AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 291 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Entre Kafka , Buffon et David Lynch
Il est très difficile d'évoquer le lièvre d'Amérique de Mireille Gagné
paru aux éditions La Peuplade sans divulguer, sans livrer un sens qui ne saurait être unique. Sorte de puzzle narratif à mi chemin entre Kafka et David Lynch. C'est un récit fantastique sur la femme augmentée dans une société à la recherche incessante de la performance. Un voyage en soi et hors de soi. Et si être autre c'était être l'autre? Et si l'homme augmenté était un animal? J'ai été vraiment séduite par ce récit qui ne cesse d'abolir les frontières - soi/l'autre, présent/passé, réalisme/fantastique, ville/nature - comme pour mieux nous convaincre que représenter c'est à la fois figurer et imaginer.
Lien : https://twitter.com/claire_t..
Commenter  J’apprécie          10
C'est un premier roman totalement atypique que nous offre Mireille Gagné !
Une petite merveille née d'une combinaison d'intelligence, de poésie et d'étrangeté pour dénoncer le workaholisme des citadins et leur éloignement de la nature et de l'essentiel...

Il alterne:
De courts chapitres consacrés au Lièvre d'Amérique, un petit mammifère qui a la particularité de très peu dormir.
Le quotidien de son héroïne, Diane, venant de subir une mystérieuse intervention afin de pouvoir travailler toujours plus.
Des passages où les mots se succèdent et se télescopent sans ponctuation, où le lecteur en apnée a l'impression d'être dans la tête de Diane et de ressentir cette urgence perpétuelle qui l'anime.
Des sauts dans le passé pendant l'adolescence de Diane qui vivait alors sur L'Isle-aux-grues (une plongée au coeur d'une nature préservée, des passages magnifiques !) qu'elle quittera pour Montréal après certains événements ...

Le roman se termine sur une légende algonquienne qui apporte un éclairage sur ces différentes parties comme ces rayons de soleil perçant les nuages, joliment nommés en québécois un "pied de vent " et montrant une autre voie...

Un étonnant portrait de femme avec des blessures d'adolescence jamais cicatrisées qui s'est perdue dans la société libérale du toujours plus... Quelques questions resteront sans réponse, chacun fera appel à son imagination, voilà une lecture absolument jubilatoire !
Lien : https://www.instagram.com/ca..
Commenter  J’apprécie          10
Peu de choses à dire sur ce roman que j'ai beaucoup aimé tant par la forme originale qui associe le récit aux caractéristiques du lièvre d'Amérique, « les liens d'appartenance et les affres de l'exil, la douleur des âmes à qui on a arraché un être cher et les effets néfastes de la course à la performance, dictat du néolibéralisme. » J'ai particulièrement apprécié le découpage entre le présent, ce qu'est devenue Diane après l'intervention médicale dont on ne connaît pas la nature (mais qu'on devine devoir lui permettre d'accroître ses performances au travail), le passé lointain pendant son adolescence dans cette île (Isle-aux-Grues d'où provient l'auteure) au milieu du Saint-Laurent et le passé plus récent avant l'opération.

Une écriture poétique et imaginative avec en finale une référence à une légende algonquienne qui documente le récit. Une ode à la nature, à la liberté et au retour aux sources.

À noter le petit lexique des expressions insulaires incrustées dans le texte qui ajoutent à la crédibilité de cette « fable animalière ».

Je vous le recommande sans réserve.

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
Commenter  J’apprécie          10
Saluons d'abord l'objet littéraire, très belle présentation avec sa couverture et ses illustrations qui donnent envie d'entrer dans cette histoire originale.
La "Peuplade" est une maison d'éditions québécoise fondée en 2006.
L'autrice Mireille Gagné, québécoise aussi a écrit de la poésie, ce livre est son premier roman, très apprécié dans son pays.
L'éditeur nous promet une fable animalière et c'est bien la réussite de ce bijou littéraire.
Ne dévoilons pas trop l'intrigue.
Sachez que ce livre s'adresse aux gens surmenés, fatigués par ce monde économique sans concessions ni regard humain, aux désespérés, aspirés par le système qui peut rendre fou les plus courageux.
Et aussi aux perdants, aux invisibles, aux égarés d'une spirale infernale de la compétitivité et de la performance.
Mais M.Gagné avec son héroïne, Diane, nous propose une autre dimension, une intéressante réflexion sur une métamorphose génétique qui pourrait nous aider à nous adapter à cette folie consumériste .
Et c'est ici que le lièvre intervient.
Les effets secondaires de cette opération nous transportent vers un autre monde.
Celui de la nature et de la sagesse, deux termes qui s'additionnent.
Belle histoire de prédateur et de proie.
Le désir de l'auteure est une connexion avec les lecteurs pour qu'ils trouvent leur voie avec cette oeuvre poétique.

Commenter  J’apprécie          10
Voici un roman étrange et captivant aux accents très contemporains. Que faire pour être toujours plus performant, plus compétitif ? Avoir recours à la science semble être la solution pour devenir un Humain+ à l'organisme génétiquement modifié et pouvoir travailler à un rythme infernal. Mais jusqu'où peut-on supporter de devenir «workaholic» à l'extrême ?

Diane se retrouve piégée dans cet engrenage. Elle a quitté l'Île aux grues où la beauté de la nature fascine autant que le déchainement des éléments effraie. L'île de son enfance emplie de souvenirs faits de « dépouilles de vents » et du mouvement des marées, de jours heureux, d'un amour fugace et de drame aussi. Son départ pour la ville est le début d'un long égarement où son âme va se perdre dans les méandres du burn out. Elle subit une opération mystérieuse pour booster ses capacités physiques et intellectuelles, devenir l'employée modèle infatigable d'une société qui prône un idéal fait de perfection et de productivité. Mais que va-t-elle faire de ses facultés accrues ? Pourra-t-elle calmer «son anxiété de performance» ? Pourra-t-elle redonner un sens à sa vie, devenir, redevenir audacieuse ?

Pour Diane, c'est une bataille à livrer. Et quelle bataille ! Magnifiquement racontée par Mireille Gagné dans ce roman à la construction très originale. La narration entremêle habilement récit réaliste, pages documentaires et récit introspectif. Récit de vie pour évoquer l'enfer de la vie professionnelle et les souvenirs d'enfance. Chapitres documentaires qui révèlent les particularités du lièvre d'Amérique. Récit sans ponctuation pour dire les pensées de Diane comme une spirale d'émotions de plus en plus fortes jusqu'au point de bascule. Et ces pages encrées de noir comme une plongée dans son subconscient.

L'écriture est belle et s'adapte au contexte, parfois poétique, parfois moins lyrique, ponctuée d'expressions canadiennes dépaysantes. Un épilogue qui évoque une légende algonquine met en lumière certains événements du récit et donne une dimension universelle au récit.

Ce roman en forme de fable pour dire les névroses modernes, la solitude, la dépendance et la souffrance au travail interroge subtilement notre rapport au monde, pointe la nécessaire connexion à la nature pour retrouver une forme de liberté, pour réparer « le temps qui se morfond ». le réel et l'imaginaire cohabitent, la philosophie vagabonde et la nature réveille l'état sauvage qui sommeille en Diane. La métamorphose devient symbole de renaissance. le lièvre d'Amérique se fait le guide d'un retour aux sources, lui qui veille sur «celles et ceux qui se sont égarés».

Un premier roman atypique et envoûtant à découvrir absolument !
Commenter  J’apprécie          10
La couverture de ce roman est magnifique avec ce lièvre qui nous regarde… vous verrez que dans ce roman il est omniprésent. Il est beaucoup question de regard...

J'ai beaucoup aimé le travail d'écriture. La structure qui se compose d'une double page graphique avec des traces noires qui laissent au lecteur les interprétées. Elles se répètent de manière régulière comme pour marquer un passage, une étape. Puis vient une évocation d'un aspect de la vie du lièvre, avec un style documentaire. Puis vient on découvre Diane juste après sa mystérieuse intervention chirurgicale qui est sensé augmenter ses capacités de travail. le style est plus froid, Diane analyse tout ce qu'elle ressent, tout ce qu'elle compte faire, tout ce qu'elle fait. On a aussi un chapitre qui nous plonge dans l'enfance, on est dans le récit. Et enfin un chapitre quelques temps avant l'opération, La fatigue, la perte de contrôle, la paranoïa, l'hystérie qui se traduisent par la perte de la ponctuation, cela donne un texte à bout de souffle. Puis nouvelle double page graphique identique etc… Cela donne des rythmes différents. Passé lointain, passé récent et présent ont des titres de chapitres qui leur ressemblent.

En parlant de langue j'ai adoré les formulations québécoises, dont on retrouve les explications en fin de volume dans un lexique. J'ai aussi découvert ou redécouvert des mots qu'on n'utilise peu.

On a donc d'un côté la ville avec tout ce que le côté urbain à enlevé à l'instinct primaire, Diane a perdu son humanité et de l'autre l'île, l'archipel avec sa nature sauvage et primale. Les relations de l'homme avec la nature et les éléments. Avec se besoin de retrouver son identité profonde dans ses racines familiales.

Ceux qui me suivent savent combien j'aime la thématique de l'eau, eh bien j'ai été gâtée.

J'ai beaucoup aimé l'épilogue qui s'inspire d'un conte algonquin. Ce qui est une belle conclusion pour l'aspect « légende » « fable » que l'on ressent dans cette étrange histoire.

Je comprends que ce texte magnifique se soit fait remarqué lors de cette rentrée littéraire.

Je vous invite à découvrir cette étrange aventure très bien écrite qui se lit d'un trait…

Il s'agit d'un premier roman, j'ai hâte de voir se que l'avenir nous réserve.
Commenter  J’apprécie          10
Le commentaire de Martine : COUP DE COEUR!

Dans ce roman de Mireille Gagné, on retrouve le personnage principal, Diane, une femme qui est perfectionniste et anxieuse, plutôt envie par l'anxiété de la performance. Diane est une femme déconnectée de la réalité, la seule importance et son travail. Elle n'écoute pas ses émotions, elle est habitée de la hantise d'être exemplaire, sans aucune imperfection.
Un roman qui se divise en différentes parties, chaque partie nous présente une information sur le lièvre d'Amérique, son comportement, son alimentation, sa reproduction, etc. Il faut noter que ce petit animal est une espèce en voie d'extinction.
L'auteure nous partage la raison du choix du lièvre d'Amérique, comme symbole, elle l'associe à la légende algonquienne de Nanabozo, une figure emblématique du passeur celui qui apparaît aux égarés sous forme d'un lièvre.
Tout au long du roman, elle alterne entre le passé et le présent, j'ai aimé cette bi-temporalité, ce qui nous permet de comprendre le personnage de Diane et les événements de la vie qui l'ont amené à cette transformation. C'est vraiment une belle lecture que je vous recommande de lire, Mireille Gagné, elle a une place de choix dans mon parcours de lectrice. Après deux recueils de poésie, elle a réussi à me convaincre encore une fois de son talent avec ce roman, merci !
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
Commenter  J’apprécie          10
Les éditions La Peuplade présentent le lièvre d'Amérique de Mireille Gagné comme une fable néolibérale. Entendons-nous : n'y cherchez pas les traces de M. de la Fontaine. Il présente un tout autre intérêt.
Pour ma part, ce court roman québécois relève de l'OLNI - Objet Littéraire Non Identifié. S'y mêlent du fantastique, du réalisme, un soupçon de science-fiction et un souffle de légende... ainsi qu'un découpage des chapitres à la manière d'un puzzle et des styles d'écriture audacieux. (Les chapitres sans aucune ponctuation sont tout simplement brillants tant cette absence donne une présence forte au sujet développé.)
Étant plus prolixe que synthétique, quelle gageure que résumer ce livre, surtout après avoir participé à un Cercle de lecture et une rencontre avec l'autrice !
le récit nous ouvre la porte de Diane. Diane vient de subir une mystérieuse opération censée la transformer, mais en quoi et pourquoi ? Pendant sa convalescence, on découvre son appartement impersonnel, on plonge dans les souvenirs de l'été de ses 15 ans à L'Isle-aux-grues qui marqua une rupture dans sa vie, on remonte le temps pour découvrir la Diane d'aujourd'hui workhaolic en quête d'hyper performance, étrangère à elle-même, coupée de sa nature et de ses racines.
Cette allégorie mystérieuse et captivante (je l'ai lue d'une traite !) nous touche au coeur par les sujets brûlants qu'elle aborde : l'aliénation du travail dans nos vies modernes, les complexités des relations sociales, la place de la nature dans l'équilibre humain, et finalement l'identité.
Le lièvre d'Amérique, Prix de création littéraire de la Ville de Québec et du Salon international du livre de Québec.

Lien : https://www.nathydeurveilher..
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (554) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature québécoise

Quel est le titre du premier roman canadien-français?

Les anciens canadiens
La terre paternelle
Les rapaillages
L'influence d'un livre
Maria Chapdelaine

18 questions
221 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature québécoise , québec , québécoisCréer un quiz sur ce livre

{* *}