« Oui, Monsieur. C’était une toute petite femme.Blonde, frêle, maquillée, elle se promenait dans la brousse en fumant des cigarettes américaines et, au début, nul au monde ne l’aurait empêchée de changer de robe deux fois par jour. […]
Et c’est ainsi que la petite femme nous arriva avec un nombre prodigieux de malles et un pékinois. Car elle avait emporté son pékinois avec elle ! »
(...) Il n'y a guère de gens vraiment tristes dans le coin. Les salauds ne sont jamais tristes.
(...) C'est une drôle de question, d'ailleurs, tu fais quoi dans la vie ? Vous l'a-t-on déjà posée ? C'est une question qui vous donne la réelle impression que le seul fait de vivre ne suffit pas ; elle met la vie en minorité, si l'on peut dire, elle la relègue au deuxième rang, comme si ce n'était pas assez d'être vivant, comme s'il fallait encore payer un tribut.
(...) Il est tout à fait normal, à trente années de distance, de parer la femme qu'on aime de toute la beauté, l'intelligence et la perfection du monde et bien souvent une telle exaltation ne signifie rien d'autre que l'oubli du passé.
(...) Je n'essaierai pas de traduire le terme "fuckburger" que je vis écrit à la craie sur le panneau affiché devant le snack à hamburgers du Sunset Strip. Je me suis dit, évidemment, qu'il s'agissait d'une variation du cheeseburger ou du hamburger, mais si cheeseburger signifie que l'on a ajouté du fromage à de la "viande hachée", qu'est-ce au juste que l'on ajoute pour faire un fuckburger, je n'en sais rien. Sans doute fallait-il entendre quelque chose de particulièrement délicieux. J'entrai donc, intrigué par l'endroit, et non sans être animé de certaines espérances. Il est encourageant, à l'âge de cinquante-trois ans et après une vie bien remplie, de tomber sur une nouvelle espèce d'espoir ou de promesse d'expérience encore inconnue.
(...) on ne peut pas demander un fuckburger de but en blanc. On n'a pas envie de se faire traiter de vieux cochon.