Le Sacre des impies clôt sans convaincre la Trilogie des ombres, apportant ceci dit certaines réponses aux nombreuses questions soulevées durant les deux premiers opus On découvre la genèse des Anges de Babylone, l'enfance complexe et cruelle de ses membres, les circonstances de leur rencontre, leur parcours et la finalité de leur desseins. le récit alterne les époques entre les années 90 et le présent et permet de cerner les fondements de l'idéologie du groupe et de découvrir plus avant chaque personnage. Une structure narrative édifiante mais quelque peu désordonnée qui sert surtout de prétexte à de énièmes règlements de compte sanglants et d'intrigues parallèles qui n'apportent rien au récit. Avec des descriptions sans fins, un foisonnement de détails sans objet, de nombreuses références musicales fastidieuses,
Ghislain Gilberti multiplie les digressions et les longueurs.
La mise en place de la révolte, la démarche anticapitaliste et pro-environnementale des Anges s'inscrit naturellement dans le cheminement de l'histoire pourtant, résoudre le scandale flagrant des inégalités sociales à coup de grosse artillerie, de missiles ou de drones tueurs s'avère des plus discutable, tout comme le fait de financer cette lutte par le trafic de stupéfiants. On reconnaît de plus, une spécificité d'agissements tristement célèbre qui nous replonge au coeur des années 70, avec entre autres, la bande à Baader, les brigades rouges ou encore action direct avec les enlèvements et les assassinats de grands patrons. Rien de très novateur donc même si, sur le fond, le récit soulève une série de problèmes sérieux et de questions majeurs qui ne manquent pas d'intérêt.
Des enfants abusés devenus trafiquants pour financer une révolution, intelligents, organisés, déterminés et impitoyables mais qui sombrent subitement en quelques jours, des parents abusifs, corrompus, aussi pervers qu'implacables, devenus commodément de puissants financiers et décideurs de l'ombre, des enquêteurs qui après quinze ans d'échecs et d'humiliations bouclent l'affaire en un claquement de doigt, des situations invraisemblables, des conjonctures aussi improbable que peu crédible, l'auteur se perd une nouvelle fois dans les excès et la démesure, fait l'impasse sur des épisodes majeurs et oublie totalement certains personnages d'importance.
La conclusion ouverte, convenue mais peu réaliste ne relève pas, en dépit de quelques aspects prenants, un scénario brouillon manquant d'adéquation et de solidité. Une trilogie lacunaire, pleine de contradictions et trop inégale dans son ensemble pour séduire véritablement.