Comme il est beau et poétique cet album ! Je l'avais oublié quelque part dans les rayonnages sans âge de ma bibliothèque sans fond.
C'est à un p'tit coup de ménage que vous devez cette petite critique. Une exhumation d'un superbe album, émouvant autant par ce qu'il dit que par ce qu'il me rappelle, de l'époque où je l'ai acheté, de la personne avec qui j'étais à ce moment...
Mais ça c'est de tes souvenirs Nastasia, cela ne nous intéresse guère. C'est un peu vrai, bonnes gens, mais c'est un peu le thème de l'album également, le souvenir.
Le duo Rascal/Girel a rarement été aussi bon, aussi beau, aussi poétique, aussi juste dans le ton et dans les teintes que dans
Blanche Dune.
Tout d'abord le texte de Rascal est d'une rare beauté. Tout en subtilité, tout en dialogues et questionnements intérieurs d'une grande profondeur. La rencontre d'un enfant et d'un vieux monsieur, là, au bord de la mer, au pied d'une falaise trop belle et trop pudique pour se montrer dévêtue de son voile de nuages.
Quelque part dans le Pas de Calais, probablement, à deux ou trois encablures du Cap Gris-Nez, assurément. Un rivage pas sexy. Un littoral à la beauté subtile, au charme pas commercial.
Sur le front de la falaise, siège une belle demeure de style anglais version fin XIXème, l'époque des bains de mer en canotier et tenue rayée.
L'enfant interroge le vieil homme sur les blockhaus, les crabes, les étoiles, les ammonites...
Dans ce lieu (cette résidence secondaire), ces quelques objets et les réponse du Capitaine, le petit Tanguy trouve des réponses à des questions existentielles, métaphysiques et surtout, fait l'apprentissage de l'altérité, de la nuance et de la poésie.
Stéphane Girel quant à lui, sait trouver de cadrages, des tons, des ambiances dans ses aquarelles qui ajoutent encore à l'épaisseur, à la sensibilité, à la poésie de cet album.
Réussite indubitable à mon goût, un album fantastique que j'ai eu tort d'oublier depuis tant d'années. le thème central de l'album, parmi tous ceux que j'ai évoqués déjà, me semble le rôle du souvenir dans le sens qu'il donne à nos vies, et par delà, le sens même de la vie.
Grande quiche Nastasia ! Pourquoi l'as-tu laisser prendre la poussière et se briser les reins sous des tonnes de gros bouquins ? Ne soyez pas si bête que j'ai pu l'être, ne vous en privez pas plus longtemps. A fortiori dans cette période où nous allons entrer de commémoration du centenaire de 1914.
Mais ceci n'est bien évidemment que mon avis, un petit point qui clignote à l'horizon et qu'une vague un peu plus haute effacera bien vite, autant dire, pas grand-chose.