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EAN : 9782262008888
Perrin (03/06/1992)
5/5   1 notes
Résumé :
Agrégé d'histoire engagé volontaire sous l'uniforme SS, Léon Gaultier décrit son parcours, sous son nom, à visage découvert, sans honte ni complaisance, et conscient des réactions qu'il peut susciter. Entré à vingt-cinq ans au cabinet de Paul Marion, secrétaire général à l'information, il evolue vers des positions plus radicales et se porte volontaire pour le front de l'Est.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Roger Nimier, qui derrière ses affectations aristocratiques - et compensatrices - d'"indifférence" était d'un tempérament exalté, avait soulevé l'indignation des bien-pensants en déclarant sincèrement et avec la saine agressivité qui le caractérisait: "Il n'y a que deux catégories d'hommes à avoir le droit de parler de la deuxième guerre mondiale: ceux qui ont versé leur sang par amour pour leur pays, qu'ils aient été du côté du vainqueur ou du côté des vaincus." Il opposait alors à "l'opportunisme majoritaire" de la masse un "héroïsme minoritaire" qui confondait les héros de tout bord (ça devait encore être acceptable au lendemain de la deuxième guerre mondiale, puisqu'on sait l'amitié et le respect admiratif de Pierre Clostermann, auteur du Grand Cirque, ultra-gaulliste de la première heure et as de l'aviation de la France Libre pour Hans-Ulrich Rudel, auteur de Pilote de Stukas, as de l'aviation allemande et national-socialiste jusqu'à son dernier souffle)

Heureusement, on ne pourrait plus tenir des propos comme ceux de Nimier dans les années 1950 et être éditeur chez Gallimard comme lui à cette époque. On ne pourrait plus tenir de tels propos et échapper aux sycophantes, délateurs, "citoyens" qui n'ont de cesse de dénoncer les zeurléplusomb, mais se conduisent en permanence comme des caricatures hollywoodiennes de mouchards bénévoles et anonymes envoyant à la Kommandantur leur petit billet quotidien torché de calomnies venimeuses pour faire arrêter leur voisin de palier (98% de ces lettres de délation étaient méprisées et ignorées par l'Occupant comme par Vichy, stats officielles - les instances d'aujourd'hui sont beaucoup plus zélées!) Non, on ne pourrait plus parler comme Nimier sans se retrouver empoigné par deux guignols en vareuses multipoches comme K au petit matin. France, pays de la Liberté!

Aussi je me garderai bien de parler comme Nimier, afin d'échapper aux tribunaux, à l'amende, à la taule et peut-être à la mutilation comme Fiorina. Je pourrai ainsi conserver ma place moyennement acceptable dans un centre de recherche à peu près convenable. Car il n'est pas sûr qu'en contrevenant au politiquement correct, non seulement on ne me chasse pas de mon travail, mais encore que j'aie droit au RSA comme tout clandé lambda.

Je résume donc ce livre en prenant en considération que nous sommes en (France) en 2019. Succinctement: Léon Gaultier est un méchant puisque son camp a perdu. Il raconte dans ce livre (évidemment "nauséabond") comment, de très gentil, il est passé à très méchant sans même s'en rendre compte. Voilà. J'espère que je n'ai pas dérapé quelque part (vite, mon Prozac pour éteindre cette angoisse intolérable).
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Un ami plus âgé que mes condisciples du lycée s'était joint à nous. Il avait fini ses études de droit. Il y avait ajouté une thèse : Contributions à l'histoire du socialisme français, qui lui conférait le doctorat. Gaucher, à l'époque ou peu avant, militait à la section française de l'Internationale ouvrière. Inscrit au barreau de Bourges, il avait, de par sa situation, ses titres universitaires et sa famille connue dans le département, un poids exceptionnel. Il guidait nos conversations et tentait de sonder l'avenir. Il analysait ce que la presse nous apprenait et que nous avions lu distraitement. Tous les sujets y passaient. Aucun ne le rebutait, qu'il soit de stricte économie ou qu'il relève de domaines moins faciles à cerner, l'attachement à la terre léguée par les ancêtres, l'amour de la patrie, des mots qu'on n'entendait jamais au lycée, à la résonance pourtant profonde, mais que personne n'avait tenté de nous présenter. A cela s'ajoutait le sujet qui à l'époque, sitôt sortait-on des préoccupations immédiates, s'imposait : l'Allemagne, si même parfois on préférait l'oublier. La diabolique propagande ne nous dupait-elle pas? Mais pouvait-on tromper si parfaitement? Gaucher tentait une explication. « Le national-socialisme n'est pas un programme politique, pas même une doctrine, mais une communauté de tendances et d'espérances. Cette communauté naît des forces d'un peuple et jaillit de son histoire et de son sol. Ceux qui lui appartiennent entendent cette résonance. Ils adhérent alors à cette communauté. Cette adhésion fait participer à une force qui nourrit la vie de chacun. Elle aide à former un faisceau. L'adhésion à ce faisceau écarte de la politique ce qui l'avilit, la poursuite des intérêts matériels. Le national-socialisme ranime ce qu'on avait oublié. La politique est entraînée par une exigence supérieure. »
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Le 2 juin 1948, à 13 heures, avec la soudaineté qui joue en ces lieux je reçus l'ordre de me hâter : j'étais sur la liste des libérés. Je ne dirai pas ce que fut ce départ du camp. Il y avait dix sujets à traiter avant de filer. Tout se bousculait et s'emmêlait. Je voyais des têtes que je ne verrais plus. Je partais et j'en laissais tant encore derrière moi. J'en souffrais et j'étais satisfait de mon sort. Puis cela revenait au gris et j'avais l'esprit brouillé. J'étais dehors. Le camp se profilait dans mon dos et dans celui de Fixel qui le même jour était rendu à la liberté. Et le train nous emporta pour nous laisser à Strasbourg. Je pris mon billet pour Paris et je m'encageai dans mon wagon, préférant aux mots et aux autres mon silence et ma solitude. Etrangement, ce jour-là, à cette première heure de liberté, j'eus l'impression que le grand rêve venait de prendre fin.
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Il n'était pas que denture et maladies bénignes à l'infirmerie. Le drame parfois y surgissait abominable. Ainsi, un malheureux avait voulu à sa façon effacer des tatouages de ses avant-bras et de ses mains. Il les avait enduits de soude, y avait ajouté de l'alcool puisé on ne savait où et avait craqué une allumette. Bonnefoy avait tout tenté. Le malheureux secoué de douleur, chaviré de souffrance, suppliait. Par je ne sais quel miracle, Bonnefoy s'était enfin procuré un anesthésiant. L'autre se calma par soubresauts. Il parut sombrer dans le sommeil chimique. C'était affreux, intolérable, d'autant que le pauvre garçon se révoltait du fond de son inconscience. La douleur le tordait. Et il fallait ne rien dire pour le protéger d'une sanction. Cela s'ajoutait à tant d'autres souvenirs et à un si grand nombre d'amertumes qu'on ne croyait pas possible d'en perdre la mémoire.
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