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EAN : 978B003WTXUMG
Hachette (01/01/1958)
3.5/5   5 notes
Résumé :
En quatrième de couverture, figurent une sélection d'ouvrages déjà parus dans la Collection "Le Point d'Interrogation" de l'éditeur Hachette, ouvrages imprimés par Brodard et Taupin, à Paris.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« 125 Rue Montmartre » est un polar écrit par André Gillois en 1958. Edité chez Hachette dans la collection le Point d'Interrogation, l'ouvrage de 191 pages -imprimé par Brodard et Taupin- présente en couverture un vendeur de journaux exhibant la une de France-Soir et criant le nom d'un criminel fraîchement démasqué.

Le lecteur est plongé dans un quartier à l'époque dédié avant tout à la presse, celui des NMPP et des vendeurs de journaux à la sauvette, avec son lot de tracasseries et de misère sociale. Pascal, vendeur à la sauvette vend tous les jours la ration de journaux qu'il se choisit en début de matinée. Il est aimé de Germaine, dit Mémène, une nana sympa, populaire et bien en chair, guichetière à l'entrepôt de France Soir. Une nuit (page 60), alors qu'il était assoupi sous un pont de Paris, Pascal rattrape Didier par le col de la chemise au moment précis où il allait se jeter dans la Seine. Didier, désespéré, fuit sa belle-famille qui l'accuse d'être fou. Pascal se prend d'amitié pour Didier et il lui apprend les rudiments du métier de crieur afin qu'il empoche assez d'argent pour fuir à l'étranger. Les débuts de Didier sont difficiles et puis, un jour, Didier explique à Pascal qu'il a planqué de l'argent dans un pavillon, rue des Marronniers : ils n'ont qu'à aller le chercher, de nuit, sans réveiller Catherine, qui dort au 1er étage. Pascal, étonné, marche dans la combine et se rend nuitamment avec Didier devant le pavillon. Didier fait le guet. Pascal entre dans la place mais, alors qu'il vient de se saisir de l'argent, il est assommé puis cueilli par la police qui, curieusement, arrive sur les lieux … du crime, oui, car il y eu un crime, celui d'un dénommé Barachet, chiffonnier de son état. Dodelot, en bon commissaire proche de la retraite, interroge Pascal, qui se croit accusé du meurtre de Didier : c'est un flagrant délit. Dodelot écoute les explications de Pascal, notant sa déclaration sans chercher à s'y retrouver dans le désordre où patauge Pascal. Meurtrier ? Pascal a le souffle coupé par l'accusation et il proteste car il pense que Catherine a fait le coup et qu'elle veut lui mettre ça sur le dos. Il s'apprête à le dire au commissaire mais un des agents arrive avec ce qu'ils croient être l'arme du crime, une lampe un tantinet cabossée trouvée dans le jardin devant le pavillon. Heureusement pour Pascal, Dodelot voit que l'entente entre les époux Barachet n'était pas excellente et il hésite quant à l'identité réelle du coupable. Quand Dodelot allume la lumière et que Pascal découvre que la victime n'est pas Didier, il a l'impression d'assister à une farce. Et Dodelot a la conviction que Didier n'est pas un mythe. Alors, si Catherine avait fait assassiner son mari afin d'hériter de sa fortune ? Et si Didier jouait un double jeu ? Diabolique, certes, mais …

L'auteur réussit à nous faire toucher du doigt l'énergie et l'urgence de ce milieu populaire, sans vulgarité et avec sérieux. Les dialogues sont truculents. Il y a du rythme et beaucoup de justesse dans le propos. le suspense est réel et va grandissant. Les personnages sont hauts en couleurs (jusque dans les seconds rôles). Ça fourmille de détails croustillants sur ce petit monde où les journaux passent de main en main jusqu'au crieur de journaux. L'analyse psychologique est assez profonde avec, en toile de fond, les notions de confiance, d'amitié, de trahison, de vengeance, de justice et de vérité. L'écriture est fluide et ciselée, comme au scalpel. du point de vue strictement policier, c'est une énigme policière classique, « à la Maigret », avec une affaire rondement menée, des policiers qui font le job et un superbe retournement de situation. Certes, la fin est un peu « téléphonée » et il y a un peu de manichéisme derrière tout ça (des ouvriers « bons » et des bourgeois « méchants »). Mais il ne faut y voir qu'un attrait idéaliste d'André Gillois pour les petits métiers, pour les milieux populaires. Au final, « 125 Rue Montmartre » est un polar humaniste doublée d'une belle réussite (pour ne pas dire une perle, ce qui est normal de la part d'un écrivain dont le nom de famille est Diamant-Berger) marquée par le Prix Quai des Orfèvres 1958, prix décerné par Georges Simenon. On en redemande : je mets quatre étoiles.
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L'agitation règne au 125 rue Montmartre, comme plusieurs fois par jour. C'est l'un des dépôts des Messageries de la Presse Parisienne, et les vendeurs se pressent afin de récupérer les lots de France-Soir, Paris-Presse, le Monde, qu'ils vont vendre dans les rues.

Chacun d'eux possède son endroit particulier et Pascal propose aux automobilistes ses éditions toutes fraîches sorties des imprimeries, à un feu rouge près du Pont de l'Alma.

Ce jour-là, Mémène, la gérante du dépôt s'inquiète. Pascal n'est pas à l'heure du rendez-vous de la distribution. Secrètement elle l'aime bien son Pascal, un garçon large d'épaule, secret, peut-être timide, solitaire aussi. Enfin il arrive, et prend le double de sa charge habituelle. Elle est étonnée, mais lui tend quand même les journaux.

Secret, Pascal l'est. Il ne fréquente pas les autres vendeurs de rue, et ne se confie jamais sur son passé. Pourtant un évènement l'a obligé à sortir de sa réserve naturelle. Alors qu'il se reposait sous une pile du pont de l'Alma, il a aperçu un homme prêt à se jeter dans la Seine. Il intercepte rapidement le candidat au suicide et bientôt les deux hommes se mettent à discuter. Ou plutôt, Pascal écoute l'histoire de Didier.

Didier est marié, mais sa femme, la mère de celle-ci et son frère, n'en avaient qu'à son argent et à sa ferme dans le Lot. Il narre à Pascal comment il a connu cette suceuse d'argent et sa décision de se jeter à l'eau, alors que sa femme et ses complices envisageaient de le placer dans un asile. Pascal ressent envers cet homme perdu comme un début d'amitié, et c'est pour cette raison qu'il lui propose de vendre des journaux, en lui fournissant les ficelles du métier. Et les voilà tous deux présentant leurs journaux aux automobilistes.

Seulement, Georges, un photographe de presse qui déambule en compagnie de son amie Albertine, remarque les deux hommes. Et entre deux baisers et deux photos, Georges prend des clichés de ces vendeurs de rue. Car il est toujours à l'affût d'une photo et d'un sujet de reportage.

Didier va loger chez Pascal tandis le beau ténébreux se réfugie chez Mémène, dont le mari alcoolique tient un hôtel qui sert parfois aux amoureux, ou autres, en manque de tendresse. Et comme Pascal et Mémène elle-même ressentent un vide dans leur existence, nous refermerons discrètement la porte de la chambre qui les accueille.

Le lendemain, Didier est lâché dans la nature avec ses journaux, mais Georges l'aperçoit qui les glisse dans une bouche d'égout. Il est interloqué. Un épisode parmi d'autres dans sa vie de photographe. Néanmoins il le suit.

Didier demande à Pascal de l'accompagner jusque chez sa femme qui habite à Passy, et de récupérer de l'argent. Pascal se laisse embobiner et se glisse dans le parc d'une belle demeure. Il s'empare des billets glissés dans le tiroir d'un secrétaire mais lorsqu'il veut ressortir, le portillon donnant sur la rue est fermé à clé. Il se fait assommer par des policiers qui viennent d'arriver sur les lieux et il est arrêté. Seulement dans la maison un homme est mort, le mari de la fameuse femme selon elle. Or il ne s'agit pas de Didier, au grand étonnement de Pascal. Pascal narre ses mésaventures au commissaire Dodelot qui prend l'enquête en mains.

Le commissaire Dodelot ressent immédiatement une forme d'antipathie à l'encontre de Catherine Barachet qui se tamponne les yeux secs à l'aide d'un mouchoir, afin de faire croire qu'elle est attristée.



Il faut peu de choses pour compliquer une affaire et également peu d'éléments pour la résoudre. Il suffit de mettre en place les bons témoins et analyser les situations. Une intrigue classique, bien enlevée, avec peu de personnages, et dont les figures marquantes sont Pascal, Didier et celle qui est considérée comme la femme de Didier, sans oublier Georges qui sera quelque peu le déclencheur, normal pour un photographe.

Naturellement tout tourne autour de Catherine, puisque Didier prétend qu'elle est à l'origine de sa déchéance et de sa fuite, de son envie de suicide. Une machination bien huilée, un piège fomenté avec machiavélisme, mais il existe toujours un grain de sable pour enrayer tout le mécanisme.

Didier en réalité est un être faible, soumis et amoureux :

Elle avait été séduite par sa soumission comme d'autres femmes le sont par les hommes qui les dominent. Et Didier qui cherchait une maîtresse au sens exact du terme, avait trouvé en elle l'autorité un peu froide qu'exerçait sa mère quand il était petit.

Un roman d'époque dans lequel évolue un commissaire bon enfant, situé dans le Paris des années 1950 et qui permet, entre autres, de mieux connaître la profession de vendeurs de journaux, profession exercée par des individus placés en marge de la société, pour diverses raisons. Des hommes principalement qui subsistent grâce à la vente à la criée de journaux dont ils ne tirent pas grand bénéfice.

Ainsi, pour un journal qui coûtait vingt francs, le vendeur percevait la somme de six francs.

Tu gagnes six francs par journal. Tu en vends facilement cinquante, au début. Avec ça tu bouffes si tu ne bois pas trop. Mais tu n'as pas une gueule à boire. Est-ce que tu as de quoi acheter les premiers ? Sinon tu laisses n'importe quoi en gages.

Car la plupart du temps les vendeurs avançaient l'argent pour pouvoir proposer leurs journaux. de nos jours, cette profession est obsolète, comme bien d'autres.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Agréable surprise que ce roman policier de 1958 (prix du Quai des Orfèvres), tant par sa qualité d'écriture et la cohérence de son intrigue que par sa capacité à décrire le Paris de cette époque, et tout particulièrement le quartier de la Presse, ce 2ème arrondissement des rues Montmartre, Réaumur et du Louvre où travaillaient journalistes, ouvriers du Livre, mais aussi vendeurs des rues. Ce sont ces derniers qu'André Gillois a placés au centre de son roman, ces "crieurs" qui, leur paquet de journaux sous le bras, sillonnaient la ville pour vendre des nouvelles fraîches. Un petit métier aujourd'hui disparu qui offre à l'auteur la trame de son histoire et lui permet de jouer les piétons de Paris.
Les personnages principaux ont une véritable épaisseur et donnent du relief à ce roman attachant qui s'inscrit dans la veine de ceux de Claude Aveline ("L'abonné de la ligne U"), de Jean Amila ou de Léo Malet. C'est un portrait tendre du petit peuple de la capitale, de ses difficultés, de ses angoisses, de ses aspirations.
A l'instar de ses collègues d'outre-Atlantique, Gillois s'offre le plaisir d'y intégrer une femme fatale et vénéneuse. Néanmoins, ça n'en reste pas moins un roman noir made in France qui donne un reflet fidèle du Paris des années 50.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
page 69 [...] "La Préfecture nous a retransmis à 22 heures 34 un appel émanant du 18, rue des Vignes ; appel au secours qui a été brusquement interrompu. J'ai pris six gardiens et suis venu avec le car. J'ai trouvé dans la pièce du rez-de-chaussée le cadavre d'un homme qui avait été assommé pendant qu'il était à son bureau. Il s’agit d'un M. Barachet, chiffonnier. Sa femme était au premier étage où elle s'était enfermée, mais elle déclare avoir vu le criminel. Nous avons arrêté le malfaiteur au moment où il cherchait à fuir par-derrière. Il avait sur lui deux cent mille francs en billets de banque qu'il venait de voler dans un secrétaire. Nous l'avons gardé sur place en vous attendant." [...]
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Tu gagnes six francs par journal. Tu en vends facilement cinquante, au début. Avec ça tu bouffes si tu ne bois pas trop. Mais tu n’as pas une gueule à boire. Est-ce que tu as de quoi acheter les premiers ? Sinon tu laisses n’importe quoi en gages.
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Elle avait été séduite par sa soumission comme d’autres femmes le sont par les hommes qui les dominent. Et Didier qui cherchait une maîtresse au sens exact du terme, avait trouvé en elle l’autorité un peu froide qu’exerçait sa mère quand il était petit.
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Ce n’est pas pour dire, marmonna Pascal qui souffrait de la tête, mais ils ne volent pas leur nom, les cognes.
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Tu n’embrasses pas mal, dit-elle, quand tu ne penses pas à ce que tu fais.
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André Gillois, au long cours du XXème siècle.
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