Jacques Gomboust, ingénieur du Roi pour l'élévation des plans des villes, a réalisé celui de Rouen en 1655. Les éditions « points de vues » nous propose un vrai petit chef d'oeuvre graphique. Une dizaine de planches, avec les textes d'époque, nous donne une image précise de ce qu'était la capitale normande au début du règne du Roi
Louis XIV.
J'ai regardé et lu ces planches, une par une… mes impressions sont diffuses, désordonnées…
« Si l'on veut mettre Paris hors de pair, et le faire passer pour un monde, Rouen doit passer pour la première ville du Royaume ».
La ville comptait alors près de 60.000 habitants entassés derrière les hauts remparts qui la corsetaient. En 2016, le même nombre de rouennais vivent dans le centre historique de la ville ou l'hyper-centre pour reprendre la formule poétique de nos technos… Mais ces derniers ont l'eau courante, le tout-à-l'égout et la voirie est éclairée la nuit….
La ville est « étouffée par quatre grandes montagnes ». Même si le mot montagne prend probablement un sens différent pour l'homme du XVIIème siècle, il n'en reste pas moins que ces quatre grandes collines qui enserrent la cité n'étaient pas urbanisées et devaient se montrer, à ses yeux, beaucoup plus imposantes qu'aujourd'hui.
On a enfin compris que la promiscuité favorisait la propagation de la peste. Pour accueillir les malades, les rouennais créent hors les murs de la ville le Lieu de Santé. C'est aujourd'hui la préfecture de Rouen.
Le port grouille de gros bateaux ventrus. le vieux palais moyenâgeux avec ses quatre grandes tours construit par Henri V, roi d'Angleterre, est toujours là. L'abbaye de Saint Ouen est bien autre chose que cette immense carcasse vide que certains touristes égarés prennent parfois pour la cathédrale… La place du Vieux marché s'appelle déjà place du Vieux Marché avec son piloris et sa grande halle où se réunissent bouchers et poissonniers. Je me rends compte qu'à l'endroit où je stationne mon véhicule dans un parking souterrain, il y avait une petite église. Là où j'habite, un peu au-dessus de la monumentale porte Cauchoise, ce ne sont que des vergers et des champs séparés par des haies.
Un bien bel ouvrage… Je redécouvre ma ville, la plus belle du monde, et je mets au défi quiconque essaiera de me prouver le contraire…
Une invitation au voyage, à la flânerie, au rêve…