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EAN : 9782072761096
128 pages
Verticales (11/01/2018)
3.16/5   32 notes
Résumé :
« Je ne sais pas si Istanbul garde toujours les traces de ce qui s'est passé, je ne sais pas si je peux apprendre d'autres choses sur mon père. Ou peut-être le sais-je, mais je fais comme si je pouvais encore faire durer son histoire, je me mets à sa place et je suis toutes les pistes, même les fausses. »
Le 7 novembre 1995, alors qu'elle a onze ans, Aliona apprend que son père a disparu lors du naufrage d'un voilier au large de la Turquie.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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« Mon père a disparu il y a vingt et un ans. Depuis, il n'a jamais donné de nouvelles. La dernière fois que nous nous sommes vus, c'était l'été 1995, à Minsk, j'avais onze ans, il en avait cinquante.
Il a disparu la nuit du 7 novembre 1995. »

Ce petit livre a été écrit en français par l'auteure qui dit … « Les gens parlent russe et moi, j'écris en français. J'entends des mots séparément dans ma tête, j'ai trouvé un endroit silencieux au sein d'une autre langue, un endroit où je peux réfléchir. »

Cet endroit elle le découvre grâce à Jean-Pierre un journaliste français rencontré en 2010. A partir de cette rencontre, en tâtonnant, cherchant, la narratrice va se mettre à écrire.

Par bribes de souvenirs épars qui viennent du plus profond d'elle-même mais aussi de son entourage, l'auteure essaie de réunir les pièces du puzzle éclaté qu'est devenu son père disparu. Elle va de cette manière tenter de recomposer une image de ce père qui l'a quittée lorsqu'elle n'avait que onze ans.
Ce livre m'a touchée car il montre parfaitement ce qu'engendre la disparition, cette incertitude, cet égarement où elle laisse ceux qui, restés au loin et n'ayant pas de preuve de la mort, ne peuvent que supposer, questionner et attendre un possible retour du disparu et tenter de comprendre.

« C'est inimaginable, les pères ne disparaissent pas comme ça. »
« …J'aurais voulu me rappeler plus et chercher moins. Je ne peux m'empêcher de m'adresser directement à toi, comme si c'était toujours possible, comme si la disparition était un endroit où je pouvais venir pour te parler dès que j'en ai vraiment besoin. »

En progressant à travers l'écriture de ce livre en français, la narratrice réussit à libérer, du silence où il était enfoui, son père disparu et à se libérer elle-même en le retrouvant.
J'espère que ce premier livre ne sera pas le dernier car je serais heureuse de suivre la progression de cette jeune auteure.
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C'est un livre court, un premier roman obsédant , celui de Aliona Gloukhova , hantée par la disparition de son père , lors du naufrage d'un voilier au large d'Istanbul le 7novembre 1995 alors qu'elle a onze ans .
Devenue adulte, elle tente de recomposer son image par petites touches en convoquant ses souvenirs de petite -fille , par bribes plus ou moins venues de loin, dans des phrases précises , parfois décousues ou enveloppantes ......
Elle mène sa quête douloureuse à partir de lambeaux de souvenirs , elle a retrouvé les cahiers où il avait collé des fragments d'articles et des photos de voyageurs, et d'autre cahiers lignés ou des phrases répétées à satiété comme des formules conjuratoires : "Il Faut que j'arrête de boire", il les réécrit pour leur donner plus de force , arrive un moment où il n'y arrive plus.........
Lors de cette attente entêtante , elle est privée de deuil puisque aucune preuve matérielle n'a confirmé la mort de son père ........
Pourquoi ce titre aquatique ?
Parce qu'elle évoque l'absence de l'eau dans le corps de son père, au profit constant de la vodka .
Une absence béante qui peut être une présence ......obsédante .
Resurgit la Biolorussie post soviétique , ses barres d'immeubles vieillots et miteux , ses murs à la chaux craquelée, elle exhume les détails concrets de la vie avec lui, elle , petite - fille fêtant ses deux ans le jour de la catastrophe de Tchernobyl , lui, qui ne peut pas occuper de poste de dirigeant car il n'est pas au Parti Communiste , elle le répète plusieurs fois dans le récit .........
Une quête initiatique qui suit toutes les pistes , même les fausses, une contre - enquête intuitive , parfois décousue, floue , rêvée, par bribes arrachées au pays de l'enfance ......
"Oú et quand tout a basculé pour son père ?"
" Se tenir debout quand tout tombe " ......même sous l'eau . La critique ne fut pas facile ......
Un ouvrage qui permit peut- être à son auteur de trouver l'apaisement ?
Un premier roman paru aux éditions verticales , attendons son deuxième ouvrage .......
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Lenka a 5 ans, elle habite à Minsk, elle a appris à nager avant de marcher. Elle ressemble à son père, dans la vie elle se dandine, mais dans l'eau elle est chez elle. C'est pourquoi on la surnomme le pingouin. Son père a un besoin maladif d'alcool et toute la famille vit au rythme de ses crises.
« Tout le monde boit à cette époque dans cette ville. Les pères de mes copines de classe boivent, nos voisins boivent, nos profs à l'école, eux aussi, boivent. Dans cette ville, il faut boire pour trouver du courage. »

Son père rêve de voilier et de voyage en mer. Un jour de tempête il y a 21 ans, Lenka a alors 11 ans, le voilier sur lequel il se trouve a coulé en Turquie. Son corps n'a jamais été retrouvé
Lenka doit inventer ses souvenirs, elle imagine sans cesse son retour. Avant sa disparition, il était à peine existant. Elle cherche des photos, des lettres pour le faire revivre. Elle questionne sa mère, sa soeur, elle essaye de retracer les événements juste avant l'accident. Et puis un jour, elle prend l'avion pour la Turquie, elle se rend là où son père a été vu pour la dernière fois, pour se mettre à sa place, pour comprendre.

J'ai beaucoup aimé ce premier roman où la narratrice est hantée par la disparition de son père et s'efforce d'en recomposer l'image. Elle sait parfaitement décrire le vide de l'absence, la quête de cette femme pour faire le deuil impossible de ce père insaisissable. Ce récit nous décrit aussi la Biélorussie post soviétique où tout le monde boit pour oublier la noirceur des immeubles et de la vie en général. L'écriture est fluide comme l'eau omniprésente dans ce livre.

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Aliona n'a que onze ans lorsqu'elle apprend que son père a disparu lors d'un naufrage en mer. Parti au loin, à Istanbul, pour enfin voguer sur cette mer qui l'a tant attiré toute sa vie, lui pour qui les voyages étaient quasiment impossibles, à Minsk et dans la Biélorussie des années 90…. Et comment peut-on faire son deuil quand il ne reste que le vide et à jamais une dose d'incertitude ?

Dans ce roman, car c'est un roman malgré tout, la petite fille devenue femme part à la recherche de ce père, des instants volés à sa mémoire, des souvenirs de ceux qui en ont encore, du pourquoi ne se souvient-on pas que ce sont les derniers instants passés avec ceux qu'on aime, et pourquoi n'est-on pas capable de les vivre pleinement. Car la disparition est toujours soudaine, bouleversante, déchirante, et laisse cet amer goût de manque, d'absence, de vide.

Aliona cherche son père. Son père et sa dipsomanie – une maladie – qui lui fait chercher l'oubli dans l'alcool, encore et toujours, jusqu'à la déchéance, pour affronter un avenir sans doute pas si enthousiasmant que ça. Son père et la famille qui le soutien mais qui parfois est excédée, sa femme, ses enfants, Slavka, le fils d'un premier mariage, un divorce comme une tare dans la Biélorussie communiste, son exclusion justement du parti communiste qui ne veut plus de lui. L'alcool comme un remède à la peur, de sortir, de vivre une autre vie que celle dont on rêve, pour oublier l'enfant mort, pour oublier les frustrations peut-être.

C'est un étonnant roman que propose Aliona Gloukhova à ses lecteurs. Un véritable travail d'introspection familiale dans lequel elle va puiser pour trouver les traces de son passé, et tracer un avenir où il faudra se reconstruire sans, sans le père, la mémoire, sans une certaine forme d'enfance, pour avancer bien droit vers demain.

chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/05/25/dans-leau-je-suis-chez-moi-aliona-gloukhova/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Par bribes, écrites en français par une jeune autrice venue de Biélorussie, la recherche de "qui je suis avec ce père disparu en mer de Turquie pendant l'enfance ?"
Un livre court, avec une écriture assez poétique : une histoire qui tourne un peu en rond comme les cercles concentriques autour d'un galet lancé dans l'eau qui finissent par toucher la rive. On peut passer à côté et trouver cela un peu vain (même si le thème psychologique est intéressant en lui-même) si on ne voit pas l'arrière-plan : le portrait d'une société où "tout le monde boit" (cf. dans les citations), Minsk "ville grise" (même expression pour raconter Lviv en Ukraine dans Une ville à coeur ouvert...) où l'individu semble noyé dans un système collectif de non-dits et d'interdits...
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critiques presse (1)
Pour Aliona Gloukhova, Biélorusse francophone de 37 ans, écrire un livre sur la disparition mystérieuse de son père dans une langue étrangère, le français, s’est révélé être une thérapie plus qu’un défi.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
"Tout le monde boit à cette époque dans cette ville.
Les pères de mes copines boivent , nos voisins boivent , nos profs à l'école, eux aussi, boivent.
Pour moi,la ville de Minsk est comme un gros animal de pierre, ou comme une boîte en carton .
Je vois mon père qui marche dans les rues, je vois son manteau en peau de mouton retournée, il est tout seul, et je ne peux rien faire.
C'est une ville oú l'on courbe la tête à l'intérieur de son manteau, oú l'on se cache les mains .
Dans cette ville il faut boire pour trouver du courage ".........
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Je sais qu'avec mes questions mal placées je dérange le silence intérieur des gens. J'essaye pourtant de choisir le bon moment. Ceux que j'interroge ne sont pas là où ces questions se posent, je dois d'abord écouter leur silence pour savoir s'il faut leur donner plus de temps.
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Il y avait un homme qui voulait être un dauphin, il avait un coeur qui battait pour deux : pour un homme et pour un dauphin. Il y avait un dauphin qui était homme par erreur, quelqu'un s'était trompé. Il avait le corps d'un homme ça arrive. Il lui fallait apprendre à marcher tout droit, réadapter ses poumons, ses touts petits poumons qui se pliaient et se dépliaient tout le temps. Il avait en lui une chair d'argile, une chair sanguine, il avait en lui de l'eau de mer salée.
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Je ne sais pas si je me souviens de toi. Je ne sais pas ce que l'on fait pour se souvenir des gens, il y a peut-être une façon. Un bouton sur lequel on appuie, pour sauvegarder les autres tant qu'ils sont là, sans qu'ils s'en rendent compte. C'est aussi parce que je ne faisais pas attention que je n'ai pas retenu grand-chose. Je ne savais pas que tu allais disparaître.
Il fallait te regarder plus attentivement et surtout ne pas détourner mon regard de toi. Parce que quand on détourne son regard de quelqu'un, ce quelqu'un peut subitement partir dans une direction inconnue.
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Tout le monde boit à cette époque dans cette ville. Les pères de mes copines. de classe boivent, nos voisins boivent, nos profs à l'école, eux-aussi boivent. Pour moi, la ville de Minsk est comme un gros animal de pierre, ou comme une boîte de carton. Je vois mon père qui marche parmi les rues, je vois son manteau en peau de mouton retournée, il est tout seul, et je ne peux rien faire. C'est une ville où l'on courbe la tête à l'intérieur de son manteau. où l'on se cache les mains. Dans cette. ville, il faut boire pour trouver du courage.
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Vidéo de Aliona Gloukhova
Comment surmonter une rupture amoureuse ? Que reste-t-il quand l'amour n'est plus ? Les deux invitées du Book Club, Line Papin et Aliona Gloukhova, ont raconté la reconstruction de soi après l'amour.
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