En France quand on pense à "critique rock" il est difficile d'avoir comme première image en tête celle d'une personne s'attelant à ce travail. Ou, quand cette image se forme quand même, on voit dans le meilleur des cas
Philippe Manoeuvre, tellement rock qu'il distille ça et là son blouson en cuir ou ses lunettes de soleil.
Alors forcément un livre portant sur la vie d'un critique rock peut paraître horriblement chiant. Est-ce que j'ai réellement envie de parcourir la vie d'un type qui anime des télé-crochets et qui pense que l'esprit rock se résume à un style à la
Dick Rivers ? Bordel, non !
Lester Bangs n'est rien de ça.
Lester Bangs c'est, avant tout, une certaine vision du journalisme, une sorte d'idéalisation à la H.S. Thompson : pour faire vivre quelque chose aux lecteurs, pour leur faire ressentir vraiment, il faut le vivre soi-même. Alors
Bangs s'entoure, il fréquente le CB-GB's, il fréquente les artistes qu'il critique, il respire réellement ce qu'est ce milieu si particulier, celui du rock des 60's/70's.
Ce livre c'est une plongée là-dedans, une plongée dans les soirées endiablées, du name dropping à tout va, on croise les Stones, Joplin, Led Zep, les Ramones, les Clash, parfois au détour des chiottes d'une salle de concert, parfois sur une critique acerbe et virulente.
Parce que
Bangs c'est aussi ça, un mec pointu qui se foutait complètement des consignes éditoriales, le mec qui osait cracher sur Led Zep pourtant en tête des ventes, celui qui trouvait que les Beatles auraient mieux fait de "récurer les sols des supermarchés avec leurs franges en serpillières".
Un livre à conseiller de toute urgence à quiconque s'intéresse au mouvement rock et à celui qui reste comme l'instigateur de ce que l'on nomme aujourd'hui le mouvement punk.