Citations sur Lily et Braine (11)
L'émotion, pas la peur. Un peu la peur quand même. C'est toujours comme ça quand on entre dans un lieu familier à une heure interdite. Tout est là mais sans nous. Pas grand chose à dire, c'est juste un instant tragique.
Oui, moi, dit Braine, je ne trouve jamais de place, je n'en ai peut-être pas, aucune, nulle part, je dis peut-être mais la chose est sûre, ça se sent, ces choses-là, ça se sait, on le sait en naissant.
Tu ne lis jamais. Tu n'aimes pas lire? Non, dit Lily, ça me fait réfléchir. C'est plutôt bien? dit la mère.
Non, dit Lily, c'est pas bien, ça me raconte des histoires qui me font envie, et tôt ou tard je me demande si la mienne vaut la peine.
Braine ajoutait : Et tu te coifferas comme j'aime ? On verra ça, disait Lily, et le dimanche elle arrivait avec ses nattes, deux tresses arrêtées par des rubans du même bleu que les fleurs de la robe.
Ca faisait comme si des papillons aux ailes bleues s'étaient posés sur ses épaules blanches. De loin, c'est vrai, on aurait dit la « La princesse aux papillons », quand Braine la voyait arriver les dimanches d'été dans cette robe que le vent rendait folle et la lumière transparente de légèreté.
Lily était venue l'attendre à la gare. Elle n'était pas venue seule. Deux autres vivants lui tenaient compagnie. Un enfant et un chien. Un petit garçon de trois ans et un chien du même âge. Le fils de Braine s'appelait Louis. La chienne de Lily s'appelait Lucie.
Elle disait à Braine : Si j'en fais deux, je n'en prends qu'un, je leur laisse l'autre. Tu m'aideras à le choisir? Et s'ils refusent, je prends les deux et j'en tue un : Tu m'aideras à le choisir ?
Lily était venue l'attendre à la gare. Elle n'était pas venue seule. Deux autres vivants lui tenaient compagnie. Un enfant et un chien. Un petit garçon de trois ans et un chien du même âge. Le fils de Braine s'appelait Louis. La chienne de Lily s'appelait Lucie.
Parvenu au poste de travail, Gasquet lui dit : Je sais ce que tu vas me dire. Ca m'étonnerait, dit Braine, mais dis toujours.
Et moi ? dit-il en riant, ses rides apparaissaient quand il riait : Vous me remettez ?
Bien entendu, dit Braine, vous êtes chef d'atelier, vous m'avez appris à travailler, il allait dire à vivre, c'est un peu la même chose, vous vous appelez René Duvall, avec deux « L » comme l'acteur de cinéma, mais tout le monde vous appelle monsieur René : Vous avez du travail pour moi ?
Il alluma la radio. Le poste était réglé sur la chaîne ou station préférée de Lily : «Radio Memory», qui diffusait à longueur de journée les chansons du passé, souvent très jolies, toujours tristes, comme celle-ci dont la mélodie s'évadait dans l'atmosphère du soir d'été : Que reste-t-il de nos amours ?