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Citations sur Une enfance lingère (7)

La gamine du voisin. Elle avait dix ans, mais elle le dépassait d'une tête au moins. Maigrichonne, des épis dans les cheveux, habillée à la diable d'une robe-tablier boutonnée sur le devant, avec une ficelle en guise de ceinture. Je lui dit que je m'appelais Simon... Moi, c'est Jeanine,coupa-t-elle, et que j'étais en vacances chez ma grand-mère et...
Rien ne semblait devoir lui résister, ni le haut grillage qu'elle avait escaladé comme une échelle de corde à pieds nus après m'avoir lancé-"Rattrape!" -ses sandales par-dessus la clôture.
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ils étaient venus aux confidences à mi-voix, les mains jointes posées sur le ventre comme deux parfaits gisants. Simon avait été le moins loquace, car il avait tout de suite été ravi par la voix de Jeanine, qui prenait dans cette position couchée des inflexions de source dans un bois moussu, quelque chose d’infiniment tendre qui lui rappelait ses collines et qui contrastait fort avec la voix rieuse et décidée qu’elle avait dans leurs jeux. Quand elle s’arrêta de parler, le crépitement de la pluie sur le toit de tôle se durcit comme pour leur rappeler sa présence et prendre le relais. Il fit plus froid tout à coup et Jeanine me serra tout contre elle
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Il n’y avait pas encore à la maison ce monstre avec une roue énorme et un tout petit moteur qui emplirait la buanderie de vapeurs et de fracas, cette machine à lessiver – une des premières au monde, assurait papa- qui ferait la fierté de ma mère quand son bricoleur de mari avec force jurons et lancers de marteau à travers la pièce, en aurait achevé l’installation. Ma pauvre maman, chaque lundi matin, bon gré mal gré, qu’il pleuve ou neige, se voyait donc contrainte à descendre au lavoir du village. LA grande Germaine, sa voisine préférée, l’attendait sur la route en fumant la pipe.”
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Pour moi, les soirs d'enfance à la campagne ont souvent ressemblé à des couchers de soleil sur de la neige, des couchers tristes et brutaux qui consistaient non seulement à jeter en plein hiver un corps tiède dans des draps glacés, mais encore à souffrir en guise de dessert, de bonsoir, de câlin maternel ou de lecture, une de ces expressions chères à mon père, et qu'il m'appliquait comme une gifle : "Allez, ouste, le cul dans la soie!".
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C’est au jardin,sur la corde à ligne et derrière le rideau des draps qui masquaient au voisinage la lingerie intime de la famille, que je vis la chose baleinière. Une espèce d’animal rose et plat avec quatre tentacules à pince métallique qui pendaient,tout un emmêlement suspect de ficelles sur l’arrière et deux sacoches à l’avant où mon père aurait pu confortablement loger ses poings de bûcheron.
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Tout à ma découverte, je n’avais pas senti la présence du maître dans mon dos. Incapable d’expliquer pourquoi je cherchais Marseille à la lettre S et plus rouge que le derrière du petit Pierre qui traînait cul nu dans son parc d’hiver comme été, je dus bredouiller lamentablement, si bien que, sur un signe de l’instituteur, il me fallut encore lui présenter le bouquet de mes doigts pur que la règle s’y abatte et me délivre. Papa avait raison : je ne suis pas né le cul dans la soie.
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A voir le trouble que cette expression provoque encore en moi, un peu comme si je me présentais nu devant ma mère, je ne suis pas loin de penser qu’elle a joué dans ma vie un rôle important ; que plus qu’une ligne de la main elle a été un signe prémonitoire, un avertissement.

Le cul, la soie. Le cul et la soie. Le cul dans la soie. L’association de ces deux mots, déjà si choquante à mon oreille, ne laissait pas d’intriguer le petit amoureux de mots que j’étais Il y avait aussi là-dedans quelque chose d’incongru, entre honte et volupté,,qui me mettait mal à l’aise. A la campagne, et pour un gamin des années cinquante, élevé à la dure presque sous le bénitier, le cul n’avait pas la réputation flatteuse qu’il a de nos jours. C’était une chose commune et, somme toute, plutôt méprisée. On s’en moquait à l’école et dans la rue, on se gardait bien de l’évoquer à la maison. ”

[…]Le mot banni entrait aussi dans nombre d’expressions familières et familiales, dont la plus fréquente était “un coup de pied au cul”.J’en faisais les frais plus souvent qu’à mon tour. Et qu’on le nommât “derrière” comme à la maison n’atténuait en rien la vigueur du coup. Quand à la connotation sexuelle, elle était quasi inexistante pour des gosses habitués au cul des vaches, des poulains et des poules.”

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