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EAN : 9782913112605
300 pages
Les Nuits rouges (24/08/2017)
5/5   2 notes
Résumé :
Expulsée des États-Unis en 1920, la militante anarchiste débarque en Russie révolutionnée, où elle espère prendre sa part dans la construction d’une société nouvelle. Petit à petit, son enthousiasme va céder la place au scepticisme, puis à la désillusion devant les signes de corruption du nouveau régime qu’elle découvre tout au long de ses voyages dans le pays et de ses rencontres avec les militants et dirigeants du parti au pouvoir, les anarchistes persécutés et de... >Voir plus
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Parmi les délégués se trouvaient deux jeunes anarcho-syndicalistes français, Vergeat et Lepetit. Ils avaient entendu dire que nous étions à Kiev et nous avaient cherché toute la journée sans nous trouver. Après le banquet, ils devaient partir tout de suite pour Petrograd, aussi n’avions-nous que peu de temps devant nous.
Sur le chemin de la gare, ils nous déclarèrent avoir rassemblé beaucoup de notes sur la révolution, qu’ils avaient bien l’intention de publier à leur retour en France. Ils en étaient venus à penser que tout n’allait pas si bien sous le régime bolchévique, que la dictature du prolétariat était entre les mains du seul Parti communiste, tandis que les ouvriers étaient tout autant esclaves que jadis. Ils avaient l’intention d’en parler franchement à leurs camarades en France, d’appuyer leurs dires sur les documents en leur possession.
« Espérez-vous emporter ces documents avec vous ? » demandais-je à Lepetit.
« Vous ne pensez pas qu’on pourrait m’empêcher d’emporter mes notes personnelles ? me repondit-il. Les bolchéviques n’oseraient pas aller si loin ; pas avec les délégués étrangers en tout cas. »
Il semblait tellement confiant que je n’insistais pas davantage. Cette nuit là, les deux délégués quittèrent Kiev et peu de temps après, la Russie. On ne devait jamais les revoir.
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La plupart de nos interlocuteurs étaient hostiles au régime bolchévique. « Au moins ici, en Ukraine, fit le docteur, ses partisans ont suivi le mot d’ordre de Lénine : « Volez les voleurs ! », à la lettre.... »
Tous étaient d’avis que ce slogan n’avait apporté que désordre et désolation. On avait volé la vieille bourgeoisie, mais cela n’avait nullement profité aux ouvriers. Le docteur citait l’exemple de son sanatorium.
Quand les bolchéviques avaient mis la main dessus, ils déclarèrent que le prolétariat devait posséder l’établissement et en profiter. Mais jamais un seul ouvrier n’avait été reçu comme patient, pas même un ouvrier communiste.
Ceux que le Soviet envoyait étaient des bureaucrates, en général haut placés.
Le président de la Tchéka, par exemple, était venu plusieurs fois pour une dépression nerveuse.
« II travaille seize heures par jour à envoyer des gens à la mort, commenta le docteur. Je vous laisse imaginer ce qu’on peut éprouver à soigner un tel homme. »
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L’anarchie, selon moi, n’a jamais été une mécanique bien ajustée de relations sociales devant être imposée par un pouvoir politique, ni un transfert de pouvoir d’une classe à une autre. Pour moi, elle est l’enfant, non de la destruction, mais de la construction, le résultat de l’évolution croissante et du développement de la créativité sociale d’un peuple régénéré. Par conséquent, je n’attends pas de l’anarchie qu’elle survienne soudainement après des siècles de despotisme et de soumission. Ni, bien évidemment, qu’elle surgisse de pied en cap de la théorie marxiste.

Préface à la Ière Édition
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Son existence misérable sape le moral de la population : morosité et impuissance, le jour ; absence de lumière et de chauffage, la nuit ; et aucune possibilité d’y échapper.
Il y a, bien sûr, la vie interne du parti, une vie austère et oppressante, une vie sans couleur ni chaleur humaine. Les masses en sont exclues mais ne sont pas pour autant autorisées à prendre en charge leurs propres besoins.
Un peuple qui est étranglé est une menace.
Il faut donc lui trouver un dérivatif, l’opéra et les musées servent à cela. Et si les théâtres ne produisent rien de neuf, si l’opéra est mal chanté, si le ballet continue à tourner en rond, cela importe peu : les salles de spectacles sont chauffées, et il y a de la lumière. Elles donnent l’occasion aux gens de se retrouver, d’oublier la misère et la solitude, et peut-être même la Tchéka.
Le théâtre, la danse, l’opéra et les musées sont devenus les soupapes de sécurité du régime.
Et comme il ne s’y passe rien de neuf ni d’essentiel, qu’aucune protestation ne s’y manifeste, on les laisse libres. Ils résolvent un problème difficile et fournissent un excellent argument utilisable par la propagande à destination de l’étranger.

L’Education et la Culture
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Je passai deux jours avec Maria Spiridonova à écouter son récit des événements intervenus depuis octobre 1917. Elle parla longuement de l’enthousiasme et de l’ardeur des masses, puis des espoirs entretenus par les bolcheviques, de leur ascension vers le pouvoir et de leur glissement vers la droite.
Elle me donna des éclaircissements sur le traité de Brest-Litovsk*, qu’elle considérait comme le premier maillon de la chaîne qui, depuis, avait bridé la révolution. Elle s’étendit sur le razverstka, le système de réquisition qui dévastait la Russie et discréditait toutes les causes pour lesquelles la révolution avait été menée ; elle parla du terrorisme exercé par les bolchéviques contre toute critique révolutionnaire, à la nouvelle bureaucratie communiste, à son inefficacité et à la situation totalement sans espoir. Au total, ce fut un acte d’accusation accablant dressé contre les bolchéviques, leurs théories et leurs méthodes.

Maria Spiridonova (1884-1941) membre éminente du Parti S-R puis de sa fraction de gauche.
Dès 1919, la Tchécka s’acharna contre elle. D’abord condamnée à un an d’hôpital psychiatrique, elle s’en évada. Déportée à plusieurs reprises elle fut arrêtée en 1937, condamnée à 25 ans de prison, avant d’être exécutée en 1941.

Signé le 3 mars 1918, le traité de Brest-Litovsk eut d’importantes conséquences géopolitiques, l’Ukraine, la Biélorussie et les pays baltes passant sous influence austro-allemande, tandis que la révolution finlandaise était abandonnée à son sort, quoique aidée en sous-main par les bolchéviques.
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Videos de Emma Goldman (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emma Goldman
Pour ce troisième épisode de « Rends la joie », Kiyémis reçoit Martin Dust du Cabaret de Poussière. Au programme, un bout d'Emma Goldman,  un peu de cabarets de la Revolution Française et beaucoup de Maya Angelou. 
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