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EAN : 9782330168339
304 pages
Actes Sud (17/08/2022)
3.73/5   1655 notes
Résumé :
Autrefois, Zem Sparak fut, dans sa Grèce natale, un étudiant engagé, un militant de la liberté. Mais le pays, en faillite, a fini par être vendu au plus offrant, malgré l’insurrection. Et dans le sang de la répression massive qui s’est abattue sur le peuple révolté, Zem Sparak, fidèle à la promesse de toujours faire passer la vie avant la politique, a trahi. Au prix de sa honte et d’un adieu à sa nation, il s’est engagé comme supplétif à la sécurité dans la mégalopo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (290) Voir plus Ajouter une critique
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sur 1655 notes
Pas très obéissant le toutou du futur.
Laurent Gaudé transforme en or littéraire tout ce qu'il touche et la dystopie n'échappe à son alchimie. C'est quoi comme maladie, la dystopie ? Il s'agit d'un pessimisme pathologique qui augure du pire pour aspirer au meilleur. Nos oracles n'ont pas le moral et anticipent les emmerdements.
Chien 51, c'est Zem Sparak, un policier grec qui n'est pas au meilleur de sa forme. Son pays a fait faillite. Encore.... Oui. La dette de la Grèce est antique mais, ce coup-ci, accuser l'Europe de ses propres turpitudes et demander aux habitants de payer leurs impôts n'a pas été suffisant.
Le climat n'a pas aidé. Avec les pluies acides et des chaleurs de rôtissoires dominicales avec un soleil qui chauffe plus que celui des Scorta, le touriste a eu moins envie d'aller danser le Sirtaki à Mykonos avec sa chemise ouverte en lin, un verre d'ouzo à la main.
La Goldtex, multinationale gloutonne, sauvage comme une Amazone, a racheté le pays, privatisé les Hellènes, garçons et filles compris. Il ne faut plus parler de citoyens mais de Cilariés. Tout un programme.
Zem Sparak, dans sa jeunesse étudiante et révoltée, avait essayé de résister mais une répression sanglante avait anéanti le mouvement de protestation.
Depuis, la population est répartie dans les 3 zones d'une mégalopole baptisée Magnapole.
Dans la première zone, une classe de privilégiés et de dominants, dans la seconde, la classe moyenne qui trime et qui consomme, et dans la troisième, c'est le remake de New York 1997 de John Carpenter avec sa cohorte de miséreux et sa violence. Zem Sparak officie dans ce no man's land. Une loterie permet à certains chanceux de gagner le droit de changer de zone. Cela s'appelle entretenir le désespoir. Les checkpoints entre chaque zone sont plus hermétiques que les frontières de la Corée du Nord. Ce n'est pas la douane qui chasse la bouteille de Pastis et les cartouches de clopes à la sortie de l'Andorre.
La découverte d'un corps dépecé va troubler l'équilibre des forces et Chien 51 va devoir collaborer avec une inspectrice ambitieuse de la zone 2, parfaitement intégrée à cette société privatisée.
L'auteur nous projette dans un futur pas si lointain et à priori, faire pipi sous la douche, interdire les barbecues et baisser d'un degré la température du jacuzzi n'a donc pas suffi à sauver la planète.
Si le roman reprend les recettes du héros fatigué, revenu de tout pour aller nulle part, le récit de Laurent Gaudé transcende le genre et je me suis laissé entièrement absorbé par ce polar de SF qui aborde les crises sociales, migratoires, économiques et écologiques de l'époque sans tomber dans le pamphlet caricatural. L'intrigue est une réussite, certaines idées sont vraiment originales comme le Loveday ou celle du dôme climatique et le dénouement peu prévisible. Cette escapade dans le lendemain n'a pas raturé le style très fluide du Goncourisé. Un auteur américain en aurait fait 300 pages de plus mais Laurent Gaudé sait aller à l'essentiel.
Pour un tel coup de coeur, il est difficile de trouver quelque chose à redire mais si je cherche la petite bête, je dirai que le personnage féminin manque un peu d'épaisseur par rapport à Zem Sparak et que l'auteur fait un peu trop l'impasse sur de potentielles évolutions technologiques et leurs conséquences. Je ne m'attendais pas à un remake de Star Trek ou à des combats au sabre laser, mais il est difficile d'imaginer un tel statu quo en la matière.
Dans cette rentrée littéraire, jusqu'à présent, je n'ai pas trouvé mieux mais je ne sais pas ce que me réserve le futur.



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Les auteurs qui osent se renouveler en abordant des styles dans lesquels on ne les attend pas forcent le respect. Ces auteurs prennent le risque de déstabiliser leur lectorat habituel et de s'attirer les fourches caudines des aficionados du style abordé, c'est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit d'un style clivant comme peut l'être la science-fiction. Mais c'est en même temps pour un écrivain c'est une façon de se remettre en cause, de relever un défi, de trouver de nouvelles sources de motivation et de créativité.

Laurent Gaudé a osé, « Chien 51 » est en effet un livre de science-fiction, sa première dystopie dans laquelle, une fois le décor planté, il fait vivre avec efficacité une enquête policière. Je trouve le pari totalement réussi tant le livre est bien construit, intéressant et prenant. Il faut dire que Laurent Gaudé n'a pas fait preuve d'une imagination totalement farfelue pour planter le décor de son livre, il s'est appuyé sur notre réalité et a poussé le curseur juste un peu plus loin.

Imaginez un peu…

Imaginez qu'un pays en faillite, comme la Grèce il y a quelques années, soit purement et simplement racheté par une grosse firme multinationale en contrepartie d'en assurer la gestion, de faire travailler ses habitants, devenus des « cilariés », mélange de citoyens et de salariés. Une privatisation au cours de laquelle l'État disparaitrait. Farfelu ? Pas tant que ça lorsque nous voyons le pouvoir croissant que certaines grosses entreprises planétaires ont et dont elles abusent pour influencer de façon de plus en plus inquiétante les États.

Imaginez un monde dans lequel le climat soit totalement déréglé de sorte que des tempêtes terribles puissent se déchainer subitement, de sorte que les températures soient extrêmes, et où la pluie soit une pluie acide et jaune sous laquelle il n'est pas bon de chanter de façon primesautière. Farfelu ? Cela se passe de commentaire.

Imaginez, dans un tel pays géré par une firme multinationale, la mise en place d'une politique de zonage. Les rares personnes les plus éminentes (hommes et femmes politiques notamment) vivraient dans la zone 1, zone idyllique et luxueuse protégée totalement de l'extérieur par un dôme climatique, les personnes diplômées (ingénieurs, médecins, cadres par exemple), elles, seraient immédiatement invitées à signer un contrat d'embauche pour une durée de dix ans renouvelables. Ils auraient ainsi le fameux statut de « cilariés » et vivraient en zone 2, zone au calme relatif protégée de l'extérieur elle aussi par un immense dôme climatique. Les personnes non qualifiées mais qui avaient un travail dans le pays racheté seraient invitées à rejoindre la zone 3, une immense zone suburbaine ouvrière où les immeubles délabrées côtoient les nouvelles constructions à logement intensif. Une zone pauvre, sans végétation, truffée de terrains vagues à la chaleur écrasante. Une zone 3 sans dôme climatique. Quant aux chétifs, aux délinquants, aux prisonniers, eux seraient tout simplement rejetés de la mégalopole, déportés on ne sait où. Des zones bien délimitées séparées par des check-point. Farfelu ? Pas tant que ça, ce serait ramener au niveau local l'existence des inégalités que nous avons déjà tant et tant exploitées au niveau mondial, faisant des peuples les plus pauvres des cobayes pour les plus riches.

Imaginez un jeu de loterie qui promet à un résident de la zone 3 de devenir habitant de la zone 2. Ce jeu appelé « Destiny » permettrait de maintenir l'espoir des plus démunis, n'empêchant pas cependant des périodes d'émeutes revendiquant la fin des zones, l'addition des zones 2 et 3, la disparition des check-points.

Imaginez enfin une technologie médicale permettant à quelques rares élus de la zone 1, les Honorables, de bénéficier d'une greffe permettant de vivre plus longtemps, de n'avoir pas de maladie, d'usure lié à l'âge. Une technologie qui vaudrait de l'or et qui susciterait quelques convoitises. Pas si farfelu, n'est-ce pas ?

Voilà le décor visionnaire planté par Laurent Gaudé dans lequel nous allons rencontrer Zem Sparak, un « chien », à savoir un policier déclassé de la zone 3. Il vient De Grèce et a vécu ce moment terrible où son pays, qui n'existe plus, a été racheté par la firme GoldTex. C'est une personne amère et sombre qui a tout perdu, famille, amis, amour, qui n'a pas réussi à empêcher la dislocation de son pays malgré son engagement, et qui vit avec la honte d'une terrible trahison faite juste avant son départ. Un matin, en pleine zone 3, il découvre sur un terrain vague un corps retrouvé ouvert le long du sternum, éventré tel un poisson vidé de ses entrailles. L'homme mort venait de la zone 2. Placé sous la tutelle d'une inspectrice de la zone 2, Salia, il se lance dans une longue investigation.
Durant ses seuls moments de répit, la nuit, Zem va retrouver les images chéries de sa Grèce natale grâce à la technologie Okios, aussi addictive que l'opium.
Le binôme va peu à peu remonter la piste du meurtrier, au prix de leur santé, au prix de leur vie.

« C'est ce soir-là qu'il avait eu, pour la première fois, l'impression d'être un oeil. Il était immobile et laissait venir à lui toutes ces ombres, petits travailleurs, vieillards alcooliques, enfants mal lavés, femmes éreintées par la course des jours. Il les regardait et il lui sembla qie c'était pour être là, parmi eux, qu'il avait fait ce long chemin depuis la Grèce : arriver jusqu'à cette place des Feux et être celui qui contemple ceux qu'on ne voit pas. Peut-être était-ce à cela qu'il était destiné : être l'oeil qui voit les masses éreintées ? Non pas pour les protéger mais pour que l'oubli ne tombe pas sur leur vie. Pour que lorsqu'un d'entre eux mourrait assassiné, il soit fait promesse de trouver le meurtrier, de réparer le scandale. C'est à cela qu'il allait donner sa vie ».


Pays privatisés, sélection et zonage des cilariés, technologies invasives, dérèglement climatique, c'est dans ce décor glaçant que Laurent Gaudé déroule de main de maître une enquête policière haletante et sombre, empreinte de nostalgie pour ce qui fut, souvenirs précieux et lumineux telles des étoiles porteuses d'espoir en ce monde menacé devenu menaçant. L'écriture est belle, fluide. L'intrigue est bien menée et les personnages, notamment Zem Sparak, de plus en plus attachant. Une très bonne surprise que cette intrusion dans le monde de la SF, du polar SF, par un Laurent Gaudé bien inspiré !
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Chien 51 est une troublante dystopie, un fabuleux polar d'anticipation dans lequel Laurent Gaudé scrute le présent, ses maux et ses dérives.
Lorsque les dirigeants de GoldTex ont annoncé le rachat de la Grèce après sa faillite, tous ses habitants après s'être insurgés vainement ont tenté de fuir sachant que leur pays allait être démembré, que leur terre deviendrait une terre d'esclaves.
Zem Sparak, combattant pour la liberté, arrêté, a trahi ses camarades d'armes et a fui ayant reçu un ordre d'évacuation personnel.
Expatrié, il est cilarié, (citoyen réduit à sa fonction de salarié) et n'est qu'un vulgaire « chien », c'est-à-dire un policier déclassé à Magnapole, une immense mégalopole. Celle-ci est divisée en trois zones avec des check-points pour passer de l'une à l'autre. Lui, opère en zone 3, zone qu'il a choisie après les Grandes Émeutes et où il arpente la crasse des bas-fonds depuis des années.
Il vit dans la culpabilité et la nostalgie d'un monde qu'il ne reverra plus, son pays ayant été rendu volontairement inhabitable, il sait qu'il ne sera plus jamais grec.
Son seul réconfort, il le puise dans une salle sombre d'une boîte de nuit du quartier RedQ, où il passe la plupart de ses nuits. Là, il peut retrouver l'Athènes de sa jeunesse, grâce aux visions que lui procure la technologie Okios, aussi addictive que l'opium.
Un cadavre éventré et la rencontre avec Salia Malberg, ambitieuse inspectrice de la zone 2, avec qui il a été verrouillé, c'est-à-dire avec qui il a obligation de mener l'enquête vont rompre son renoncement, faire ressurgir le passé et ébranler son fragile équilibre.
Chien 51 est un roman noir, inquiétant, à l'atmosphère singulière qui décrit un futur imaginaire pas si loin de notre présent. Comment, en effet, ne pas voir dans son récit, déjà beaucoup de choses qui font hélas, partie de notre monde, à un degré certes un peu moindre.
On y évolue dans une société ultralibérale, dans un monde effarant où de grandes sociétés se battent pour racheter des pays endettés pour organiser ensuite la vie comme elles le souhaitent. Un monde dans lequel l'injustice sociale est à son paroxysme, où règnent le cynisme et la violence. Un monde hyperconnecté, déshumanisé.
Le dérèglement climatique avec ses pluies acides, ses phénomènes imprévisibles et désastreux y fait des ravages sauf pour les privilégiés qui bénéficient au-dessus de leur zone d'un dôme de protection contre ces aléas climatiques.

Chien 51 aborde également un thème essentiel qu'est celui de la mémoire. le réalisme avec lequel Laurent Gaudé peint ce sombre futur nous ramène effectivement au présent.
Chien 51, ce roman d'anticipation très psychologique conjugué à une intrigue policière savamment menée a réussi à m'emporter et à me tenir en haleine du début à la fin.
Un roman sombre, très sombre, certes, mais fascinant, où une note de poésie de toute beauté vient réchauffer le coeur avec cet homme qui ne quitte pas la Grèce mais part à Delphes.
Bien qu'effrayée par cette société inégalitaire dans laquelle l'indifférence est de mise, je me suis attachée à ce personnage de Zem, souffrant avec lui lorsqu'il revit les tourments de son passé. J'ai été conquise par cet aller-retour entre passé et présent de ce roman très psychologique servi par une magnifique écriture fluide et précise.

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La plume, qui a frôlé, et parfois même donné en plein un chef d'oeuvre de quelque genre qu'il soit, ne peut plus simplement écrire un bon livre.
C'est devenu trop peu !
Laurent Gaudé le sait, lui dont l'oeuvre est balisée par quelques grands livres.
"Chien 51" est d'un genre à la fois original et très classique, un polar d'anticipation.
Il a été édité, en 2022, aux éditions "Actes Sud".
Et, son genre étant posé, chacun va s'empresser d'aller dénicher la référence, le livre déjà écrit dont on pourrait y apercevoir l'ombre de l'empreinte d'un hypothétique influence ...
Mais, même si l'on peut lui concéder quelques points communs avec "Soleil vert" d'Harlan Harrisson, ce nouvel opus de Laurent Gaudé est un livre atypique, marquant et orienté.
Et, J'ai ressenti ce livre comme un brillant slogan altermondialiste, comme un cri de révolte face au monde qui s'annonce !
Peut-être ai-je eu tort ?
Enfin, le rachat de la Grèce par Goldtex, cela ne vous dit pas un tout petit quelque chose ?
Athènes marchait tête basse !
D'ailleurs ne devrions-nous pas tous marcher tête basse ?
Mais ceci est presque une autre histoire ...
Le livre de Laurent Gaudé est un récit tendu, dur et sans concession.
C'est un polar très noir, une enquête policière menée dans un monde futuriste que l'on aimerait ne jamais connaître.
Rien n'y est simple, rien n'est épargné à ses deux enquêteurs, Salia Malberg et Zem Sparak, celui à qui le livre doit son titre "Chien 51"...
Zem Sparak, flic de seconde zone, anesthésié par le poids de son histoire, par la tragédie de son pays devenu un gigantesque champ d'ordures et par le sacrifice d'un amour jamais oublié.
Zem Sparak qui a la tristesse du vieillard qui se souvient des monde engloutis !
Le livre est écrit de manière magistrale.
J'ai lu quelque part sur Babelio, qu'il fallait être, en général, un écrivain du genre pour plus que moins livrer de la bonne vieille SF à ses lecteurs !
Les exemples ne manquent pas pour venir en contre-feu de cet axiome bien peu mathématique :
Perrochon et ses hommes frénétique, Pierre Véry et son royaume des feignants, son pays sans étoiles, Robert Merle et Malevil, Jean-Christophe Rufin et Globalia ...
L'anomalie d'Hervé le Tellier venant tout de même d'emporter un prix Goncourt largement plébiscité, et couronné par un record imminent et absolu des ventes depuis la création du prix en 1892.
Alors, alors ! Que dieu me savonne !
Et que Savinien de Cyrano, dit de Bergerac, me pardonne.
La science-fiction serait-elle un pré carré ?
Quoi qu'il en soit, "Chien 51" est un bon roman de SF mâtiné de polar, à moins qu'il ne soit un excellent roman policier dystopique.
A vous de voir ...
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Des dystopies je n'en ai pas lu énormément, mais je peux tout de même affirmer qu'elles excitent ma curiosité et me poussent à poursuivre jusqu' au dénouement, tout en provoquant chez moi un malaise, sorte d'angoisse que je ne peux contrôler, sans doute parce que, si certains romans développent un scénario peu probable, d'autre m'amènent certainement à envisager l'avenir de l'humanité de façon similaire au récit.

Chien 51 est tout à fait le type de récit qui laisse pensif : la Grèce en faillite, on l'a vu, et qu'un empire financier tout puissant rachète des pays… Pourquoi pas ? L'informatique ayant propulsé l'humanité dans un monde qu'on n'aurait pas imaginé il y a ne serait-ce que trente ans, on pourrait être amené à penser qu'une élite aurait les moyens de prendre le pouvoir et de surveiller chaque individu de la même manière que cela se pratique à Magnapôle, cité ultra moderne, née du rachat de la Grèce, utilisant une technologie de pointe, c'est même plus plausible que la domination de big Brother par écrans interposés.

Et là, on réfléchit, on se demande si cette société décrite dans Chien 51 n'existe pas déjà, sommes-nous vraiment égaux ? Non bien sûr ! Mais la différence entre ce récit et notre société actuelle, c'est que les inégalités existent naturellement quel que soit le gouvernement d'un pays… Dans chien 51, on cloisonne volontairement la société : les nantis, les travailleurs honnêtes qui méritent qu'on les gratifie de confort supplémentaire, et les autres : chômeurs, petits boulots, pauvreté, précarité… et on veille à ce que ces trois mondes ne se croisent pas !

Autre aspect anxiogène du roman : l'environnement : les pluies acides surviennent sans prévenir, un liquide jaune vous tombe dessus, les furies peuvent se déchaîner et tout emporter sur leur passage, On est bien face à un dérèglement climatique.

On n'oubliera pas l'action : il s'agit bien d'un thriller policier, avec un bon suspense, de la violence, une violence inouïe, avec des enquêteurs qui bien sûr, n'agissent pas en toute liberté et qui passent leur temps à « marcher sur des oeufs » dans ce monde où une poignée d'hommes fourbes et assoiffés de pouvoir font leur loi.

Un page-turner efficace et dont la lecture ne manquera pas de rester gravée dans les mémoires.

Challenge multi défis
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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critiques presse (6)
Actualitte
16 février 2023
Des trois zones qui constituent Magnapole, c’est dans la troisième, la plus défavorisée, celle qui ne bénéficie d’aucun dôme climatique pour la protéger des précipitations soudaines, violentes, intenses et surtout acides, que Zem Sparak a choisi de résider. Depuis de nombreuses années.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Culturebox
05 janvier 2023
Chien 51 est un roman à la fois profond et divertissant.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
02 janvier 2023
Laurent Gaudé, prix Goncourt 2004 pour Le Soleil des Scorta, nous propose une dystopie percutante. L’auteur nous emmène dans une mégapole gérée par une multinationale qui, comme d’autres, rachètent des états en ruine.
Lire la critique sur le site : Culturebox
RadioFranceInternationale
16 septembre 2022
Le dramaturge et écrivain français Laurent Gaudé, prix Goncourt en 2004, publie en cette rentrée littéraire Chien 51. Une fiction atypique dans son œuvre.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LeFigaro
01 septembre 2022
Une dystopie où la Grèce est rachetée par une firme. Un texte d’une belle noirceur.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Culturebox
31 août 2022
Le romancier et dramaturge s'empare avec gourmandise du roman d'anticipation mâtiné de polar, comme s'il avait fait ça toute sa vie. La construction tient en haleine le lecteur de bout en bout.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (121) Voir plus Ajouter une citation
...cette enveloppe est incompréhensible...je la pose là... vous allez la prendre. Vous allez obéir. A partir de maintenant, vous avez un nouveau maître. Vous allez dire ce qu'il veut que vous disiez. Vous ne le direz pas parce que c'est la stricte vérité ... vous allez le dire parce que c'est le premier ordre que vous recevez de votre nouveau maitre et que si vous n'obéissez pas à celui-là, il n'y en aura pas d'autres. Et alors, votre monde s'effondrera. Votre ancien maître a perdu, mais il ne le sait pas encore . C'est pour cela que vous êtes encore en vie...
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Bareïm se met à rire de sa propre remarque - ce qui fait bouger toute sa carcasse. C'est à ce moment-là qu'on entend la voix électronique de son Curasix monter de sa poche :
"IMC : 39,7...Artère bouchée à 67%. Pression sanguine saturée à + 16. Il vous reste six ans, huit mois et vingt-deux jours à vivre..."
Le géant fouille dans sa parka, un peu honteux, et éteint l'appareil.
"Putain...Il suffit que je rigole ou que je tousse pour que cette saloperie se déclenche..."
Sparak le regarde, un sourire un peu narquois sur ses lèvres. Ainsi donc le gros Baréïm a cédé à la mode de ce petit gadget inutile qui fait fureur. En récoltant quelques données, il annonce fièrement à son possesseur les heures de vie gagnées si celui-ci mange mieux, fait du sport, monte les escaliers à pied. Il n'aurait jamais pensé que Baréïm ait le souci de se ménager et cela le fait rire. Baréïm le voit et dit, comme pour répondre à la phrase que Sparak n'a pas prononcée :
'C'est ma femme..."
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Il sent que les visions l’invitent à revenir à ce moment, dans les caves du commissariat, juste après son arrestation. Il n’a tenu ni plus ni moins longtemps qu’un autre. Il s’était promis, comme tous ses frères d’armes, que si on l’arrêtait, il ne dirait rien, persuadé d’être dur, plus dur que les autres, tant il y avait de rage en lui. Et peut-être se serait-il découvert effectivement héroïque face à la brutalité, capable d’endurer en silence au-delà de toute limite. Mais ce n’était pas ce qui s’était passé. Ils ne l’avaient pas frappé. Ou à peine. Ils avaient utilisé d’autres armes. Il se souvient parfaitement de cela : cet instant où le cerveau s’aperçoit qu’il ne s’est pas préparé à ce qui vient, le trouble qui monte et empêche de réfléchir. Ils lui avaient demandé ce qu’il préférait : donner dix noms de son réseau ou se taire et, alors, ils iraient arrêter Léna Farakis. Il avait sursauté. Comment connaissaient-ils ce nom ?
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Je n’ai jamais été qu’un corps pour le divertissement des hommes, une bouche dans laquelle ils se soulagent et des fesses qu’ils aimaient tâter comme on le fait de la croupe d’un cheval. J’ai été brièvement Ira Cuprack, puis plus personne. J’ai quitté cette vie qui ne m’aura rien offert, cet appartement où je n’ai presque rien laissé. Je n’avais pas encore commencé à être celle que je voulais devenir. L’oubli me recouvre, l’oubli d’une toute petite vie qui ne laisse que quelques traces sans contour, l’oubli et puis plus rien.
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Cela avait commencé par des manifestations aux check-points. La nouveauté n’était pas que des habitants de la zone 3 se plaignent de l’humiliation subie au quotidien, veuillent assouplir les protocoles de déplacement et réclament davantage de laissez-passer, la nouveauté était que des résidents de la zone 2 se mêlent à eux. Ils étaient quelques-uns à venir aux manifestations et à demander plus d’équité. Ils revendiquaient le droit d’interroger le fonctionnement même de GoldTex. Le but de l’entreprise était-il d’offrir un paradis à un petit nombre en asservissant l’immense majorité des autres cilariés ?
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Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
le nouveau livre de Laurent Gaudé est en librairie. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/terrasses #litterature
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