Par les vitres, un paysage désolé défilait. Désolé, vide et oppressant comme l'était l'atmosphère dans l'autocar. Des montagnes abruptes couvertes d'une herbe rase. Un océan déchaîné omniprésent et un vent constant qui faisait rageusement tanguer notre refuge ambulant. Quelques moutons apparaissaient ici ou là. Une maison aussi parfois et je me demandais quelles fautes avaient bien pu commettre le propriétaire pour être condamné à vivre là.
La mer était noire et peinait à effacer ses emportements nocturnes. Les montagnes qui la bordaient étaient blanchies par une fine pellicule de neige tombée avec le lever du jour. Un paysage en noir et blanc qui s'accordait parfaitement avec mes afflictions nées de la nuit.
Ce qui importe dans la vie, c'est ce que l'on a fait entre le jour où l'on y est entré et celui où on la quitte. Il doit être agréable d'avoir quelques raisons d'en être fier. Le plus souvent, c'est là que ça pèche.
Il en va des souvenirs comme de nos actes, il y a ceux que l'on voit surgir avec bonheur et nostalgie et puis il y a les autres, ces stigmates, ces ombres que l'on tait, que l'on aimerait chasser de notre mémoire. Mais rien ne s'efface jamais. On fait avec. Au mieux, on apprivoise.
La vie est une fausse note. Elle en est truffée. Penser autrement, c'est passer à côté de son existence.
Les vagues ne courent jamais seules à la surface des océans, pas plus que les épreuves sur le fil de la vie.
Il y a des mots qu'on aimerait ne jamais avoir à prononcer, des choses que l'on voudrait ne jamais entendre et des situations auxquelles on ne devrait jamais avoir à faire face. Vivre, c'est être sur ses gardes en permanence, c'est ce que je me suis dit.
On était d’accord pour dire qu’il en allait du grindadráp comme les religions : ils invitent une communauté à se livrer à des rites, en dehors de toute logique, dans le seul but de rendre la barbarie respectable au nom de ce qui serait sacré.
Ma seule arme, c'est la pique de mon violoncelle. Quant au courage, j'en ai juste la quantité nécessaire pour affronter un public.
Il m’est venu à l’esprit que le végétal est plus rationnel que l’homme. Pourquoi chercher à se reproduire quand les conditions propices à une existence viable et un minimum sereine ne sont pas réunies ?