Rien n’est plus capricieux qu’un sentier forestier : celui-ci épouse les contours du bois, se faufile au plus profond des futaies, puis s’échappe dans une trouée, traverse des pâturages, laisse apparaître un lambeau de paysage.
Une journée comme celle-ci de temps à autre, et l’on n’a plus grand-chose à demander à la vie…
Brigitte se sent désormais réunie à Zian par un lien plus solide que les douze millimètres de chanvre qui l’attachent à lui.
Maintenant, initiée, elle sait qu’elle fait désormais partie de la grande famille des montagnards, que tous les dangers qu’elle a courus pour venir jusqu’ici sont négligeables, que pour la première fois de sa vie elle atteint aux difficiles sommets du bonheur.
Pour la première fois de sa vie, Brigitte ne désire plus rien ; il lui semble vivre un rêve qu’elle n’aurait jamais osé faire. Et cela, elle le doit à cet homme simple assis près d’elle. Elle comprend tout à coup pourquoi la montagne le transfigure et le hausse de cent coudées dans l’échelle des êtres : c’est qu’il connaît le chemin de ces paradis inconnus, qu’il juge à sa valeur réelle la vie plate des villes, leurs habitants mesquins et intéressés.
L’amour de la montagne ne se discute pas ,
Elle semblait presque trop belle, comme ces vedettes qu’on voit sur l’écran ; dans la réalité, les femmes ne sont jamais aussi parfaites.
Un jour de détente au milieu d’une longue saison de montagne, cela remet de toutes les fatigues.
Quand on a cinquante ans et qu’on traîne cent dix kilos, on ne peut pas se permettre dans le rocher les mêmes acrobaties que les jeunes de vingt ans.