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Citations sur L'agonie de la Révolution : Mes deux années en Russie (19.. (13)

L’anarchie, selon moi, n’a jamais été une mécanique bien ajustée de relations sociales devant être imposée par un pouvoir politique, ni un transfert de pouvoir d’une classe à une autre. Pour moi, elle est l’enfant, non de la destruction, mais de la construction, le résultat de l’évolution croissante et du développement de la créativité sociale d’un peuple régénéré. Par conséquent, je n’attends pas de l’anarchie qu’elle survienne soudainement après des siècles de despotisme et de soumission. Ni, bien évidemment, qu’elle surgisse de pied en cap de la théorie marxiste.

Préface à la Ière Édition
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La vie est décidément tissée de contradictions : ce paysan, un authentique Ukrainien, n’aurait sans doute pas hésité un seul instant à voler et à battre des juifs pendant un pogrom ; mais là, protégé par des juifs contre une éventuelle attaque de ses coreligionnaires, il se sentait en sécurité.

De retour de Moscou
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La plupart de nos interlocuteurs étaient hostiles au régime bolchévique. « Au moins ici, en Ukraine, fit le docteur, ses partisans ont suivi le mot d’ordre de Lénine : « Volez les voleurs ! », à la lettre.... »
Tous étaient d’avis que ce slogan n’avait apporté que désordre et désolation. On avait volé la vieille bourgeoisie, mais cela n’avait nullement profité aux ouvriers. Le docteur citait l’exemple de son sanatorium.
Quand les bolchéviques avaient mis la main dessus, ils déclarèrent que le prolétariat devait posséder l’établissement et en profiter. Mais jamais un seul ouvrier n’avait été reçu comme patient, pas même un ouvrier communiste.
Ceux que le Soviet envoyait étaient des bureaucrates, en général haut placés.
Le président de la Tchéka, par exemple, était venu plusieurs fois pour une dépression nerveuse.
« II travaille seize heures par jour à envoyer des gens à la mort, commenta le docteur. Je vous laisse imaginer ce qu’on peut éprouver à soigner un tel homme. »
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Les communistes dévots avaient un grave problème : ils s’accrochaient au dogme de l’Immaculée Conception de l’Etat socialiste, État censé sauver le monde grâce à la révolution. Mais la plupart de leurs dirigeants n’ont jamais partagé de telles illusions, Lénine encore moins que les autres.

Arrière-propos
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Parmi les délégués se trouvaient deux jeunes anarcho-syndicalistes français, Vergeat et Lepetit. Ils avaient entendu dire que nous étions à Kiev et nous avaient cherché toute la journée sans nous trouver. Après le banquet, ils devaient partir tout de suite pour Petrograd, aussi n’avions-nous que peu de temps devant nous.
Sur le chemin de la gare, ils nous déclarèrent avoir rassemblé beaucoup de notes sur la révolution, qu’ils avaient bien l’intention de publier à leur retour en France. Ils en étaient venus à penser que tout n’allait pas si bien sous le régime bolchévique, que la dictature du prolétariat était entre les mains du seul Parti communiste, tandis que les ouvriers étaient tout autant esclaves que jadis. Ils avaient l’intention d’en parler franchement à leurs camarades en France, d’appuyer leurs dires sur les documents en leur possession.
« Espérez-vous emporter ces documents avec vous ? » demandais-je à Lepetit.
« Vous ne pensez pas qu’on pourrait m’empêcher d’emporter mes notes personnelles ? me repondit-il. Les bolchéviques n’oseraient pas aller si loin ; pas avec les délégués étrangers en tout cas. »
Il semblait tellement confiant que je n’insistais pas davantage. Cette nuit là, les deux délégués quittèrent Kiev et peu de temps après, la Russie. On ne devait jamais les revoir.
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La dictature politique des bolchéviques a brusquement supprimé toute sociabilité. Il n’y a plus aucun lieu de rencontre, pas même pour les discussions les plus anodines, plus de clubs, plus de restaurants, plus même de salles de bal. Je me souviens de la réponse choquée de Zorine* quand je lui avais demandé si les jeunes gens pouvaient se rencontrer sans le contrôle du Parti : « Les dancings sont des repaires de contre-révolutionnaires, nous les avons fermés. » Les besoins affectifs étaient considérés comme dangereux par le régime.

* Sergeï Zorine (1890-1937) était à l’époque le secrétaire de la section communiste de Pétrograd, selon Alexandre Berkman. Il sera victime des purges staliniennes de 1936-37.

L’Education et la Culture
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Son existence misérable sape le moral de la population : morosité et impuissance, le jour ; absence de lumière et de chauffage, la nuit ; et aucune possibilité d’y échapper.
Il y a, bien sûr, la vie interne du parti, une vie austère et oppressante, une vie sans couleur ni chaleur humaine. Les masses en sont exclues mais ne sont pas pour autant autorisées à prendre en charge leurs propres besoins.
Un peuple qui est étranglé est une menace.
Il faut donc lui trouver un dérivatif, l’opéra et les musées servent à cela. Et si les théâtres ne produisent rien de neuf, si l’opéra est mal chanté, si le ballet continue à tourner en rond, cela importe peu : les salles de spectacles sont chauffées, et il y a de la lumière. Elles donnent l’occasion aux gens de se retrouver, d’oublier la misère et la solitude, et peut-être même la Tchéka.
Le théâtre, la danse, l’opéra et les musées sont devenus les soupapes de sécurité du régime.
Et comme il ne s’y passe rien de neuf ni d’essentiel, qu’aucune protestation ne s’y manifeste, on les laisse libres. Ils résolvent un problème difficile et fournissent un excellent argument utilisable par la propagande à destination de l’étranger.

L’Education et la Culture
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Au début de la période révolutionnaire, répondit Maria Spiridodonova, tant que les soviets existaient dans les campagnes, les paysans donnaient volontiers et généreusement. Mais quand le gouvernement bolchévique se mit à les dissoudre les soviets, arrêtant 500 députés paysans, ils devinrent hostiles.
Qui plus est, ils étaient témoins, chaque jour, de l’inefficacité du régime communiste : ils voyaient leurs produits stockés dans des gares pourrir sur place, ou alors tomber entre les mains de spéculateurs. Naturellement, dans de telles conditions, ils ne voulaient plus continuer à livrer leurs produits.
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À Kiev, on essayait même pas de cacher cette hostilité envers Moscou. On vous la faisait sentir partout. Mais à l’instant où le mot magique « Amérique » était prononcé, et où on avait fait comprendre aux gens qu’on n’était pas communiste, ils se transformaient complètement, se montraient curieux, empressés, et même prêts aux confidences, les communistes ukrainiens ne faisant pas exception.
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Pierre Kropotkine écouta avec attention, puis il me dit : « ... Je considère la Révolution russe comme un événement encore plus grand que la Révolution française, car il a touché profondément l’âme du peuple, les cœurs et les esprits, plus profondément encore que cette dernière. Seul le temps pourra montrer sa portée et sa profondeur. Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est seulement la surface des choses : des conditions artificiellement créées par une classe gouvernante, et un petit parti politique, qui par ses théories erronées, ses maladresses et son inefficacité, montre juste comment il ne faut PAS faire une révolution. »
Il était malheureux, poursuivit Kropotkine, que tant d’anarchistes en Russie, et les masses hors de Russie, eussent été à ce point séduits par les postures ultra-révolutionnaires des bolchéviques.
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