A Picharol, hameau auvergnat, en août 1914 six jeunes gens tous âgés de moins de vingt-cinq ans sont mobilisés. Ils se font la promesse de construire un monument pour que ceux qui seront morts au combat ne soient pas oubliés. Pendant plus de quatre ans, le village se vide de ses jeunes gens, la guerre devient hécatombe. Ceux qui reviennent sont marqués dans leur corps, leur chair et surtout leur tête. Portrait d'un village d'il y a cent ans, une vie en vase clos, isolée, portrait d'une génération sacrifiée.
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- Miladiou ! v’là le tocsin qui sonne !
Baptiste Charpotier s’arrêta de sarcler, gratta la râpe de sa barbe et cracha par terre. Là-bas, à Bellevue, les cloches menaient le branle. À Fonterre aussi, vers le couchant, c’était le même refrain qu’essaimait la tour basse de l’église. Tout près, dans une ferme, un chien hurla à la mort.
- Cette fois-ci, c’est la guerre, proféra Baptiste qui en fut quitte pour un second crachat.
Il ramassa la sarclette et marcha en direction du village. La veille était parvenue la nouvelle de l’assassinat de Jaurès. C’était dans une brasserie à Paris. Il se rappelait à présent que Claudius Vialard, son menuisier de voisin, avait prédit : « Ils ont eu sa peau. Plus personne ne pourra maintenant empêcher que les armes tonnent. »
Lors de la rencontre du 12 juin 2014 à la librairie Georges, pour la présentation du livre le chant des possibles, disponible sur www.lacheminante.fr