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sur 296 notes
°°° Rentrée littéraire 2019 #21 °°°

Les premières pages sont absolument formidables. Trois garçons qui plongent nus, la nuit, dans une piscine qui ne leur appartient pas. le regard d'une jeune fille qui les découvre d'en haut, les étudie en cachette, fascinée, suit leur évasion. La naissance du désir par une transgression innocente qui annonce la suite, qui s'étalera sur vingt ans. Vingt ans à passer de l'adolescence à l'âge adulte, des rêves fous aux désillusions banales mais douloureuses, de la soif d'expériences et de liberté aux fracas d'une vie étroite, de la passion amoureuse à la solitude qui n'oublie rien.

L'écriture de Paolo Giordano a l'élégance et la fougue nécessaires pour donner envie de suivre ses personnages. Si Teresa est bien falotte bien que sa crise existentielle soit tangible ( la petite fille riche qui trouve la force de quitter le confort familial pour vivre son amour et trouver un sens à sa vie en symbiose avec la nature ) , le trio masculin est vraiment intéressant, dépositaire d'un secret qui fera bouger les lignes de force entre : Nicola, taciturne,et opaque ; Bern le fascinant rebelle qui vivra une grande histoire avec Teresa ; et surtout Tommaso, le sensible, celui qui révèle au lecteur et à Teresa à contretemps des événements du passé éclairants. Eux sont toujours sur le fil de irrationalité, on ne sait jamais où ils vont aller ni comment ils vont agir.

La construction est complexe, embrassant deux décennies, des ellipses puis des aller-retours dans le temps pour le combler. Cela fonctionne parfaitement durant les trois-quarts du roman, jusqu'à ce que le rêve communautaire autour d'une exploitation de permaculture ne se brise. A partir de là, les péripéties, parfois invraisemblables, s'enchaînent, faisant tomber le roman dans le mélo à trop haute dose lacrymogène. Je l'ai d'autant plus regretté que les émotions étaient déjà très présentes, j'aimais cette ambiance nostalgique pour dire le sentiment de perdre quelque chose que l'on a vraiment jamais eu. Ce trop plein de pathos a eu l'effet inverse sur moi : il m'a agacée et empêchée de ressentir pleinement une empathie forte pour Teresa et Bern. Trop racoleur au final.

Je fais cependant mienne cette magnifique injonction : « Nous avons pour tâche de donner l'assaut au ciel. Nous devons dévorer le ciel. »

Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°6 )
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J'ai plongé sans hésitation dans ce roman fleuve qui, au début, m'a fait penser à L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante. S'il y a l'Italie, les confidences d'une adolescente, ses amitiés, ses amours, la ressemblance s'arrête vite.

Bien traduit par Nathalie Bauer, Paolo Giordano dont le premier livre, La Solitude des nombres premiers, a connu un immense succès, réussit là un second roman riche en événements et en surprises.
Teresa, la narratrice, a quatorze ans lors de ce premier été à Speziale, au sud de Bari, dans les Pouilles. Elle vient chez sa grand-mère paternelle passer un mois avec son père.
Teresa est très attirée par trois garçons de son âge (Nicola, Tommaso et Bern) venus se baigner, sans autorisation, en pleine nuit, dans la piscine familiale. Des trois, Bern la captive par son regard. Suivent d'autres étés qui permettent à Teresa et Bern de faire plus ample connaissance…
Quatre années passent et une très mauvaise nouvelle vient assombrir sa vie. Elle décide alors de tout faire pour retrouver son grand amour.
À partir de là, j'étais pris dans la spirale d'une histoire souvent tendue de jeunes gens désirant s'affranchir des contraintes de la société et prêts à se battre pour défendre leurs idées. J'ai retrouvé chez eux un souci constant de l'écologie, une conscience très claire des enjeux qui menacent notre planète et un souci d'appliquer cela dans la ferme qu'ils exploitent ensemble, sans Nicola, devenu policier...
Avant d'arriver à cette concrétisation, il m'a fallu supporter la partie consacrée à l'éducation des enfants, inculquée par Cesare, le père de Nicola qui incarne une sorte de gourou imprégné de religion, il applique des méthodes de tyrannie mentale douteuses dont les conséquences sur les trois garçons se ressentiront jusqu'à la fin du livre.
Ces passages de la Bible, ces textes religieux cités un peu trop souvent par Cesare ne me semblent pas indispensables car on comprend vite que cet homme se sert de tout cela pour dominer ceux qui lui sont confiés.
Trois parties et un épilogue structurent ce roman dont j'ai eu envie de tourner les pages avec plaisir mais aussi beaucoup de crainte pour Teresa qui n'a pas hésité à tout sacrifier pour vivre pleinement avec celui qu'elle aime.
Leur engagement en faveur d'une agriculture la plus naturelle possible que j'approuve totalement, ne se limite pas à la ferme. Avec d'autres, ils militent et se battent pour sauver les oliviers de la région d'un abattage systématique à cause d'une bactérie ravageuse. J'ai retrouvé là les mêmes questions que posent ces mises à mort généralisées d'animaux ou de végétaux avec, dans le cas du livre, une nouvelle variété transgénique prête à être livrée par des gens qui gagneront beaucoup d'argent, au passage.
Amitié, amour, jalousie, haine, vengeance, religion, communauté, retour au naturel, désir d'enfant, responsabilité parentale, Dévorer le ciel, roman découvert dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com et grâce aux éditions du Seuil que je remercie, foisonne d'idées et de situations qui m'ont fait penser et réfléchir à beaucoup de débats qui agitent actuellement notre société.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Voilà un gros coup de coeur ! Je suis complètement tombée sous le charme de l'histoire de Bern, Teresa, Tommaso et Nicola.
Une histoire d'amour, d'idéaux, d'espoir, de croyances.
Les personnages , tous charismatiques sont décrits avec beaucoup de réalisme et précisions. Je n'ai eu aucune à me les imaginer et à les aimer ( surtout Bern et Teresa). La fragilité de tous est touchante.
Ils me manquent maintenant que j'ai tourné la dernière . C'est le genre de livre que l'on a envie de faire durer et même plus, on a envie que ce ne soit pas un roman pour pouvoir, sans fin, connaître l'évolution de chaque personnage
C'est un livre teinté de mélancolie et l'on sent une certaine nostalgie, est-ce celle de l'auteur Paolo Giordano ? En tout cas moi, je le suis ce soir, et je vais guetter avec acuité la sortie de son prochain roman.
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Dans la solitude des nombres premiers, on avait apprécié il y a déjà plus de 10 ans tout le talent de Paolo Giordano, alors à peine 25 ans, pour éviter les stéréoptyes et les situations convenues, tout en parvenant à decrire des scénes d'amour fou qui marquent les esprit longtemps après l'avoir lu

Son nouveau roman dix ans plus tard " Dévorer le ciel" lui permet de récidiver tant il trousse à nouveau un incroyable roman d'amour,, un roman d'absolu qui suit une narration fluide rythmée dans . le décor de la campagne italienne, ses paysages reculés l'exposé de l'amitié sans bornes, l'éveil de sens, le poids de la religion

Un livre d'apprentissage par excellence pour une saga familiale et amicale ambitieuse et dense.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Après avoir lu une petite centaine de pages, je constate que je n'accroche pas, que l'histoire est trop surfacique, trop plate… Mais, en même temps, impossible de faire un abandon de lecture, car je dois rendre mon avis pour le jury Elle ! Je m'accroche donc… pas le choix !

Et puis la libération arrive, un événement décisif fait que l'histoire bascule, en effet l'entrée en scène de Violalibera change le cours des choses et donne du rythme à l'histoire. À partir de là, impossible de lâcher le roman, tout s'enchaine, la soif d'expériences, l'amour, la liberté, les crises existentielles de certains personnages… Je veux savoir, je veux connaître le dénouement des choses, je veux savoir si ces jeunes trop idéalistes vont pouvoir vivre en communauté loin de la société de consommation ou bien si leurs projets vont sombrer et leur amitié se noyer. Est-ce un peu de voyeurisme ? Est-ce parce que j'aime cette idée que la terre est sacrée ? Ou bien est-ce parce que l'infertilité du jeune couple m'émeut et me rappelle certaines choses ? J'ai eu l'impression de prendre une vague de pleine face, une vague de mots, une vague d'écriture extrêmement soignée et à la limite de la poésie…

Ce roman est un brin romantique, mélancolique et même idéaliste par moment. Mais il est également extrêmement violent puisqu'il amène le lecteur a s'interroger sur le sens de sa vie et sur l'accomplissement de ses rêves de jeunesse…

Bref un lourd questionnement peut nous envahir à la suite de la lecture de ce roman mais si vous n'avez pas peur des bilans vous trouverez à travers ses pages une douce poésie narrée par l'auteur…
Lien : https://ogrimoire.com/2019/1..
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Italien, ce roman a débuté comme une madeleine de Proust pour moi. Commençant par les vacances annuelles de Teresa dans la maison familiale de vacances dans les Pouilles, j'ai ressenti les embruns de mes propres vacances quand j'étais plus jeune. Par de nombreux éléments, les amitiés de vacances, les trajets en voiture, la chaleur estivale, j'ai eu l'impression de me retrouver 20 ans en arrière lorsque tous les ans, mes parents et moi nous nous rendions en vacances au même endroit en Espagne.

Durant tout le récit, on ne peut s'empêcher de se replonger dans nos souvenirs de jeunesse, de nos vacances si lointaines où nous faisions nos premières propres expériences, nos premiers amours de jeunesse, les amitiés que l'on pensait éternelles. Même si ce n'est finalement qu'un roman, une introspection sur nous-mêmes arrive plus vite qu'on ne l'aurait pensé.

C'est un roman assez tendre, touchant mais avant tout mélancolique. Pour un auteur masculin, Paolo Giordano arrive à se mettre dans la peau de cette adolescente de 14 ans, qui grandira plus vite une fois les mois d'été arrivés. Narratrice principale, Teresa alternera le passé et le présent pour nous conter ce récit de vie, en compagnie de Bern, Nicola et Tommaso. Au fil des pages, les personnages évoluent dans leur façon d'être mais aussi dans leur manière de penser le monde. Alors qu'on grandit, on se rend compte qu'on doit souvent revoir nos idéaux, nos aspirations et nos rêves.

Roman d'apprentissage, on y parcourt le chemin de vie de ces 4 personnages principaux, passant de l'enfance à l'âge adulte, avec les difficultés, les remises en question, les amours déchus qui les accompagnent. L'auteur n'oublie pas les revendications si actuelles de ce ras le bol du matérialisme exacerbé, d'une écologie en recrue d'essence et de l'importance des liens sociaux. L'atmosphère des Pouilles est omniprésente et occupe une place importante. le choix d'une vie en marge des idéaux actuels aurait, peut-être, pu être un peu plus développé au niveau de la figure paternel, en la personne de Cesare.

Malgré quelques longueurs, j'ai apprécié cette lecture peut-être par nostalgie mais aussi par l'aspect si franc et véridique. L'amour et la haine sont finalement si proches que les frontières peuvent être mouvantes.

Petit clin d'oeil à la magnifique couverture dont ce roman est doté.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Une histoire forte de quatre vies sur vingt ans, sur le difficile chemin de la jeunesse vers l'âge adulte.

Une ferme dans les Pouilles.
Teresa, jeune vacancière, fascinée par ses voisins, Bern, Nicola et Tommaso, fratrie improbable de garçons éduqués sans scolarité, dans la spiritualité de la Nature et la croyance en Dieu.
Au fil des mois et des années, des amitiés se nouent, des couples se forment et s'éloignent, des jalousies se stigmatisent autour des attirances sentimentales et sensuelles. le drame est au coin du bois, les écueils de vie cruels. Tous les subissent, s'engagent dans des combats écologiques, affrontent les aléas financiers, le jugement de leur entourage ou de la société.

Un livre d'apprentissage par excellence pour une histoire ambitieuse et très travaillée, des personnages passionnés (qu'on aime ou pas!), une thématique existentielle et un romantisme très moderne. le tout dans le décor de la campagne italienne, ses paysages reculés propices à la solitude.

La lecture demande du souffle et des poses pour soulager la tension. On vit l'amour et l'amitié au plus près, les aspirations irrationnelles de la jeunesse. le bonheur et la souffrance ne sont jamais loin, s'accompagnant des regrets et les désillusions dans les choix de vie et les convictions. On s'immerge sans toujours comprendre le lien très fort avec la terre, et cette capacité à se rêver un monde intérieur personnel ou un idéal illusoire, et accepter de s'y perdre.

Belle lecture qui a demandé de l'assiduité mais qui restera présente.
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Teresa passe ses vacances d'été chez sa grand-mère dans les Pouilles où elle va rencontrer trois jeunes garçons ,Bern, Nicola  et Tommaso qui vivent dans une ferme voisine . Elle va s'éprendre de Bern sans savoir que cet amour va bouleverser sa vie puisqu'elle va abandonner ses études et vivre avec d'autres dans cette ferme dont ils aimeraient la rendre autosuffisante .Seulement rien n'est simple pourtant Teresa aimerait s'accrocher à ce mode de vie .Une belle histoire au milieu des Pouilles.
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Ce ne doit pas être simple de recevoir le prix le plus prestigieux de son pays (Strega), dès son premier roman, âgé d'à peine plus de 25 ans et de le vendre à deux millions d'exemplaires. Pas facile dans le sens où après La solitude des nombres premiers, Paolo Giordano, puisqu'il s'agit de lui (côté féminin, sa compatriote Silvia Avallone a connu le même début de « carrière »), serait forcément attendu à chaque publication. le corps humain et Les humeurs insolubles, les deux romans qui ont suivi, n'étaient pas mauvais mais il n'y avait pas de quoi s'enthousiasmer non plus. Vu le talent de l'écrivain et une fois digéré son énorme succès initial, il était prévisible qu'il nous revienne un jour ou l'autre avec un livre accompli et qui dépasse largement les promesses de la solitude des nombres premiers. Mission remplie, et au-delà des espérances, avec Dévorer le ciel, une pure merveille romanesque, dont on ne sait s'il faut d'abord admirer l'habileté narrative et l'émotion qui s'en dégage ou le style délié admirablement préservé par la traduction de Nathalie Bauer. Les premières scènes sont magnifiques et très visuelles avec une jeune fille, la narratrice, qui observe trois garçons qui se baignent nuitamment dans la piscine de la maison familiale, où elle passe l'été, au coeur des Pouilles. le roman débute comme le récit d'un amour de vacances et va ensuite se développer en une fresque générationnelle, sur plus de 15 ans. Comme dans le premier livre de Paolo Giordano, l'auteur nous raconte des lignes de vie brisées et l'inadaptation sociale de jeunes gens qui refusent ici une société matérialiste qui les éloigne de l'innocence et de la pureté originelle, celles qu'ils recherchent dans une ferme communautaire où ils vont passer les plus belles années de leur vie avant que l'utopie ne vole en éclat. Les personnages du livre sont charismatiques mais le plus touchant est Teresa, la narratrice « interprétée » si l'on ose dire par Paolo Giordano. Dont on perçoit toute la fragilité et le courage dans le choix d'une vie à l'encontre de son éducation mais aussi l'impuissance devant les rêves trop grands des garçons et notamment de Bern, l'élu de son coeur, depuis l'épisode de la piscine. le roman est admirablement construit, défaisant la chronologie des événements pour mieux y revenir, réussissant ainsi à se métamorphoser en thriller existentiel dont le suspense se maintient jusque dans les dernières pages. Des Pouilles à l'Islande, en passant par Kiev, Dévorer le ciel se révèle furieusement romantique, délicieusement mélancolique et s'interroge au fond sur les seules questions qui importent : quel est le sens de nos vies et qu'avons-nous fait de nos rêves de jeunesse ? Paolo Giordano les illustrent avec aussi bien l'intelligence de l'esprit que celle du coeur. Magistral.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Une belle histoire d'amitié entre quatre jeunes gens qui vont se découvrir au fil du temps : Tommaso, Nicola, Bern et Teresa.

Ils vont vivre une jeunesse tumultueuse ; alcool, sexe et drogue.

Puis vont se tourner résolument vers la nature, vie saine, simple et deviendront de fervents défenseurs de l'environnement.

A côté de ça une belle histoire d'amour intemporelle entre Bern et Teresa que rien ne viendra entraver ; pas même un glacier Islandais.

Une certaine jeunesse, et le temps immuable qui fait son oeuvre et ne reste que les souvenirs.
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