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Citations sur L'eau vive, tome 2 : L'oiseau bagué (15)

Il y a le visage de la mort. Mais avant il y a le dernier visage. Le visage de la mort est pelucheux et doux comme un oiseau ; il est étendu, ailes ouvertes, sur le vide sans remous. L’autre, c’est le visage qui précède. Il ne s’éteint plus ; il accompagne l’homme dans ces dernières foulées sur le portement de la terre, avant qu’il s’élance. Ce visage est comme un champ de d’herbe déchiré mais illuminé par un grand charruage.
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Je la voyais bien, moi. Pour la première fois, je compris son visage. Il n'était pas seulement beau, régulier, doux et lisse, parfumé à la vanille, glissant aux lèvres des enfants, protégé de tout, comme en pierre, destiné à être toujours le visage de maman. Non, c'était un visage de femme. Elle avait terminé son bonheur. Des cheveux de cendre, un front gris, des rides qui la salissaient, une bouche serrée pour se priver de pain et de cris, et de pauvres yeux bleus trop grands, au regard délayé. Elle me regardait en baissant l'échine.
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Il y a le visage de la mort. Mais avant il y a le dernier visage.Le visage de la mort est pelucheux et doux comme un oiseau;il est étendu, ailes ouvertes, sur le vide sans remous. L'autre c'est le visage qui précède. Il ne s'éteint plus;il accompagne l'homme dans ses dernières foulées sur le portement de la terre, avant qu'ils'élance. Ce visage est comme un champ d'herbe déchiré mais illuminé par un grand charruage.
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Il me sembla que le temps s'était arrêté. Je m'approchai de mon père, je le touchai ; il avait complètement disparu. Aucune mesure humaine ne mesurerait plus son temps.
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L'hiver n'est pas un hiver de neige dure ; c'est une lutte entre la montagne et la mer. Pendant la nuit, la montagne descend et elle gèle tout, pendant le jour la mer monte à travers le ciel, elle se couche sur nous avec son eau tiède, tout s'amollit, les arbres s'arrachent tout seuls le long des talus, les coteaux se déchaînent en long glissements d'argilieres, sans jamais trouver l'os du rocher. Il n'y a plus que le bruit de la boue et de la pluie, le long des jours, le long des jours, le long des jours, sans jamais d'arrêt.
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L’habileté et la peur étaient instinctives. Elle pouvait en même temps parler durement, agir durement, le bracelet glissait, elle le rattrapait habilement avec une extraordinaire peur de le perdre. On entendait la peur au claquement sec de ses doigts rattrapant le bijou ; on la voyait à un battement de ses paupières. Cela arrivait plus de mille fois dans un jour. Il lui restait malgré tout le temps de commander férocement sa famille, ses ouvriers, ses chantiers, ses enfants et ses alliés. Et moi-même plus tard. Nous savions tous qu’elle avait peur de perdre ainsi le seul objet important de sa vie, le plus beau reste d’une étrange et constante passion ancienne. Nous savions aussi qu’elle était trop fière pour avoir l’air d’y attacher devant quiconque la plus petite importance, sauf devant elle-même. Mais cela la regardait, et ça ne regardait qu’elle. C’est ce qu’elle voulait dire, et elle le disait parfaitement. C’était un bracelet léger fait d’admirables cols de cygnes et de torsades de primevères ajourées. Tout tenait ensemble par de minces maillons usés, roses ; de même qu’étaient devenues roses les blondes bosses des cols de cygnes, et les arêtes des fleurs de primevères.
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On ne pouvait pas vraiment s’imaginer que le jour allait de nouveau sortir d’un endroit pareil. On n’était pas sûr d’être encore vivant en novembre. Demain ne signifiait plus rien. On ne languissait plus du tout d’entrer dans l’avenir.
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Le Joseph répare les vélos. Sa grande ambition, c’est de faire de la réparation automobile. Il a la passion de la mécanique et des compas précis au centième de ligne.
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La joie est chère ; mais les richesses avec lesquelles on peut l’acquérir et la garder, ces richesses, on peut les ramasser autour de soi, tant qu’on en veut.
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l y a un moment que j’aime beaucoup dans cette histoire de l’immersion des hirondelles. C’est quand, l’hiver s’approchant, on voit les oiseaux, pareils à des fuseaux noirs, se précipiter des hauteurs du ciel vers le fond des eaux. Mais maintenant, en plein mai, les hirondelles tournent dans le ciel de Manosque comme les poussières d’avoine sur les bassins où boivent les chevaux. Elles sont véritablement comme les feuilles arrachées à la forêt de la joie ; elles ont, en l’air, une magnifique aisance sans pesanteur, et ce petit cri ridicule qu’elles poussent – qu’on ne peut, en aucune manière, appeler un chant d’oiseau – donne l’idée d’un jaillissement spontané de joie.
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