Il est curieux que, placé dans le bouillon de culture catholique, Nicolas Chopin n'ait jamais témoigné du moindre sentiment religieux. Un goût très vif pour l'oeuvre de Voltaire - il en a emporté un volume de Marainville - explique jusqu'à un certain point son indifférence métaphysique. Il faut dire que, jusqu'à l'heure de sa dernière maladie exclusivement, jamais son fils Frédéric ne laissera deviner la moindre préoccupation surnaturelle. Le nom, la pensée de dieu ne vient pas une fois en trente ans sous sa plume.
Note de bas de page : Il est possible - et même probable - que Nicolas Chopin, semblable en cela à tant d'hommes de son temps, ait appartenu à la franc-maçonnerie. Le fait que Frédéric ait fréquenté à Paris des francs-maçons notoires, tels Albert Grzymala et le banquier Léo, a fait croire à son appartenance maçonnique. Aucun fait précis n'est toutefois venu étayer cette thèse.
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Car il y a deux Chopin, selon les biographes.
D’un côté, le Polonais à part entière, le poitrinaire de naissance, l’amoureux transi, l’éternel nostalgique, le compositeur qui fait rêver les jeunes filles et déraisonner les musicologues épris d’images héroïques.
De l’autre, le Français, qui retrouve à Paris le climat paternel, l’homme gai, bien portant, robuste, l’amant gaillard qui, vers la fin de sa vie, éprouve quelques ennuis de santé, dont il trépasse sans trop se plaindre.
À propos de Sand : à l’égard de Chopin, elle éprouve plus de compassion que d’amitié sincère, et elle n’épargne pas les épigrammes : « Chopin ? Une huître, saupoudrée de sucre !- Ou encore : « chez lui, il n’y a que la toux qui soit permanente ». Liszt sourit et laisse dire. Ah ! les femmes !
Les Français, que j’ai fini par aimer comme les miens.
Frédéric Chopin