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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cet album, adaptation du roman d'Antonio Tabucchi, ne m'a pas forcément séduit de prime abord, malgré sa belle couverture, ses couleurs chaudes et ses splendides vues de Lisbonne. Puis le charme a agi au fil des pages, et je me suis mis à beaucoup l'apprécier.

Au-delà de l'histoire, qui se déroule dans le Portugal des années 30, je pense avoir été séduit par la personnalité du personnage central, Pereira, responsable des pages culturelles du journal Lisboa. Il y a son humanité, sa tendre relation avec sa femme décédée. Il y a aussi son évolution, lui qui, de spectateur de la situation politique de son pays (le régime autoritaire de Salazar), va progressivement en devenir acteur.

"Pereira prétend" est une histoire forte sur la liberté, la résistance, le combat. L'amour de la littérature également. Merci à Joséphine2 pour cette belle découverte.
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Le soleil est de plomb sur Lisbonne dans les années 30. Il endort les corps et les consciences. Pereira est lui-même endormi depuis longtemps, depuis la mort de sa femme sûrement. Il entretient sa mémoire en parlant régulièrement à la photographie d'elle qu'il garde précieusement. Il s'accroche au passé, refuse le futur et donc ne s'intéresse guère au présent. Pas à la politique en tout cas, ni celle du Portugal, ni celle des pays européens où on voit monter les nationalismes un peu partout (l'Allemagne bascule du côté du nazisme, en Italie c'est Mussolini qui a pris le pouvoir et en Espagne Franco prend les rênes d'un coup d'État). La dictature que fait peser Salazar ne l'intéresse pas. Seule la littérature trouve grâce à ses yeux. Il dirige les pages culturelles d'un journal et traduit en feuilleton certains romans de grands romanciers européens. Jusqu'à ce qu'il tombe dans un journal sur un texte pseudo-philosophique sur la mort rédigé dans un style qui lui plaît. Il va donc contacter l'auteur pour lui proposer des piges nécrologiques.
J'avoue que ce n'était pas gagné car la léthargie qui paralyse Pereira était tellement bien rendue par cette adaptation du roman éponyme d'Antonio Tabucchi que je n'ai pas tout de suite été convaincue. Tout en douceur, progressivement, comme le protagoniste principal retrouve une conscience politique, le lecteur se laisse charmer. Pierre-Henry Gomont use de beaucoup de délicatesse pour dresser le portrait d'un homme veuf, obèse, sujet à l'introspection. Une introspection qui le mène à discuter avec d'autres de ses personnalités, représentées par des ombres. La rencontre avec Rossi, plein de fougue va le pousser à ouvrir les yeux. Sur lui-même dans un premier temps. Puis sur ce qui l'entoure. Il va devoir choisir son camp.

Cet album est celui du réveil d'une conscience. C'est beau - le dessin en aquarelle est splendide et rend les couleurs lisboètes à merveille - et juste. Un excellent album !
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Portugal, Lisbonne dans les années 38. Pereira Prétend, journaliste, veuf et solitaire, est directeur de la page culture du journal le Lisboa. Chaque jour, il salue la concierge du journal et rédige ses articles en solitaire, puis il rentre chez lui et parle à sa femme (enfin, à son portrait ! elle est morte depuis longtemps) et se goinfre d'omelette ou de citronnade fortement sucrée à longueur de journée.
Le jour où il embauche un jeune stagiaire, il va enfin s'ouvrir aux autres, et donc ouvrir les yeux sur la société qui l'entoure. Dans ce monde feutré où la censure met sous le boisseau tout ce qu'elle veut taire, où chacun espionne l'autre, où il est bon de penser comme le gouvernement, Pereira se pose enfin les bonnes questions. C'est justement l'éveil à la conscience d'un homme ordinaire que nous présente l'auteur. Pas de héros ni d'acte de bravoure mais une prise de conscience qui peut subvenir en chaque homme.
Peu de personnages autour de Pereira, mais des couleurs qui reflètent bien les différentes situations. Des fonds bleu pour les moments sereins, des tonalités de rouges pour l'incertitude, la colère ou la révolte, des ciels bleus limpides en opposition au climat ambiant. le graphisme plus travaillé nous emporte vraiment dans les rues de Lisbonne, il est parfois juste ébauché pour les personnages, pour ces petits lutins rouges « consciences », ou ces lâches aux tronches de bandits. Un roman graphique qui se termine un peu trop vite à mon goût !

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Depuis que j'ai lu « Malaterre », Pierre-Henry Gomont fait partie des auteurs que je suis assidûment. J'ai découvert un auteur avec un style à lui, mais pourtant des projets aux univers différents. Je m'offre un petit retour en arrière avec « Pereira prétend », peut-être l'album où il s'est finalement trouvé graphiquement. Adaptation d'un roman d'Antonio Tabucchi (que je n'ai pas lu), l'ouvrage pèse près de 150 pages et est publié chez Sarbacane.

Pereira est portugais. Alors que la dictature sévit, il travaille dans un journal catholique et s'occupe de la page culturelle. Après avoir lu un article d'un jeune étudiant en philosophie, il contacte ce dernier pour le rencontrer. Va s'ensuivre alors une série d'événement que Pereira provoque sans parvenir à s'en défaire. D'abord, il propose, sans en parler à sa direction, que l'étudiant écrive des nécrologies pour son journal. Or, ces nécrologies engagées, vont mettre en danger Pereira et le faire vaciller.

Pierre-Henry Gomont reprend le concept littéraire de « Pereira prétend ». Ainsi, la narration commence régulièrement par cette phrase, comme pour mettre en doute le récit lui-même, ce qu'aurait dit, pensé ou fait le personnage. Dans le contexte d'un pays où les actes et la pensée sont contrôlés et surveillés, cela apporte une force au texte. Ainsi, la narration est très présente. Je ne suis habituellement pas fan de ce procédé lors des adaptations d'oeuvres littéraires, mais cela fait partie du langage de Gomont.

L'ouvrage est long. Il permet à la pensée de Pereira d'évoluer lentement. Pas de grand changement, de retournement de situation. Tout paraît très naturel : une influence de deux jeunes gens, de l'empathie simplement, une envie de ne plus ignorer et se voiler la face. Pereira n'est pas un révolutionnaire, il ne vit qu'à moitié depuis la mort de sa femme. Mais face aux événements, il est bien obligé d'agir. Cet homme difforme, détruit, asocial, nous paraît soudain sympathique dans ses travers. En cela, l'ouvrage est parfaitement réussi.

Graphiquement, le trait de Gomont, dynamique et expressif, marche parfaitement. Les pages sont pleines de cases, la narration maîtrisée. C'est beau et efficace à la fois. Les couleurs sont également une réussite, souvent dans les tons ocres du Portugal avec quelques entorses pour les scènes de nuit. C'est le Gomont d'aujourd'hui dans son trait, on le reconnaît parfaitement.

« Pereira prétend » est un ouvrage réussi. Les personnages sont vivants, crédibles et Pereira lui-même est particulièrement crédible. La montée en tension dans le livre se fait lentement, mais inexorablement. Gomont maîtrise son rythme et nous emporte jusqu'à la fin. du beau travail.

Lien : https://blogbrother.fr/perei..
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J'ai bien aimé ce récit d'un journaliste portugais qui pendant la dictature de Salazar a commencé progressivement à ouvrir les yeux courageusement pour dénoncer des choses pas très démocratiques. Il y a bien sûr tout le contexte de la surveillance policière qui se fait via des informateurs comme la concierge de l'immeuble par exemple. On dit qu'il n'y a rien de pire qu'une vieille concierge acariâtre et dénonciatrice. Pereira prétend beaucoup de choses mais certaines vont paraître assez justes.

La vie de cet homme solitaire, obèse et veuf était plutôt triste. Elle va progressivement commencer à prendre un tout autre sens. J'aime bien les transformations des individus en quelque chose de meilleur même si le prix a payer peut-être assez lourd.

C'est un roman graphique d'une grande maturité qui nous prévient ce qu'a été la vie sous une dictature pour un petit pays qui a rejoint depuis l'Europe.
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Voilà un bel ouvrage, où le graphisme sert le récit. Une histoire intimiste d'un journaliste qui réalise petit à petit quel pleutre il est devenu, en se laissant aller tant physiquement que intellectuellement. Il est pourtant raffiné, subtile, mais malléable, un mouton. Dans le Portugal de l'entre deux guerres, la montée du fascisme ne tolère aucune dissidence, ses chroniques littéraires ne font pas de vagues, son auto censure va être bousculée par l'embauche d'un stagiaire beaucoup plus subversif. le ton de cette BD est entre ironie et indolence, douce amère mais puissante. Une réussite!
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De cette adaptation d'un roman d'Antonio Tabucchi, je ne peux dire si elle est fidèle au livre, ou si elle s'en éloigne mais en garde l'esprit. Pour cela, il faudrait que j'aie lu l'original.
Qu'importe, car cette BD se suffit à elle-même, rêveuse et militante à la fois.

Dans le Lisbonne pittoresque des années 38, esthétiquement bien évoqué du point de vue de l'imagerie par des vignettes qui tonifient l'ambiance de loin en loin, de belles vignettes plus grandes, voire panoramiques, où le bleu profond du ciel évoque d'autant mieux la proximité de l'océan qu'il tranche avec les ocres, les jaunes sable ou même les verts variés, dans ce Lisbonne on assiste à l'éveil politique de Pereira : personnage lunaire, solitaire, gros bonhomme débonnaire, journaliste chargé de la rubrique culturelle d'un journal conformiste sous Salazar, Pereira sort de sa torpeur peu à peu pour venir en aide à un jeune homme romantique amoureux d'une belle anarchiste.

J'ai aimé dans cette BD l'alternance des ambiances graphiques. Elle illustre bien le voisinage d'une poésie un peu rêveuse avec le risque toujours présent d'une violence tapie, et qui cherche à rester discrète. La performance peut-être, c'est que les figures (au sens personnages) n'ont même pas besoin d'être graphiquement traitées avec précision pour exister en tant qu'individus.
Et dans les dix dernières pages, j'ajoute que le récit s'envole, décolle, devient militant et se termine en beauté sur une note très tonique, que les croquis extraits du voyage de documentation de l'auteur viennent prolonger dans l'esprit du lecteur, comme pour un retour au calme contemplatif. Bien vu !

Un bon moment de bonne BD, merci à P.H Gomont...
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Je ne suis pas une grande amatrice du 9ème art mais parfois je me laisse tenter par une BD. J'ai choisi Pereira prétend. J'ai lu le roman de A. Tabucchi et vu le film avec le beau Marcelo (son dernier rôle je crois au cinéma). J'ai vraiment bien accroché à la BD de PH Gomont. J'y ai retrouvé le roman et tout ce qu'il fait passer: Pereira qui ne veut pas voir ce qui se passe autour de lui, qui mange et boit de la limonade plus que de raison, son médecin qui essaie de l'avertir et sa rencontre, irréversible, avec Monteiro Rossi, les rues de Lisbonne, les signes, insignes et autres éléments du décor et du paysage si reconnaissables du Portugal. Une adaptation vraiment réussie.
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La libre adaptation du roman le plus emblématique de Tabucchi est incontestablement une réussite. Nous y retrouvons tout l'esprit de ce roman existentialiste et dont la complexité psychologique du protagoniste principal, Pereira, est restituée avec brio par les dessins. Magnifique et à découvrir sans tarder !
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C'est une bande dessinée que j'ai découverte grâce à Babelio. Elle nous parle d'un intellectuel qui vit seul à Lisboa en pleine période Salazariste.
Elle décrit le quotidien de ce journaliste littéraire qui ne s'implique pas mais se pose beaucoup de questions. Jusqu'au jour où il tombe sur un article qui attire son attention. le mécanisme est déclenché et malgré lui, il va rencontrer des gens qui se battent contre l'oppression et pour la liberté d'expression.
Gomont dans son interprétation picturale du roman de Tabucchi livre ici un dessin magnifique et lumineux.
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