Le coiffeur de Chateaubriand

Un petit bijou de 120 pages aux phrases délicates et ciselées ; deux heures de plaisir à écouter Adolphe Pâques, le coiffeur virtuose, le maître de la coiffure « sans-façon » De Chateaubriand fixée pour l'éternité par le portrait qu'en fit Girodet, narrer avec sagacité, culture et grande indiscrétion ce qui fit le sel de ses huit années auprès De Chateaubriand jusqu'à son décès en 1848 : la dernière main du manuscrit des Mémoires, ses lectures, son édition, les meilleures pages et l'admiration, la jalousie, les passions…au coeur du turbulant début du XIXème, en direct de l'intimité des appartements de l'Enchanteur, ; ses Mémoires d'outre-tombe dont l'auteur d'Atala dira lui-même "On m'a pressé de faire paraître de mon vivant quelques morceaux de ces Mémoires ; je préfère parler du fond de mon cercueil".
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« le Coiffeur de Châteaubriand » d'Adrien Goetz, livre acheté au Château de Combourg le 11/08/2015, lors de mes vacances en Normandie et en Bretagne et lu du 21 au 23 septembre 2021. du même auteur, j'ai lu du 17 au 18/09 « La Dormeuse de Naples ».
Adolphe Pâques sera pendant 8 années le coiffeur particulier de Châteaubriand de 1840 à 1848, année de la mort du grand homme. Une particularité : Adolphe, lors des séances de coiffure, récupère tous les cheveux De Chateaubriand et les place dans une boite à gants d'acajou qu'il place, chez lui, dans un placard que nul autre que lui ne peut ouvrir, même pas sa femme Zélie.
Mêlant fiction et réalité, Adrien Goetz retrace la complicité littéraire entre les deux hommes autour des « Mémoires » que Chateaubriand est en train de rédiger et qu'il lui lit.
Adolphe, grand lecteur, a pour talent de retenir ce qu'il lit, ce qu'il entend, de pouvoir les déclamer et de les retranscrire. Ce qu'il fait de pages entières des « Mémoires » et qu'il cache également dans son placard secret.
Cette complicité est contrariée par l'apparition de Sophie, jeune métisse malouine, grande admiratrice de l'écrivain et dont les lettres l'incitent à vouloir la rencontrer avec le prétexte de lui demander des précisions sur Saint-Malo, sa ville natale qu'il n'a pas revue depuis des années. La jeune femme est logée chez Zélie et Adolphe qui va tomber amoureux sans jamais lui avouer, pensant que Chateaubriand est son amant. La jalousie qu'il éprouve va peu à peu se transformer en haine vis-à-vis de celui qu'il admire tant, au point de vouloir l'assassiner avec une arme à feu qu'il achète. Il n'ira pas jusqu'au bout, bien sûr, par crainte de l'échafaud.
Après la mort de l'écrivain, Adolphe écrira également ses mémoires. Il confectionnera, en collant avec précision les cheveux récupérés, deux tableaux dont un est toujours conservé au Musée de Saint-Malo.
Si les intrigues autour de la future publication des Mémoires en feuilleton et le contexte historique sont bien sûr réels, Adrien Goetz a inventé le personnage de Sophie, par ailleurs très crédible.

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Adrian Goetz choisit comme héros de sa fiction Adolphe Pâques (1816-1906), qui fut le coiffeur De Chateaubriand durant les huit dernières années de sa vie. Si le coiffeur a bien existé, comme le tableau du grand homme confectionné avec les mèches de ses cheveux, la relation complice entre le maître et son figaro, gâtée par l'arrivée d'une belle métisse, est imaginaire. D'une réjouissante lecture, cette fantaisie apporte aussi une foule de précieuses indications sur l'écrivain et l'écriture de son grand-oeuvre. Ses "Mémoires", pré-vendues pour s'assurer une rente, ne seront publiées qu'après sa mort ("outre-tombe") en un temps où elles n'intéressent plus guère. Les lecteurs De Chateaubriand se régaleront d'entrer si drôlement dans l'intimité du grand écrivain. S'il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre, pour son coiffeur, en revanche, il est bien une idole... mais qu'il rêve de briser !
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