Nicholaa avait transformé la carte bien tracée de sa vie en un délicieux chaos.
- Justin ?
- Oui ?
- J'aime Royce.
- Je le savais déjà, Nicholaa, déclara-t-il avec une petite grimace.
- Comment cela ?
- à la manière dont tu le regardes.
Elle tenta de déchiffrer les réactions de Royce devant cet échange édifiant. Penché sur sa tâche, il souriait.
- Je veux que tu sache autre chose, Justin, continua alors Nicholaa. Royce m'aime.
- Je le savais aussi, annonça Justin en riant.
- Je vous aime.
C'est seulement en entendant ces mots qu'il réalisa toute leur importance à ses yeux. C'était un miracle, un don précieux. Comment diable pouvait-elle l'aimer ?
Elle était son miracle à lui. Alors qu'il avait le visage couturé de cicatrices, elle notait seulement les étincelles dans son regard. Sa silhouette, par exemple, qu'il considérait comme massive, devenait sous son regard délicieusement puissante. Et tout à l'avenant ! Dés qu'il s'agissait de lui, Nicholaa était aveugle, et il n'aurait pas assez de toute sa vie pour remercier Dieu de cette incompréhensible cécité.
- Mais vous ne m'avez toujours pas donné de réponse. Voulez-vous que je vous aime ?
- Je dois vous avouer mon ignorance de ces choses, reconnut-il d'une voix hésitante. Voulez-vous m'aimer ?
Elle aurait surtout voulu l'étrangler.
- Maman avait l'habitude de répéter qu'on prend plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre.
Cette déclaration n'avait ni queue ni tête. Où voulait-elle en venir ?
- Mais en quoi diable cela vous intéresse-t-il ?
- De quoi ?
- D’attraper des mouches ?
- Mais je ne veux pas attraper de mouches, se récria-t-elle. C'est vous que je veux attraper !
On lisait dans son regard, comme dans un livre ouvert. Ses expressions réjouissaient l'âme à force d’honnêteté et de transparence. Son coeur se serra.
Nicholaa était comme une fleur fragile, si délicate, si incroyablement douce, si émouvante.
En attendant, sa délicate petite fleur poussait les jurons les plus grossiers qu'il eût jamais entendus.
Seuls les morts deviennent des légendes... Pas les vivants.
- Par tous les saints du paradis, si c'est un combat à mort, ni l'un ni l'autre ne gagnera, annonça-t-elle, parce que je vais les tuer tous les deux !
Les épouses étaient un fléau...Dés qu'un mari se souciait un tant soit peu de sa femme, ses ennemis pouvaient l'utiliser contre lui... et s'en servir comme d'une arme pour le détruire.
De toute façon, les mêmes lois régissaient le mariage chez les Saxons et les Normands. Des lois établies par l'Église. Le mari est le seigneur du logis et sa femme lui est soumise.