières les mots écrits sur ces pages, on ressent tout de même un peu de masculinité car le texte n'est pas complètement empathique. Volontairement ou pas, l'auteur fait s'entrechoquer certaines réactions face au désarroi de la narratrice. On peut sentir sa souffrance mais il se dégage parfois un soupçon de reproche envers ce personnage finalement autocentré.
Beaucoup de choses dont parle l'auteur sont vraies, sont endurées ou ressenties chaque jour par des millions de femmes ayant dépassé la quarantaine dans le monde.
Pour des lectrices il s'agit de mettre des mots sur des sentiments, pour des lecteurs peut-être un peu leur ouvrir les yeux et leur insuffler un peu d'indulgence, de compréhension pour éviter, parfois, des drames.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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J'ai découvert l'univers littéraire d'Arnaud avec ses premiers romans parus aux défuntes Éditions de la Boucle. J'avais alors beaucoup apprécié son univers noir et surtout, sa façon d'entrer dans la psyché féminine. Aujourd'hui, c'est à La manufacture de livres qu'est paru son nouveau roman. Magnifique maison d'édition qui a fait connaître Franck Bouysse, Anne Bourrel, bref, que de très belles plumes. S'il est un éditeur dont on peut acheter les livres les yeux fermés, c'est bien celui-ci.

Une femme échappe de peu à une agression nocturne, mais apprend le lendemain, qu'une autre a été retrouvé morte, a priori victime des mêmes malfaisants. Voilà qui va lancer la machine à questions : pourquoi pas elle ?
Lien : https://lecturepassion.wordp..
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