Citations sur Élégie de Marienbad et autres poèmes (40)
L'AMANT TOUJOURS PROCHE ( Autre poème )
Je pense à toi quand le rayon solaire
Brûle les flots ;
Je pense à toi quand la lueur lunaire
Se peint sur l'eau.
Tu m'apparais quand monte de la route
Un poudroiement
Ou bien la nuit, quand le passant redoute
Le pont tremblant.
J'entends ta voix quand la vague s'éveille,
Meurt et renaît.
Je vais souvent au bois prêter l'oreille,
Quand tout se tait.
Si loin sois-tu, l'espace ne sépare
Jamais nos pas !
Le soir descend, l'étoile se prépare,
Que n'es-tu là !
NÄHE DES GELIEBTEN
Ich denke dein, wenn mir der Sonne Schimmer
Vom Meere strahlt ;
Ich denke dein, wenn sich des Mondes Flimmer
In Quellen malt.
Ich sehe dich, wenn auf dem fernen Wege
Der Staub sich hebt ;
In tiefer Nacht, wenn auf dem schmalen Stege
Der Wandrer bebt.
Ich höre dich, wenn dort mit dumpfem Rauschen
Die Welle steigt.
Im stillen Haine geh ich oft zu lauschen,
Wenn alles schweigt.
Ich bin bei dir, du seist auch noch so ferne,
Du bist mir nah !
Die Sonne sinkt, bald leuchten mir die Sterne.
O wärst du da !
J'ai voulu retrouver, en français, la tonalité à la fois souveraine et bouleversante du texte original.
Un ton de gravité, où les regrets et le recours à l'énergie consolatrice alternent avec la méditation et la désillusion. Un ton pareil à celui du violoncelle, quand l'archet fait résonner lentement ses notes basses, comme un requiem où la douleur est surmontée.
Extrait de l'avant-propos de Jean Tardieu également traducteur.
Le désir d'être aimé s'était éteint,
Évanoui, comme la faculté d'aimer,
Lorsque le goût d'espérer me revint
Et les projets joyeux et décidés.
Amour ! Si tu nous donnes la ferveur,
De tes présents j'ai reçu le meilleur.
War Fähigkeit, zu lieben, war Bedürfen
Von Gegenliebe weggelöscht, verschwunden,
Ist Hoffnungslust zu freudigen Entwürfen,
Entschlüssen, rascher Tat sogleich gefunden !
Wenn Liebe je den Liebenden begeistet ;
Ward es an mir aufs lieblichste geleistet ;
Imite donc ma joyeuse sagesse…
Imite donc ma joyeuse sagesse.
Droit dans les yeux regarde le moment.
Cours le trouver et sois-lui bienveillant
dans l’action, l’amour et l’allégresse.
ainsi, candide et maître du possible,
Tu seras tout, tu seras invincible.
Et c'est par Elle ! - À mon cœur anxieux,
À mon esprit par un poids oppressé
Rien ne s'offrait que spectres pour les yeux
Et le désert pour le cœur désolé.
Mais maintenant, sur un seuil que je sais
Elle se montre, et le soleil parait.
Là-haut, vers la bleuissante lumière…
Extrait 3
La Paix de Dieu, dit-on, rend l’âme heureuse,
Mieux que Raison donnant félicité.
Je la compare à la Paix Amoureuse
Quand près de nous se tient l’être adoré.
Le cœur repose et rien ne peut ternir
Le sentiment de lui appartenir.
L’effort du cœur qui s’élève, s’élance,
Vers l’Inconnu et cherche à se donner,
pur, au Plus Pur avec reconnaissance,
Trouvant en soi le sens de l’Innomé.
Ainsi les cœurs pieux ! — Ainsi s’éveille,
Près d’Elle, en moi, félicité pareille.
A son regard, comme au feu du soleil,
Comme au vent printanier, à son haleine,
La glace fond, de l’amour de soi-même,
Qui résistait, aux longs hivers pareil.
Et l’égoïsme, autant que l’intérêt.
Lorsqu’Elle vient, frissonne et disparaît.
L’UN ET LE TOUT
Extrait 2
Et pour créer la créature, afin
Qu’elle ne s’arme point pour l’engourdissement,
L’Acte éternel agit, vivant !
Et ce qui n’était pas, veut être, veut enfin
Au soleil, à la terre, aux couleurs se mêler ;
Nulle chose jamais ne se peut reposer.
Il faut que tout agisse et soit mouvant et crée
Et que la forme change aussitôt que formée.
Tu n’es qu’une apparence, ô repos du moment !
Partout au plus profond se meut l’éternité,
Car toute chose ira se dissoudre au Néant
Si dans l’Être immobile elle veut demeurer.
CHANT NOCTURNE DU VOYAGEUR
Sur toutes les cimes
La paix.
Au faîte des arbres
Tu saisiras
Un souffle à peine.
Au bois se taisent les oiseaux
Attends! Bientôt
Toi-même aussi
Reposeras.
A son regard, comme au rayon du soleil,
à son haleine, comme au souffle du printemps,
la glace de l’égoïsme, si longtemps impénétrable,
fond dans ces gouffres hivernaux ;
nul intérêt personnel, nul amour-propre ne persiste ;
à sa venue, frémissants, ils s’éclipsent.
Trilogie de la passion
Élégie de Marienbad — Elegie
Élégie de Marienbad
Et si l'homme devient muet dans son martyre,
Un dieu m'a donné de dire ce que je souffre.
Que dois-je maintenant espérer du revoir,
De la fleur close encore de ce jour ?
Le paradis et l'enfer te sont ouverts ;
Que d'émotions changeantes dans ton âme ! —
Plus de doute ! Elle s'avance aux portes du ciel,
Et t'attire dans ses bras.
Ainsi tu fus reçu au paradis
Comme si tu t'étais rendu digne de la vie éternellement belle ;
Nul vœu ne te restait à former, nulle espérance, nul souhait,
Là était le but de tes intimes tendances,
Et dans la contemplation de cette unique beauté,
Se tarit presque la source de tes ardentes larmes.
Comme le jour agitait ses ailes rapides,
On eût dit qu'il poussait les minutes devant lui !
Le baiser du soir, un gage fidèle :
Il en sera de même au soleil prochain.
Les heures dans leur tendre cours se ressemblaient
Comme des sœurs, mais nulle n'était semblable à l'autre.
Le baiser, le dernier, affreusement suave, déchirant
Un splendide tissu de voluptés entrelacées —
Maintenant le pied se hâte, il trébuche, évitant le seuil
Comme si le chassait de l'intérieur un chérubin flamboyant.
L'œil découragé se fixe sur le sentier obscur,
Il se retourne : la porte s'est fermée.
Et désormais il se referme en lui-même comme s'il ne s'était,
Ce cœur, jamais ouvert, comme s'il n'avait jamais goûté
Auprès d'elle des heures bienheureuses splendides,
À faire envie à toutes les étoiles du ciel ;
Et le chagrin, le repentir, le souci l'oppressent
Désormais dans une atmosphère étouffante.
Le monde ne reste-t-il donc pas ? la cime des montagnes
N'est-elle plus couronnée d'ombres saintes ?
La moisson ne mûrit-elle plus ? un verdoyant pays,
Semé de bois et de prairies, ne longe-t-il donc plus le fleuve ?
Et l'immensité ne se voûte-t-elle pas,
Tantôt vide, tantôt riche de formes ?
Légère et charmante, tis