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EAN : 9782925141969
216 pages
La Peuplade (18/01/2024)
3.92/5   70 notes
Résumé :
Province du Québec, 1942. Sur Grosse-Île, dans le fleuve Saint-Laurent qu’arpentent les sous-marins allemands, les gouvernements américain, britannique et canadien mettent en place un projet top secret. Des dizaines de scientifiques y sont réunis dans la plus grande discrétion, afin de mettre au point une arme bactériologique nouvelle. Des décennies plus tard, à l’occasion d’un épisode de canicule d’une ampleur inédite, des accès de rage bousculent la petite ville d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Amis lecteurs, je vais en angoisser quelques-uns !!
Pas trop ceux qui passent leurs étés à se faire bronzer sur la plage, plutôt leurs cousins vacanciers, plus rustiques, qui préfèrent les séjours à la campagne et qui connaissent mieux le problème.
Imaginez-vous dans votre retraite rurale par une journée torride, un temps à faire une petite sieste car vous transpirez à ne rien faire.
Vous sombrez dans une douce léthargie, quand soudain un vrombissement désagréable survole vos oreilles.
Là c'est notre présent, mais imaginez que la population des prédateurs se densifie et se généralise.
Mireille Gagné, notre autrice, ne va rien faire dans cette histoire pour nous rendre ces mouches piqueuses plus sympathiques. Qu'on les surnomme en France taons, de façon générale ou aux Québec taons à cheval, mouches à chevreuil ou encore frappabords.
Pour faire monter la pression, elle nous distille par petits paragraphes, tout au long de ce roman, des informations sur l'insecte. de sa naissance, ses caractéristiques détaillées, ses différentes armes, ses préférences, son mode opératoire.
A présent et dans un futur proche, ces mouches deviennent très hostiles à l'espèce humaine. Une vraie haine anime les dernières générations de ces bestioles. Je vous laisse Mireille nous la faire entrevoir : « Vous êtes partout. Vous ne pensez qu'à vous. Vous ne prenez pas la peine d'effacer votre trace. Au contraire, c'est votre unique manière de vous exprimer. Vous vous isolez de votre habitat. Depuis combien de temps êtes-vous incapables d'anticiper l'évolution de votre environnement ?.... En cet instant précis, vous devriez ressentir de la peur. Une angoisse viscérale et atavique dans le fond de vos tripes. Ne captez-vous pas le signal de rage que notre espèce envoie pour vous attaquer ? Nous avons décidé de vous agresser, de vous nuire, de vous contaminer ».
Parallèlement nous suivons, en 2024, l'existence simple mais un peu désordonnée d'un ouvrier, Théodore, vie réglée entre les trois huit de l'usine et les divertissements avec son amie de travail Marguerite. Les dérèglements climatiques se ressentent, et le Québec suffoque sous la canicule et comme si cela ne suffisait pas pour mettre les nerfs à vif, les frappabords pullulent. le sommeil de Théodore est donc très agité. Pour couronner le tout un message inquiétant reçu sur son cellulaire (portable de nos amis d'Outre-Atlantique) provenant du foyer pour personnes âgées. Emeril, le nonagénaire grand-père de Théodore, est très agité et les soignants ont dû l'attacher pour qu'il ne se débatte pas. Cette situation dégradante noue les intestins de notre héros et il finit par se rendre à l'hospice pour kidnapper son aïeul. Ils partiront tous les deux sur les traces du passé d'Emeril.
S'entremêle dans le récit l'histoire de Thomas pendant la seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1942 à Montréal, Thomas, jeune scientifique, est réquisitionné par l'armée canadienne avec une trentaine de chercheurs et de savants. Sans savoir le but de leur mission, ils sont transférés sur une île interdite au beau milieu du Saint-Laurent, sous la garde des militaires. L'inquiétude du jeune homme monte. Dans un premier temps, même si la mise à l'isolement lui pèse, sa spécialisation le désigne à une tâche pas trop ingrate inventorier la faune et la flore de l'île. Plus troublante, l'affectation des autres chercheurs qui manipulent entre autres le virus de la rage et de l'anthrax. Thomas se noue d'amitié avec Rachelle et Emeril, quelques autochtones résidants de l'île, engagés comme hommes à tout faire.
Quelle sera le sort de toutes ces personnes dans ce maelström d'angoisse ? Mireille Gagné ne nous ménage pas et manie habilement les temporalités des deux histoires tout en nous familiarisant avec la bête. J'aurais, sûrement, lu d'une traite ce court roman de deux cents pages si la fatigue du soir ne m'avait pas gagnée. Mireille possède un style très addictif et sait transcrire tout au long du récit la pesanteur de l'atmosphère et croyez-moi pas simplement du fait d'un soleil de plomb.
Si vous voulez en connaître plus sur la bébête et sur le final de ce roman, il vous faudra attendre le 18 janvier pour courir chez votre libraire préféré.
Reçu dans le cadre de la Masse Critique de Novembre, je tiens à remercier Babelio et les Editions La Peuplade de m'avoir fait hérisser les poils.
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"Je vous repère d'abord de loin, attirée par vos mouvements, mêmes infimes, et surtout par la chaleur et le dioxyde de carbone que vous dégagez. Je m'avance précautionneusement et hume votre odeur. Vous possédez tous des effluves différents. J'avoue préférer celui des mâles, un peu plus acidulé et épicé, terreux parfois, mais toujours enivrant."

2024, Canada, Théodore, fatigué, usé, par un travail répétitif, une chaleur exceptionnelle, épuisante, se traine pour aller travailler. Il passe des nuits à se battre contre les taons à cheval, des mouches à chevreuil, qui envahissent son appartement par le moindre interstice. Après la mort de ses parents, il est seul à s'occuper de son grand-père, qui vit dans un institut, ça lui retourne l'estomac de le voir attaché et si maigre.

"Délicatement, je dépose ma bouche sur votre peau suave, telle une langue chaude, initiant juste assez de succion pour en goûter la saveur. Une pulsion indescriptible m'envahit. J'entrouvre ma bouche et perce votre tégument de mon stylet en forme de couteau. La plaie ainsi ouverte laisse échapper les fluides corporels. Je suce et avale avec délectation votre sang, fabuleuses proies. Chaud. Sucré. Précieux. Vital. Je suis hématophage."

1942, afin de contribuer à l'effort de guerre, Thomas, chercheur dans une université de Montréal, est réquisitionné par l'armée canadienne, pour travailler en tant qu'entomologiste dans un laboratoire. Il se retrouve sur Grosse-Île, au beau milieu du Saint-Laurent, ils sont trente scientifiques : douze en provenance des États-Unis, quatorze d'Angleterre et quatre du Canada. le programme de guerre bactériologique déployé sur l'île était une collaboration entre ces trois pays. Pourquoi à cet endroit ? interdiction de discuter entre collègues ou avec le personnel de l'armée et les employés de l'île. "If you ever speak, people could die."

A l'ouest, dix spécialistes de l'anthrax s'activaient sur le projet N, un peu plus au nord, quinze virologistes travaillaient sur le projet R (pour Rinderpest), et à l'est, pour le projet F (pour Fly), collaboraient, un virologiste, un pathologiste, deux épidémiologistes et Thomas, spécialisé dans l'étude des insectes.

"Pour nous, les conditions idéales étaient réunies, ce qui nous permettait de nous multiplier abondamment. Vous auriez probablement ressenti de la nausée en nous voyant surgir sur les berges du Saint-Laurent : une nuée de frappabords, en une seule main sombre et vorace, caressant les herbes hautes au lever du soleil.
La plupart de mes congénères s'étaient réfugiés dans les champs où vous laissez paître le bétail. Je m'acharnais jour et nuit sur ces pauvres bêtes sans défense. J'adorais particulièrement leurs oreilles tendres. J'avais la possibilité de les savourer tout en observant leurs yeux désespérés. Cela les rendait complètement folles, et moi, fébrile."

2024, Les températures atteignent des sommets encore inégalés à ce jour au Québec…quarante degrés Celsius. L'énervement est à son comble, des cas de violence à Montmagny, des bagarres, la prolifération d'insectes. Des biologistes cherchent à expliquer l'importante éclosion de mouches à chevreuil dans la région.

"J'ai goûté toutes vos peaux, vos sangs, vos sueurs, hommes, femmes, enfants, malades, stressés, propres, sales. J'ai digéré toutes vos chairs dans l'objectif ultime de me reproduire un jour.
En même temps, cette attente remplissait chacune de mes cellules d'une délicieuse béatitude préorgasmique. J'avais appris de mes ancêtres que la patience se cultive ; on appelle cela la chasse.
Une envie si profonde s'est alors emparée de moi. J'ai craqué. Succombé. Abdiqué. Abandonné toute retenue."

Frappabord de Mireille Gagné, un livre très intéressant, sur un épisode de l'histoire que je ne connaissais pas, une fiction, inspirée de faits historiques. Une leçon aussi pour le futur de notre planète. le titre m'a attiré, ayant déjà croisé ces insectes dans "À la lisière du monde". Moi, qui prend les jambes à mon cou, au moindre bruissement d'ailes, c'est effrayant. Coucou les Canadiens, je vous aime, mais gardez-les chez vous, je vous assure qu'on a ce qu'il faut. Merci.

"Il n'existe pas de mot assez puissant pour décrire l'agacement, l'emportement, la tristesse, l'énervement, l'exaspération, l'impatience, la frustration, l'indignation, l'impuissance, la résignation, l'irritabilité, la susceptibilité, la fureur, l'amertume, la dureté, l'affolement, l'agitation, l'embrasement, la violence, la furie, la rage dévastatrice qui m'habite depuis ce jour-là. Quand je pense à toi et à ton espèce.
Je vous méprise. Je vous déteste. Je vous abhorre. Je vous exècre. Je vous aversionne. Je n'ai jamais vu des individus aussi malveillants envers eux-mêmes et les autres.
J'avais confiance que la canicule persisterait. Vous aviez suffisamment perturbé le climat pour permettre la poursuite de ce cycle. Je laissais leur destin entre les mains de la nature, sachant au plus profond de moi que j'avais parfaitement accompli ma mission. Je t'avais transmis bien plus qu'une simple morsure. Notre rage devenue tienne."

Un récit bien écrit et qui se lit très vite, une découverte pour moi.



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Frappe-à-bord ou frappabord
n.m.
[1874] Au Québec, nom générique donné à diverses variétés de mouches piqueuses. Surnommées également taon à cheval, mouche à cheval, mouche noire ou mouche à chevreuil, on dit qu'elles frappent d'abord leur victime avant d'arracher une parcelle de peau pour se nourrir de sang. [Genre Chrysops ; famille des tabanidés.]

Bzz… Tsss… j'imite mal la mouche… pourtant je suis là, à roder autour de ta tête, cette musique énervante, prêt à plonger sur ton corps, te lacérer un morceau de peau avant de te pomper quelques gouttes de sang. Que tu sois bucheron au sang imbibé de sueur et de caribou, ou fille de McGill au sang chaud et à la mini-jupe en poil de castor. Je prolifère dans cet été trop chaud pour le Québec, on pourrait se croire à Cancun, volant en nappe noire et se jetant sur ces proies faciles. La population s'exaspère de ces nuées sauvages, amenant des accès de fièvre et de rage.

Ces frappabords deviennent de plus en plus hostiles et méchamment furieuses, agressives. Parallèlement, le long du fleuve Saint-Laurent, je découvre l'histoire de Grosse-Île. Tout démarra en 1942 alors que des sous-marins allemands commencent à naviguer dans les eaux du fleuve. Les gouvernements américains, britanniques et canadiens décident d'y installer une station scientifique pour y effectuer quelques recherches. Des biologistes, des biochimistes, des militaires et un entomologiste débarquent, projet top-secret, dont celui de propager l'anthrax avec comme vecteur de propagation cette grosse mouche noire… Ouf ou bien sûr le projet n'ira pas jusqu'au bout, au dernier moment, le commandant demanda à brûler toutes les installations militaires, les recherches, le rivage. Mais…

Alternant le point de vue de l'entomologiste ou celui de l'insecte lui-même, l'originalité du récit propose une balade bucolique où au lever du soleil les herbes hautes caressent ses jambes et au coucher du soleil une main noire et bourdonnante s'attaque à leurs chairs... A la limite de l'anticipation, voilà un roman qui fait peur, peur parce qu'au final ce n'est pas qu'un roman. Oui tout est véridique ou presque. Ces expérimentations sur l'anthrax et la peste bovine ont réellement eu lieu à Grosse-Île entre 1942 et 1956, laissant un goût amer dans ma bouche (à moins que ça soit la saveur de mon IPA).
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La vengeance de la nature

Mireille Gagné revient avec un thriller écologique qui, à partir de recherches menées en 1942 par l'armée, va déboucher sur les mutations d'insectes. Durant l'été caniculaire de 2024, l'un des derniers témoins, va pousser son petit-fils dans une quête de vérité. Flippant!

Avant d'entrer de plain-pied dans ce roman, une petite définition, celle de Frappe-à-bord ou frappabord. Il s'agit, au Québec, du nom générique donné à diverses variétés de mouches piqueuses. Surnommées également taon à cheval, mouche à cheval, mouche noire ou mouche à chevreuil, on dit qu'elles frappent d'abord leur victime avant d'arracher une parcelle de peau pour se nourrir de sang. [Genre Chrysops; famille des tabanidés.]
C'est l'un de ces spécimens qui raconte dans le chapitre initial comment il se délecte des peaux douces et du sang de ses proies.
Sa victime s'appelle cette fois Théodore. Il est éreinté par son travail à la chaîne et par la canicule qui plombe l'Amérique du Nord et notamment Montréal et sa région. le jeune homme a laissé un trou dans sa moustiquaire et ne peut que constater les dégâts. À la douloureuse piqûre succède une rougeur et des démangeaisons.
Le lecteur suit ensuite les pas de Thomas en 1942, au moment où il est réquisitionné par l'armée. L'entomologiste est conduit sur la Grosse-Île du Saint-Laurent où, aux côtés de dizaines autres scientifiques, il participe à un programme de recherches secret. Ou plus exactement, comme il le découvrira plus tard, à l'un des trois programmes lancés conjointement par les armées américaines, britanniques et canadiennes.
Tout d'abord, le projet N (pour Anthrax, ou maladie du charbon en français) doit «produire par semaine cent-vingt kilos d'anthrax destinés à fabriquer mille-cinq-cents bombes». Puis vient le projet R (pour Rinderpest), qui «développe un vaccin contre la peste bovine afin de le produire en quantité suffisante en cas d'attaque allemande sur le bétail des Alliés.» Et enfin le projet F (pour Fly), celui de Thomas, chargé de «développer des méthodes de propagation d'épidémies à l'aide d'insectes (...) Les savants avaient pour objectif de les introduire dans les organismes de différents insectes afin que ceux-ci deviennent des vecteurs de transmission de ces agents pathogènes.»
Si le frappabord est bien le rapport entre les expériences de 1942 et les insectes particulièrement virulents de 2024, un second point commun va surgir, le grand-père de Théodore. À l'époque, il vivait sur la Grande-Île et s'inquiétait des recherches menées là.
Particulièrement agité, le vieil homme est aujourd'hui attaché sur son lit dans le pensionnat où il vit. Des conditions de vie qui vont choquer son petit-fils. Aussi décide-t-il de libérer l'aïeul et de fuir avec lui.
Dans leur fuite, ils retrouveront la Grande-Île et les frappabords pour un final en apothéose.
Ce qui fait froid dans le dos à la lecture de ce thriller écologique, c'est qu'il se base sur des faits réels. Comme l'explique Mireille Gagné, «des recherches biologiques sur la peste bovine et l'anthrax ont réellement eu lieu à Grosse-Île, au Canada, entre 1942 et 1956. Des manipulations expérimentales ont également été réalisées par l'armée américaine à Fort Detrick, aux États-Unis, pour utiliser les insectes comme vecteurs potentiels de contamination.» À partir de là, l'autrice du lièvre d'Amérique a tissé ce livre au suspense haletant. de 1942 à 2028, on suit les apprentis sorciers qui, sous l'effet du réchauffement climatique, réveillent les vieux démons.
Frappabord est certes un roman d'anticipation, mais si proche d'aujourd'hui que les pessimistes se diront qu'il est déjà trop tard et que les optimistes y liront l'urgence d'agir.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.



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Dans ce roman, l'autrice ose donner la parole à une de ces infâmes bestioles dont le bizz-bizz continuel est comme les sirènes qui préviennent des bombardements, presque aussi dérangeant que la piqûre elle-même.

De quoi « piquer » votre curiosité ?

Ajoutons un retour à la Seconde Guerre mondiale où des laboratoires bactériologiques ont été installés sur une île du fleuve St-Laurent.

Et lorsque les insectes risquent aussi d'être porteurs de virus mortels, l'histoire tourne au cauchemar.

Vous aurez compris qu'il s'agit d'un roman dystopique, savoureux mélange d'écologie et d'imaginaire, mais rien de lourd, car porté par une belle écriture.
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critiques presse (5)
LActualite
11 mars 2024
Il propose un équilibre parfait entre le passé et le présent, et inclut même d’habiles petits chapitres qui présentent le point de vue de l’insecte honni. L’intrigue est plutôt limpide et se laisse dévorer d’une traite.
Lire la critique sur le site : LActualite
LeJournaldeQuebec
22 février 2024
Dès les premières lignes, on est fascinés. La menace écologique se terre depuis des décennies, et elle est de surcroît racontée du point de vue de l’espèce qu’on a cherché à transformer. Troublant !
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
01 février 2024
Dans Frappabord, l'écrivaine se penche sur les mystérieuses expériences scientifiques réalisées sur la Grosse Île.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeJournaldeQuebec
29 janvier 2024
Son livre, écologique, intrigant, subtil et tumultueux à souhait rappelle à quel point l’humain peut être destructeur quand il fait des recherches scientifiques.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
22 janvier 2024
Inspiré de faits historiques, le nouveau roman de Mireille Gagné, Frappabord, prend par moments l’allure d’un cauchemar éveillé. Terriblement inquiétant, mais furieusement captivant.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Vous [les êtres humains] êtes partout. Vous ne pensez qu'à vous. Votre odeur chimique trop puissante se répand avec la pollution que vous générez. Vous défigurez tout sur votre passage. Vous ne prenez pas la peine d'effacer votre trace. Au contraire, c'est votre unique manière de vous exprimer. Vous vous isolez de votre habitat. Depuis combien de temps êtes-vous incapables d'anticiper l'évolution de votre environnement ? De décrypter les comportements hérités de vos ancêtres ? C'est pourtant ce qui vous a permis de survivre jusqu'ici. En cet instant précis, vous devriez ressentir de la peur. Une angoisse viscérale et atavique dans le fond de vos tripes. Ne captez-vous pas le signal de rage que notre espèce s'envoie désormais pour vous attaquer ? Nous avons décidé de vous agresser, de vous nuire, de vous contaminer. Et nous ne devons pas être les seules. Vous avez déréglé le mécanisme à un point tel qu'il n'y aura pas de retour en arrière possible. Ce n'est qu'une question de temps avant que vous soyez éjectés. La Terre ne pourra pas vous endurer encore bien longtemps. Je rêve qu'elle vous expulse de son immense gosier, à la manière d'une bouchee avariée. Je m'en réjouirai, nous jouirons tous de plaisir, enfin libérés de votre présence, de votre échec. Personne n'a signé de contrat d'éternité avec vous.
(P. 152)
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La plupart de mes congénères s'étaient réfugiés dans les champs où vous [les êtres humains] laissez paître le bétail. J'ai donc opté moi aussi pour cette destination, et j'y suis restée un certain moment, tâchant de satisfaire mes envies. Je m'acharnais jour et nuit sur ces pauvres bêtes sans défense , évitant habilement leur queue, leur causant de légères souffrances que seule la nature peut infliger sans remords. J'adorais particulièrement leurs oreilles tendres. J'avais la possibilité de les savourer tout en observant leurs yeux désespérés, la fraction de seconde où elles ressentaient ma morsure sans pouvoir me déloger. Je m'accrochais à leur tête, buvant leur sang chaud et épais. Parfois, je prenais plaisir à retarder ma croquée, m'assurant qu'elles détectaient ma présence dès mon atterrissage. Cela les rendait complètement folles, et moi, fébrile.
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Thomas a aussitôt eu une pensée pour son père qui lui avait un jour dit : « On ne peut jamais savoir qui sont nos véritables ennemis avant de leur avoir fait confiance. » Il avait bien raison.
(P. 125)
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La guerre avait cette capacité de déformer la réalité d'une telle manière qu'en isolant les gestes, elle rendait presque acceptables les pires crimes contre l'humanité.
Comment les autres chercheurs et les militaires vivaient-ils avec ce fardeau écrasant ? Se regardaient-ils dans le miroir ? Lui, dès qu'une surface réfléchissante lui renvoyait son visage, il apercevait ses yeux horrifiés, le regard de sa mère sur lui, de son père, leur incompréhension de le voir participer à pareil vertige, leur déception, mais aussi leur affolement.
(P. 78)
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Émeril les appelait des taons à cheval. Il avait bien averti Thomas de ne pas leur permettre de se poser sur sa peau, car leurs piqûres étaient aussi douloureuses qu’un coup de poing, mais c’était peine perdue.

(La Peuplade, p.49)
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Vidéo de Mireille Gagné
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Avec:
Nora Atalla, autrice Laurence Gagné, autrice Alex Thibodeau, autrice Salomé Assor, autrice Mireille Gagné, autrice Marie St-Hilaire-Tremblay, autrice Rosalie Lessard, autrice Catherine Cormier-Larose, animateurice Gaële , Musicien
Livres:
Nora Atalla, Morts, debout!, Écrits des forges Alex Thibodeau, Infantia, le lézard amoureux Laurence Gagné, Les jardins de linge sale, le lézard amoureux Salomé Assor, Un, Éditions Poètes de brousse Marie St-Hilaire-Tremblay, Noctiluque, Éditions Les herbes rouges Mireille Gagné, le ciel en blocs, éditions l'Hexagone Rosalie Lessard, Les îles Phoenix, éditions du Noroît
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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