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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mathieu Gabella et Paolo Martinello nous offrent une biographie dessinée de Catherine de Médicis exceptionnelle.

Ils évitent l'écueil de l'exhaustivité historique, préférant un découpage cinématographique très théâtral qui porte le fait essentiel et surtout l'émotion. Quelques cases suffisent pour cerner l'enfance difficile, prisonnière ou otage, de la grande dame, qui lui forgera le caractère. Quelques lignes suffisent à démontrer la frustration des premières années à la cour de France, délaissée dans l'ombre de la favorite Diane de Poitiers, puis abattue par la mort accidentelle de son époux Henri II, décoiffée et pleurant. Catherine était un être humain.

Elle devient alors ce roc contre lequel ses fils viendront s'amarrer pour survivre à ces temps de tempête religieuse. Elle cherche le compromis là où chaque camp ne songe qu'à égorger l'autre. Elle louvoie, favorise l'un puis l'autre et est détestée par l'autre puis l'un. Les auteurs nous font bien ressentir la lourdeur du fardeau. Parfois ils placent l'évènement historique dans la prédiction d'un astrologue, pour bien appuyer sur cette facette de la personnalité de Catherine.

Puis vient le génocide, le massacre des huguenots lors de la Saint Barthélémy, d'abord à Paris puis dans la France entière. Catherine, dans la BD, en accepte la responsabilité — la pire décision de sa vie. Les auteurs passent outre : bousculée par la haine des catholiques parisiens, quel choix avait-elle ? Décider autrement aurait peut-être signifié la fin de la dynastie, la victoire à terme de l'extrémisme catholique porté par les Guise. Impensable ! Et Catherine n'avait pas du tout calculé l'emportement de haine qui souleva la foule. Les scènes de tuerie sont dures à regarder ; la dépression de Catherine l'est également.
Mais elle se relève.

Les dix-sept dernières années sont survolées, comme sur le sillage du massacre. Après la force de ce moment, que reste-t-il à dire ? Lui porter hommage. Peu de gens ont fait preuve dans l'Histoire d'une telle force de caractère. Et reconnaître que la postérité ne la sauva pas. Au contraire, elle lui offrit une place de choix parmi les êtres les plus retors et abjects de tous les temps ; une légende noire et persistante qu'Alexandre Dumas sublimera.

C'est éblouissant. J'applaudis le travail des auteurs et tire aussi mon chapeau à l'historien Renaud Villard qui, par son dossier, vient compléter par les faits ce récit si vivant et bouleversant.

Je ne peux que vous conseiller de lire cette BD.
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Ce nouveau tome de la série « Ils ont fait l’histoire », collection de bandes dessinées qui prend la forme de biographies historiques présentant une dimension pédagogique car à destination du grand public, et qui espèrent vraiment que le public scolaire se prêtera au jeu, est consacré à la veuve noire de l’Histoire de France : Catherine de Médicis !


Après un opus sur Philippe le Bel assez sage car assez didactique, Mathieu Gabella retrouve au dessin son compère de "3 Souhaits", l’italien Paolo Martinello, pour un ambition projet : retracer du berceau à la tombe la destinée de Catherine de Médicis dont l’histoire peut se confondre avec une bonne partie de celle du XVIe siècle marqué par la guerre civile européenne et française entre catholiques et protestants…

Les historiens ont su voir au-delà de la légende héritée des pamphlets catholiques et plus encore protestants, et confortée par l’œuvre de notre Alexandre Dumas national… Ils ont ainsi pu dresser le portait d’une formidable femme d’Etat (sur laquelle plane les ombres tutélaires de François Ier et de Charles Quint, d’Henri II et de Philippe II), mais les auteurs vont ici plus loin en dressant le portait d’une femme admirable, voire incroyable :
- enfant, elle hérite d’un prince sans principauté et perd ses deux parents avant l’âge d’1 an pour ensuite grandir jusqu’à l’adolescence dans les geôles des révolutionnaire républicains de Florence
- épouse, elle se fait vamper son mari par Diane de Poitiers avant de le perdre dans un incroyable, improbable et spectaculaire accident de joute (la main de Dieu, diront ses opposants et ses détracteurs…)
- mère, elle donne la vie à 10 enfants qui pour la plupart ne lui survivront pas (sans parler OMG de la scène d’horreur des jumelles mortes-nées)… Et encore, le Tout-Puissant lui a accordé la miséricorde de ne pas assister à l’assassinat de son dernier fils !
- régente, elle est haï autant en tant qu’étrangère qu’en tant que roturière… VDM dans un MDM
« Tomber sept fois, se relever huit. » : cette grande dame illustre bien cette maxime !
Elle fait tout pour éviter un affrontement que tout le monde veut… elle se réconcilie avec de Guise, leader du camp catholique, celui-ci est assassiné… elle se réconcilie avec de Coligny, leader du camp protestant, celui-ci est assassiné… elle a tout fait pour effacer le souvenir de la première guerre de religion alors que 7 autres s’ensuivront !

Quels que soient tous ses efforts pour apaiser les esprits, les intégristes d’un camp ou de l’autre commettent toujours le pire forfait au pire moment au pire endroit pour jeter de l’huile sur le feu… Et pourtant, elle n’a jamais baissé les bras, elle n’a jamais abandonné la partir jusqu’à son dernier souffle !
Les auteurs ont fait des choix pour tout bien faire tenir en 48 pages : un long flashback retraçant la vie du personnage jusqu’à son accession à la régence, description de la première guerre de religion et ses conséquences, l’accalmie, la reconstruction et l’espoir d’un avenir meilleur, anéantie par la terrible Saint-Barthélemy sur laquelle on s’appesantit (Dieu est joueur et Dieu, est cruel, puisqu’il s’agit d’une répétition à grande échelle du massacre de Wassy survenu 10 ans plus tôt)… Ensuite nous suivons une prédiction de l’avenir par la reine-mère à Nostradamus, qui se termine en flashforward par la dernière conversation entre Henri III et son cousin Henri de Navarre…
Cela reste un peu frustrant tant le personnage pouvait nourrir toute une série à elle toute seule ! Et je me demande s’il n’y a pas un message derrière les turpitudes de l’Histoire de France : Guerre de Cents Ans, Guerres de Religion, frondes du XVIIe siècle, Révolution du XVIIIe siècle, révolutions du XIXe siècle, crises du XXe siècle… On a quand même l’impression que plus les choses changent et plus elles restent les mêmes : les homines crevarices prennent en otage des populations entières pour leurs games of trhones dans l’espoir d’obtenir le pouvoir qui selon eux et leur ego surdimensionné leur revient de droit… Si on ajoute la peur et l’ignorance, on se dire bien facilement vers la haine et la violence ! Vivement qu’on passe à la stochocratie = politique par tirage au sort, qu’on est finisse avec la malédiction du pouvoir…

Décidément, les dessins de Paolo Martinello, ici assisté d’Andrea Meloni, ont bien gagné en qualité depuis "3 Souhaits" et ses personnages des Mille et Une Nuits sauce super-héros (qui était/étaient déjà très très sympas)… On passe de la Dark Fantasy à la la Dark History et son style colle très bien à ambiance sombre et violente des guerres de religion et sa vision de la Saint-Barthélemy est mine de rien assez saisissante… Après le personnage évoluent graphiquement rapidement, mais c’est le jeu du format en 48 pages qui cela.


Pour ne rien gâcher, Renaud Villard, historien à la Sorbonne et à l’Université Paris-Diderot et auteur d’un très intéressant "Du bien et du mal nécessaire : Tyrannie, assassinats politiques et souveraineté en Italie, vers 1470 – vers 1600", supervise le tout et nous livre un dossier et un making-off intéressants autant pour le grand public que pour l’amateur d’histoire.
Bref, la qualité de la série ne se dément pas : elle est en train de remplacer la vénérable "Histoire de France en bande dessinée de 1980"… Il était temps pour notre pays qui se veut terre d’Histoire et de BD !
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Une réussite que cette BD, tant sur le plan scénaristique que graphique. Un dessin maîtrisé, précis; voire par moment époustouflant (dans le sens de couper le souffle)... Les scènes de la Saint Barthélémy sont incroyables de détails jusqu'à l'insoutenable, le rendu des costumes d'une époque très raffinée, l'humanité des visages et en particulier celui de la Reine Catherine qui ne peut que vous toucher. le scénario ensuite, en quelques vignettes l'essentiel des faits est rendus mais plus fort encore: les sentiments, l'atmosphère, les doutes et la tension de cette époque troublée, le drame de cette femme qui ne connut pratiquement pas ses parents et qui enterra presque tout ses enfants, qui connut la prison, l'infidélité de son mari, la crainte d'être stérile, le veuvage... qui fut haïe par tous en tentant de contenter tout le monde. Une reine qui fit de son mieux pour concilier les fanatiques des deux côtés et ne s'attira que les mépris jusque par delà la mort . Une grande BD à découvrir.
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