«
La Pochtronne de Belval » C.Gaillard
Une jolie nouvelle qui fait la lumière sur le destin d'une femme, en 1932, mineure de fond, exploitée par le système, opprimée par les hommes, prisonnière de sa condition de femme et de travailleuse, condamnée au labeur, à la maternité et à la domination masculine qui trouve un refuge trompeur et dangereux dans le vin. Comme beaucoup d'entre elles, ce qui est au début un simple dérivatif, un palliatif accessible va devenir un piège mortel et l'évasion recherchée se transforme en fuite en avant. Cependant, le destin ne va pas accabler cette femme à l'instar de ses consoeurs moins chanceuses des romans naturalistes traitant du sujet. Au contraire, il va lui offrir une 2de chance dans un locus amoenus inattendu, un havre de paix coupé des hommes, de la besogne ingrate, une bulle hors du monde et de ses réalités : l'abbaye de Belval. Une nouvelle pudique, silencieuse, sans excès de mot et sans effets de style superflus qui nous permet d'entrer dans le quotidien cruel puis rédempteur de cette fille ordinaire. La sororité muette mais sincère, la solidarité féminine et le grand miracle d'un Dieu pourtant absent du récit en sont les points forts. Elle qui ne peut plus croire mais qui se sauve dans ce lieu sacré… l'auteure laisse planer le mystère et chacun y trouvera sa réponse. Une lecture plaisante, un genre qui oblige aux mots justes, à l'économie de personnage, qui se centre sur l'essentiel tout en créant l'émotion et en suscitant les questionnements, et c'est une nouvelle très réussie. La première que je lis de
Cécile Gaillard et sûrement pas la dernière. Je recommande !