Fervent lecteur de
Tabucchi, j'affirme que "
Pereira prétend" est un livre d'une force incroyable pour sa lucidité et son humanisme. Par curiosité, j'ai voulu voir ce qu'un bédéaste en avait fait. J'ai d'abord été séduit par le graphisme, la mise en couleurs. La représentation des 'âmes' multiples de Pereira (théorie du docteur Cardoso) est ingénieuse. Puis je suis tombé sur cette page où le jeune Monteiro Rossi discute, pour la dernière fois, avec Pereira. L'adaptateur Gomont lui fait dire : "Vous savez ce que font les REPUBLICAINSs espagnols ? Ils crient 'Viva la muerte!'". Alors là j'ai bondi de ma chaise. Quelle énormité ! Quelle faute de l'adaptateur ! 'Viva la muerte! ', c'était le cri de ralliement des NATIONALISTES, des fascistes , comme l'écrit
Tabucchi (
Pereira prétend, éd. Folio p.179). du coup, j'ai relu la BD et y ai trouvé d'autres fautes, d'autres manques : rien sur le cancer de l'antisémitisme qui, en 1938, se répand en Europe jusqu'au Portugal (Gomont ignore l'épisode de la boucherie juive lisboète vandalisée, de cette femme juive rencontrée dans le train qui fuit l'Allemagne et prévoit de fuir le Portugal. le roman universel de
Tabucchi est ramené par Gomont à un épisode simplement portugais, un fait divers quasi ahistorique (Pereira vengeant par l'écriture la mort d'un jeune homme exalté). A se demander s'il y a des relecteurs aux éditions de la Sarbacane !