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Citations sur Chien 51 (121)

Il voudrait ajouter que oui, elle a raison, c’est bien de là qu’il vient, que oui, il a traversé ces jours sauvages et qu’il y a perdu un peu de ce qu’il était, mais que non, ce qu’il a vécu là-bas, elle ne pourra jamais en avoir la moindre idée, et que même, il lui interdit de prononcer ce mot sacré de « Grèce » devant lui, car elle ne sait pas, ne saura jamais ce que c’est que le bruit d’un pays qu’on étouffe.
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Je n’ai jamais été qu’un corps pour le divertissement des hommes, une bouche dans laquelle ils se soulagent et des fesses qu’ils aimaient tâter comme on le fait de la croupe d’un cheval. J’ai été brièvement Ira Cuprack, puis plus personne. J’ai quitté cette vie qui ne m’aura rien offert, cet appartement où je n’ai presque rien laissé. Je n’avais pas encore commencé à être celle que je voulais devenir. L’oubli me recouvre, l’oubli d’une toute petite vie qui ne laisse que quelques traces sans contour, l’oubli et puis plus rien.
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Bareïm se met à rire de sa propre remarque - ce qui fait bouger toute sa carcasse. C'est à ce moment-là qu'on entend la voix électronique de son Curasix monter de sa poche :
"IMC : 39,7...Artère bouchée à 67%. Pression sanguine saturée à + 16. Il vous reste six ans, huit mois et vingt-deux jours à vivre..."
Le géant fouille dans sa parka, un peu honteux, et éteint l'appareil.
"Putain...Il suffit que je rigole ou que je tousse pour que cette saloperie se déclenche..."
Sparak le regarde, un sourire un peu narquois sur ses lèvres. Ainsi donc le gros Baréïm a cédé à la mode de ce petit gadget inutile qui fait fureur. En récoltant quelques données, il annonce fièrement à son possesseur les heures de vie gagnées si celui-ci mange mieux, fait du sport, monte les escaliers à pied. Il n'aurait jamais pensé que Baréïm ait le souci de se ménager et cela le fait rire. Baréïm le voit et dit, comme pour répondre à la phrase que Sparak n'a pas prononcée :
'C'est ma femme..."
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Cela avait commencé par des manifestations aux check-points. La nouveauté n’était pas que des habitants de la zone 3 se plaignent de l’humiliation subie au quotidien, veuillent assouplir les protocoles de déplacement et réclament davantage de laissez-passer, la nouveauté était que des résidents de la zone 2 se mêlent à eux. Ils étaient quelques-uns à venir aux manifestations et à demander plus d’équité. Ils revendiquaient le droit d’interroger le fonctionnement même de GoldTex. Le but de l’entreprise était-il d’offrir un paradis à un petit nombre en asservissant l’immense majorité des autres cilariés ?
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Il sent que les visions l’invitent à revenir à ce moment, dans les caves du commissariat, juste après son arrestation. Il n’a tenu ni plus ni moins longtemps qu’un autre. Il s’était promis, comme tous ses frères d’armes, que si on l’arrêtait, il ne dirait rien, persuadé d’être dur, plus dur que les autres, tant il y avait de rage en lui. Et peut-être se serait-il découvert effectivement héroïque face à la brutalité, capable d’endurer en silence au-delà de toute limite. Mais ce n’était pas ce qui s’était passé. Ils ne l’avaient pas frappé. Ou à peine. Ils avaient utilisé d’autres armes. Il se souvient parfaitement de cela : cet instant où le cerveau s’aperçoit qu’il ne s’est pas préparé à ce qui vient, le trouble qui monte et empêche de réfléchir. Ils lui avaient demandé ce qu’il préférait : donner dix noms de son réseau ou se taire et, alors, ils iraient arrêter Léna Farakis. Il avait sursauté. Comment connaissaient-ils ce nom ?
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De mon expérience, il y a toujours eu des esclaves pour que les privilégiés aient les joues roses et le ventre bien rebondi.
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Cette ville, décidément, n'a pas de mémoire.
Tout s'y perd et disparaît.
Depuis son dernier passage, la plupart des commerces ont changé.
Les publicités sont nouvelles, les visages sur les écrans lumineux sont toujours plus frais, toujours plus souriants.
En zone 3, quand un commerce ferme, c'est que le patron est mort ou qu'on a brûlé sa boutique.
Ici, c'est différent.
Tout change tout le temps ...
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Cela inquiétait peu les sphères du pouvoir et les dirigeants souriaient lorsqu’ils évoquaient ces hurluberlus. Mais les voix se multiplièrent. Elles parlaient d’une autre structure possible, affirmaient que la richesse n’avait de valeur que si elle était partagée, que GoldTex devait avoir le courage de l’utopie, que c’était la noblesse de l’esprit d’entreprise que de rester pionnier.
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Le ciel du matin est traversé de longs nuages jaunes qui s'étirent comme des fils de laine sale.
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Elle comprend ce qu’il a dans les yeux : le désir est monté en lui. Alors elle s’approche, touche sa main du bout des doigts et pose ses lèvres sur les siennes. Elle le fait doucement, avec une infinie précaution. La lenteur du mouvement est une sorte de cadeau qui l’émeut. Il se sent à la fois soulagé et impatient.
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