Nouvelle rencontre avec
Simenon dans le cadre de ses romans dits "durs". Ce sont ces romans que
Simenon a écrit parfois avant
Maigret et qui étaient dur à écrire pour lui.
J'ai était une fois fois attiré par la couverture où tout s'enchaîne. Deux personnages sous la neige qui tombe, dont un est en bras de chemise, une affiche avec un soldat dont le casque est orné d'un signe méconnu, un chat, un réverbère. le nom de l'auteur,
Simenon, le titre en caractères gras et penchés, le nom du scénariste et du dessinateur. On dirait une affiche ou un générique de film des années cinquante.
Nous sommes en hiver, dans un pays occupé sans savoir lequel ni par qui ? C'est la guerre mais laquelle ? Frank porte un signe mais que veut-il dire ?
Frank a dix-huit ans, sa mère est tenancière d'un bordel prisé des autorités d'occupation. Ce qui permet à Franck de faire son éducation et de satisfaire certains désirs, désirs qu'il peut aussi avoir pour sa voisine Sissi.
Franck fréquente le milieu de la nuit et des personnages pas toujours fréquentables quant au sens de la morale, personnages qui s'accommode de l'occupation et qui semblent intéressés par le commerce à faire avec les occupants. Franck aime les fréquenter comme pour être dans la cour des grands.
Franck cherche à obtenir des faveurs : faveurs des filles de sa mère, mais ça c'est facile. Il semble attirer par Sissi mais est-ce vraiment sincère ? Franck cherche à obtenir la carte verte qui lui donne une forme d'impunité.
Franck va basculer du côté obscur de la force. Il va commettre un assassinat gratuitement pour se prouver qu'il peut le faire. Il trahira aussi celle qui l'aime et ce sera l'erreur de trop.
Est-ce que Franck est un salaud, une ordure comme ceux qu'il fréquente ? Est-ce un profiteur, un être abject qui profite de la situation pour son bien-être personnel ? Va t'on assister à une descente aux enfers ou bien à une rédemption ? Mais que peut-être le destin de Franck ?
Simenon pousse sa réflexion et nous amène à accompagner Franck. Nous sommes dans un univers particulier, étrange. Les relations entre les personnages sont perverties. Certains semblent ne plus être en prise avec la réalité. Franck nous fait penser au héros d'
Albert Camus dans l'Étranger, Meursault. Un être qui accepte son destin sans réellement lutter.
J'ai beaucoup aimé le graphisme de Islaire. Les expressions sur le visage de Franck sont extraordinaires de vérité, on voit toute la détresse de cet anti-héros, avec ces grands yeux dans le vide comme cherchant une vérité improbable. J'ai aimé ce vieillissement progressif comme l'arrivée à une certaine maturité comme la sortie du monde de l'enfance pour atteindre celui des adultes. Tous les personnages ont de vraies "gueules". J'ai aussi aimé le procédé de ne mettre que quelques touches de couleurs et le graphisme très classique mais très réalistes.
Encore un roman graphique qui me donne envie de lire le roman original de
Simenon, dans un autre registre que celui de
Maigret.