Citations sur Electre (76)
"C'est là ce qui est si beau et si dur dans la vérité, elle est éternelle mais ce n'est qu'un éclair."
- Comment cela s'appelle t-il, lorsque le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, et que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
- Cela a un très beau nom, femme Narsès : cela s'appelle Aurore.
Dans ce pays qui est le mien on ne s'en remet pas aux dieux du soin de la justice. Les dieux ne sont que des artistes. Une belle lueur sur un incendie, un beau gazon sur un champ de bataille, voilà pour eux la justice.
Sur nos fautes, nos manques, nos crimes, sur la vérité, s'amasse journellement une triple couche de terre, qui étouffe leur pire virulence : l'oubli, la mort, et la justice des hommes. Il est fou de ne pas s'en remettre à eux. C'est horrible, un pays où, par la faute du redresseur de torts solitaire, on sent les fantômes, les tués en demi sommeil, où il n'y a jamais remise pour les défaillances et les parjures, où imminent toujours le revenant et le vengeur. Quand le sommeil des coupables continue, après la prescription légale, à être plus agité que le sommeil des innocents, une société est bien compromise.
Où qu'on aille, on se retrouve aussitôt face à face. La terre est ronde pour ceux qui s'aiment.
(...) Il y a un insecte, paraît-il, qui ne vit que cinq minutes. En cinq minutes, il est jeune, adulte, cacochyme, il épuise toutes les combinaisons d'histoire d'enfance, d'adolescence, de déboîtage du genou et de cataracte, d'unions légitimes ou morganatiques. Tiens, depuis que je parle, il doit en être au moins à la rougeole et à la puberté.
« Nous faisons une situation fausse aux morts en les raccrochant à notre vie. C’est leur enlever, s’ils en ont une, leur liberté de morts. »
On n'a le droit de sauver une patrie qu'avec des mains pures.
Moi je ne suis plus dans le jeu. C’est pour cela que je suis libre de venir vous dire ce que la pièce ne pourra vous dire. Dans de pareilles histoires, ils ne vont pas s’interrompre de se tuer et de se mordre pour venir vous raconter que la vie n’a qu’un but, aimer. Ce serait même disgracieux de voir le parricide s’arrêter, le poignard levé, et vous faire l’éloge de l’amour. Cela paraîtrait artificiel. Beaucoup ne le croiraient pas. Mais moi qui suis là, dans cet abandon, cette désolation, je ne vois vraiment pas ce que j’ai d’autre à faire !
FEMME NARSES - [...] Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
[...]
LE MENDIANT - Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s'appelle l'aurore.