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EAN : 9782940523696
224 pages
Editions des Syrtes (08/03/2018)
4.1/5   10 notes
Résumé :
Le roman est construit autour du dialogue entre Sacha, jeune homme fraîchement installé à Minsk et sa voisine de palier, une vieille dame de 91 ans atteinte de la maladie d'Alzheimer, Tatiana Alexeïevna. Tous deux ont vécu une tragédie et le destin croisé de ces deux personnages souligne leurs ressemblances mais aussi et surtout leurs différences, qui tiennent essentiellement à la période historique.
Tatiana lui raconte son passé au Commissariat du peuple au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Croix rouge …
C'est un mouvement humanitaire bien connu (1), et bien qu'il soit mentionné à de nombreuses reprises dans le livre, ce n'est pas le sujet.
Croix rouges
C'est simplement des croix qui seront rouges et qui permettent d'aider une vieille femme à retrouver son chemin.
Un livre de confidences entre voisins de hasard …
Une vieille femme avec un passé chargé de détails qui ne seront pas à la gloire de l'union soviétique …
Un jeune homme dont la vie nécessite un nouveau départ pour se reconstruire.
Une belle écriture qui illustre son propos de longues citations d'illustres écrivains, et qui n'hésite pas à nous proposer différentes versions de l'Histoire …
Celles de ceux ou celles qui ont pratiqué le régime stalinien de l'intérieur, qui ont connu les camps de rééducation … et qui veulent témoigner des méfaits d'une dictature,
Celles de ceux qui sont passés au travers des mailles des filets de la persécution du régime par chance … et qui ne comprennent pas les reproches adressés au régime stalinien,
Celles de ceux qui se retrouvent dépositaires de témoignage des victimes et qui doivent devenir les porte parole des contestataires.
De nos jours on pourrait rappeler au camarade Poutine, celui qui veut bouter le nazisme d'Ukraine, le discours de Molotov en novembre 1939 …
« L'idéologie de l'hitlérisme, comme tout autre système idéologique, peut-être acceptée ou non, c'est une question d'opinions politiques. Mais chacun comprendra qu'on ne peut anéantir une idéologie par la force, qu'on ne peut la détruire par la guerre. C'est pourquoi il est non seulement absurde, mais criminel de faire la guerre pour « anéantir l'hitlérisme », en la parant du drapeau mensonger de la lutte pour la « démocratie ». » …
Si seulement il appliquait la même doctrine aujourd'hui au conflit russo-ukrainien !

(1)
Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est le plus important regroupement d'organisations humanitaires au monde.
C'est à la suite de la bataille de Solférino en 1859, qu'Henry Dunant, homme d'affaires protestant évangélique genevois, eut comme projet une organisation de secours, neutre et permanente pour les soldats blessés.
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Je tiens, tout d'abord, à remercier Babélio et les éditions des Syrtes de m'avoir permis de découvrir ce court roman.

Ce qui m'a, de prime abord, attiré c'est le fait que l'auteur évoquait le rôle du CICR. Etant volontaire Croix Rouge, ce pan m'intéressait particulièrement.

In fine, le roman aborde relativement peu le rôle du CICR mais y dépeint, tout de même, une facette assez intéressante.

Le gros de ce roman raconte surtout l'histoire d'une personne âgée, Tatiana, qui a vécu personnellement les persécutions communistes.
Elle raconte donc sa vie à son jeune voisin de palier qui, lui non plus, n'a pas eu la vie facile.

Pour moi, tout l'intérêt du livre est, justement, dans la manière dont l'auteur raconte la vie de la vieille dame.
Il le fait de façon assez précise (et je pense assez exacte puisque certains faits relatés se retrouvent dans d'autres histoires traitant du même sujet) et assez émouvante.
Par contre, deux choses m'ont dérangé dans cette histoire : d'abord, la façon dont la personne âgée raconte sa vie ne me semble pas cohérente avec un diagnostic d'Alzheimer. Je ne lui ai pas particulièrement trouvé des trous de mémoire à court ou long terme. de plus, préciser que la dame a cette maladie n'amène rien au bouquin.
Ensuite, j'ai trouvé que lorsque l'auteur sort de la narration du passé par Tatiana, son style est trop direct, voire brute et désagréable. J'ai eu la sensation que ces parties embêtaient l'auteur et qu'il essayait de s'en débarrasser au plus vite. du coup, ça donne une sensation un peu désagréable à la lecture.

Ceci dit, ce roman est très instructif et digne d'intérêt pour qui est sensible à l'histoire du communisme.
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Sacha, jeune homme dont le couple vient d'exploser (on saura pourquoi vers la fin du roman) déménage dans un immeuble moscovite sur le même palier qu'une vieille femme de 91 ans, Tatiana Alexeïevna, atteinte de la maladie d'Alzheimer. Rapidement lors de leur première conversation, Tatiana fait part à Sacha qu'elle a vécu l'horreur durant la deuxième mondiale. Tout d'abord distant, Sacha finit par être happé par les souvenirs de la vieille dame.


En effet, STALINE n'était pas un si grand ennemi du nazisme qu'on pouvait (ou voulait) le croire, le pacte de non-agression signé entre STALINE et RIBBENTROP fut utile pour des pourparlers et alliances ainsi que pour une certaine protection implicite proposée à HITLER de la part du pouvoir soviétique, ceci avant l'avancée des troupes allemandes du côté de Stalingrad. Puis il y eut les quelques 3 000 prisonniers russes en Roumanie, dont le mari de Tatiana, elle-même salariée du NKID (ministère russe des affaires étrangères). C'est là qu'elle devra recopier la liste des 3 000 noms de prisonniers, elle décidera de ne pas inscrire le nom de son mari.

Au fil du récit, Tatiana égrène ses souvenirs, fait part du sort réservé aux prisonniers russes par le gouvernement Stalinien (des moments terribles mais dédramatisés par la plume de l'auteur). Elle est parallèlement très curieuse de connaître le parcours du jeune Sacha, lui-même extrêmement hostile au départ car, effectivement sa vie à lui n'a pas non plus été de tout repos. Que Sacha soit arbitre de football n'est pas d'un grand poids dans le roman, que Tatiana soit Alzheimer en a beaucoup plus, car une course contre la montre et pour la mémoire collective s'enclenche. Tatiana a vécu des drames indicibles, et si elle est encore vivante à 91 ans, c'est qu'elle avait un but dans la vie : découvrir une certaine vérité.

Le mépris des autorités soviétiques pour les prisonniers russes est révoltant et laisse béat. le roman est parsemé de croix (d'où son titre), dont le rôle du Comité International de la Croix Rouge durant le conflit. « Croix rouges » est un excellent roman russe contemporain, mais comme beaucoup de romans de là-bas, il fait la part belle aux tragédies historico-politiques (un peuple qui a été servi plus souvent qu'à son tour), il est à la fois roman et récit historique. La trame est bien sûr cet héritage historique, garder ou partager, oublier ou déterrer le passé au risque de ne pas se relever. Sacha FILIPENKO est un jeune auteur biélorusse (34 ans) mais dont c'est déjà pourtant le quatrième livre, un livre plein de talent, qui ne sombre jamais dans le pathos ou la publicité pour mouchoirs jetables. C'est sobre, bien construit, très maîtrisé, et si l'on peut deviner d'entrée quelle sera la conclusion du roman, FILIPENKO s'y prend comme un vieux routier de l'écriture pour nous y amener patiemment et intelligemment.

Le roman est assez court mais répond à certaines questions historiques d'envergure.
https://deslivresrances.blogspot.fr/
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J'ai découvert ce livre avec plaisir. Il est émouvant et très intéressant : nous y apprenons le sort réservé aux prisonniers de guerre russes à leur retour au pays, ainsi que le traitement infligé à leur famille. Les prisonniers étaient considérés comme ayant trahis leur patrie, certains étaient fusillés, d'autres emprisonnés. La croix rouge a maintes fois tenté de prendre contact avec les autorités russes afin d'échanger les listes de prisonniers entre pays, mais ces tentatives sont restées vaines. En ce qui concerne les familles, elles étaient quelque fois épargnées, d'autres fois les femmes étaient envoyées au goulag et les enfants dans un orphelinat. Les gens y mourraient très souvent de faim et il y a même eu des cas de cannibalisme.

J'ai donc beaucoup aimé ce côté historique du roman, ainsi que la description de la peur ressentie par Tatiana, cette peur qui lui collait à la peau et ne la lâchait pas. J'ai également été touchée par la décision prise par la femme d'Alexandre, cet amour pour autrui et cette confiance en la vie.

Seul petit bémol peut-être, j'ai trouvé que le dialogue entre Alexandre et Tatiana s'était trop rapidement déroulé. J'aurais aimé qu'ils apprennent à se connaître petit à petit et qu'ils se dévoilent au fur et à mesure de leurs rencontres.
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Quand Sacha, jeune arbitre de football, emménage dans un nouvel immeuble, il n'a qu'un objectif, tourner une page de sa vie douloureuse et surtout n'être importuné par personne. C'est donc avec un profond dépit qu'il voit Tatiana Alexievna, une nonagénaire, atteinte d'Alzheimer et qui se sait condamnée, commencer à lui narrer son histoire. C'est elle qui met des croix rouges (à l'origine du titre) sur sa porte, pour être sûre de se repérer dans l'immeuble.

Née en Angleterre, elle est rentrée en Union Soviétique car son père voulait participer à l'édification du monde nouveau. Elle travailla au Commissariat des Affaires Etrangères, son mari dut partir combattre durant la Seconde Guerre Mondiale. Et c'est là que sa vie prendra une tournure tragique que l'on découvre tout au long du livre, entrecoupé par l'histoire personnelle de Sacha.

Dans ce livre, la critique du régime est également omniprésente : les secrets d'Etat, la personnalité de Staline, les exactions du Régime envers son propre peuple dans les camps mais pas seulement (et l'exemple de la vie de Tatiana en est malheureusement une réelle illustration), ou encore l'absence de réponse du gouvernement soviétique aux lettres adressées par la Croix Rouge, sans oublier les collusions avec le régime nazi.

L'un des aspects du livre qui m'a le plus frappé, c'est l'importance de la mémoire : mémoire collective d'un peuple qui a tendance à oublier les exactions et mémoire individuelle, bien sûr. A un moment dans le livre, Sacha et Tatiana se rendent à une manifestation contre la construction d'une autoroute à l'endroit où se situe un mémorial dédié aux victimes de la Guerre. C'est une lutte pour que ces traces ne s'effacent pas, tout comme la lutte vaine que mène Tatiana, qui finalement trouvera en son jeune voisin un passeur de mémoire.

Ce sont des interrogations universelles qui émergent du livre : sur la condition humaine, la conscience personnelle. Cela nous donne au final un récit dense, mis en valeur par une plume acérée, qui confirme Sacha Filipenko parmi les écrivains de langue russe à suivre !

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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critiques presse (1)
LeFigaro
19 mars 2018
Une vieille femme dont le destin se confond avec l'histoire de l'URSS raconte sa vie à un jeune homme triste.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Combien de fois, autour d'une table, après un ou deux verres, nous discutions entre amis de telle ou telle conduite ?
"Non, ça je ne le ferais jamais ! Non, même menacé de mort ! Trahir ? Vous n'y pensez pas ! Calomnier? Jamais ! Il y a des limites à tout ! Et la morale, alors ? Et l'honneur ? Vous avez appris que tel ou tel avait écrit des dénonciations ? Et moi, l'aurais-je fait ? Ah, non ! Jamais, c'est certain ! Accuser faussement quelqu'un ? Sottise ! Je ne le ferais pas, même sous la torture. Et si la vie de mes enfants en dépendait ? Rien ne pourrait me forcer à renoncer à mon humanité !"
Si seulement ! En réalité tout était beaucoup plus complexe. Si l'être humain a vraiment réussi en un domaine, c'est dans l'art de s'arranger avec lui-même.
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De temps en temps, derrière la baraque, il manquait des morceaux à certains cadavres frais. (…) Parfois, après avoir bu, le chef du camp organisait une attraction, toujours la même. Il prenait une pelle, y jetait un morceau de viande avariée et sortait dans la cour. Chaque détenue pouvait quitter sa « plus-huit », se traîner à genoux jusqu’à la pelle et couper avec ses dents le plus gros morceau qu’elle pouvait. (…) Je pensais que le plus effrayant, ce n’était pas que des détenues épuisées essayaient d’arracher un morceau de viande avec leurs dents, c’était que si nous ne changions rien, si le monde restait dans l’ignorance de ces horreurs, dans cinquante ans se cristalliserait un homme qui mangerait dans une pelle de par sa propre volonté. Et s’il n’y a ni douloureuse prise de conscience, ni repentir de la part de ce pouvoir, cet homme fera la queue devant une pelle pleine de blinis et sera heureux, il y mangera avec plaisir, car un tel homme n’est pas prisonnier dans un camp, mais en lui-même.
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J'ai appris que, comme nous, les enfants étaient envoyés, dans les orphelinats en convois escortés par des gardes, avec des chiens. Les enfants avaient droit à une ration, et, bien sûr, devaient travailler. Cinq fois par semaine, munis de petites binettes, les gosses de cinq ans allaient au potager sarcler les plates-bandes. Toutes les forces, même les plus minimes, devaient contribuer à la construction de notre grand pays.
J'apprenais que les enfants mangeaient les rats qu'ils attrapaient, que dès les premiers jours au camp, ils apprenaient à se dénoncer les uns les autres.
Des enfants me racontaient que certains orphelins reniaient démonstrativement leurs parents.
pages 179-180
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N’est-ce pas charmant ? Il est criminel de lutter contre le nazisme ! Nos diplomates avaient bien assimilé la leçon et, quand l’armée allemande est entrée dans Paris, ils sont allés accueillir les troupes hitlériennes. (…) C’était un homme droit, un vrai communiste et antifasciste. Quand il était question d’Hitler, il ne mâchait pas ses mots, et il en a payé le prix. Ayant appris qu’un personnage officiel en France dépassait les bornes, Moscou a rappelé son diplomate, qui fut aussitôt arrêté. Il a été condamné à cinq ans pour « état d’esprit antigermanique ». Et savez-vous quand ? En septembre 1941 ! Les nazis étaient devant Moscou et nous mettions nos diplomates en prison parce qu’ils avaient mal parlé d’Hitler.
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Un peu penchée mais solidement plantée en terre, cette croix résonnait dès que le vent se levait et se transformait en instrument de musique. Cette croix chantait le passé et l'avenir, la mort et la désespérance, la mémoire et la résignation. Son pied n'était pas arrosé mais imbibé du sang provenant de cette terre, cette croix était son histoire et sa métaphore, son avertissement et son repère.
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Video de Sacha Filipenko (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sacha Filipenko
Sacha Filipenko : écrivain biélorusse, lauréat du Prix russe. Vivre en dictature ?
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