Le Peuple-Ciel

— C’est très grave, Rivière Sauvage. Tu as violé…
— Et Fleur du Matin, qui pense à elle ? Grand chef, es-tu indifférent au sort de ta propre fille ? Refuses-tu d’essayer de la reprendre ? Resteras-tu les bras ballants alors que ton peuple est en danger ?
— Quel danger ? C’est terminé, à présent. Avec leur prisonnière, les maraudeurs seront satisfaits pour le moment, et ils nous laisseront en paix.
— Les propos d’un lâche ! cracha Rivière Sauvage.
Alors que l’assistance s’indignait, Saule Solitaire avança et gifla sa fille.
— Je t’interdis de parler ainsi à ton père ! Et à notre chef !
Comme avec Cerf Véloce, Ours Debout leva une main.
— Petite, dit-il d’un ton plus… paternel, tu auras bientôt un enfant qui remplacera Fleur du Matin. C’est la bonne façon de réparer le tort qu’on nous a fait. D’ailleurs, voilà beau temps que tu devrais être mariée et mère de famille. Au lieu de ça, tu bafoues nos lois…

— J’ai peur que le temps nous ait volé certaines connaissances… S’il existe un moyen d’invoquer le Peuple-Ciel, il est oublié depuis longtemps – bien avant ma naissance.
— Sais-tu au moins si le Peuple-Ciel existe vraiment ?
— Non. Pour ce que j’en sais, il peut s’agir d’un mythe qui sert à nous faire accepter des lois imaginées par d’autres hommes.
— Si c’est le cas, ces gens étaient stupides !
— Interdire le meurtre te semble si idiot que ça ?
— Oui, si c’est pour permettre qu’on nous massacre.

À côté d’elle, Grand Chien ne quittait pas l’inconnu des yeux, mais il ne semblait pas inquiet. Depuis toujours, on répétait à la jeune femme de se fier à son chien. Un bon conseil, mais qui ne l’empêcha pas de rester vigilante.
Jusqu’à ce qu’elle reconnaisse Cerf Véloce… Mais pourquoi cet accoutrement inhabituel ? Un morceau de tissu rouge noué à chaque biceps, il portait un gilet de daim, sa crinière tressée tenue par un bandeau également rouge.
Sur la hampe de sa lance, derrière le point d’équilibre, un fanion de la même couleur oscillait au vent.
Enfin, des lignes noires zébraient ses joues.
Rivière Sauvage ne l’avait jamais vu ainsi – mais elle trouva que ça lui allait plutôt bien. Dans cette tenue, il était impressionnant.

Impossible de douter ! Même si la tenue et le masque étaient différents, cet homme, comme le défunt, appartenait au Peuple-Ciel.
Si ses jambes avaient bien voulu la porter, Rivière Sauvage aurait volontiers sauté de joie.
L’être posa une main sur le côté de son masque. Aussitôt, la partie brillante se rétracta, dévoilant le plus beau visage d’homme que la prêtresse ait eu l’occasion de voir.
Du coup, elle se leva d’un bond. Le nouveau venu lui souriant, elle lui rendit la pareille, heureuse qu’il soit un homme, tout simplement, et pas quelque créature de légende.
D’un index, il désigna sa bouche puis agita la main comme s’il voulait quelque chose. Perplexe, Rivière Sauvage fronça les sourcils. D’un nouveau sourire, l’homme l’encouragea à faire… elle ne savait trop quoi.
— Je ne comprends pas ce que vous voulez…, dit-elle.
L’inconnu hocha la tête, l’air tout content, puis agita de nouveau la main.
— Désolée, je ne comprends toujours pas… Que voulez-vous ? Ne savez-vous pas parler ?
L’homme fit signe à la prêtresse de patienter un instant.

— La peur est souvent mauvaise conseillère, grand chef. Parce qu’ils avaient peur, tes ancêtres ont mal compris notre message.
» Assassiner des innocents est mal, c’est une certitude. Voilà tout ce que nous voulions dire.
— Donc, la loi sacrée est juste.
— C’est là que commence le malentendu, Ours Debout. Le meurtre est proscrit, c’est vrai. Mais quand il s’agit de se défendre, ou de protéger sa famille, l’interdit ne s’applique plus. En d’autres termes, face à des assassins, il n’est pas immoral de tuer. L’autodéfense n’est pas un crime…
Ours Debout en resta un moment muet.
— Mais… Si nous tuons, a dit le Peuple-Ciel, Père Soleil ne se montrera plus, et nous périrons dans des ténèbres éternelles.

Je suis fan de Terry Goodkind, mais là, franchement, je ne vois pas l'intérêt de cette nouvelle.
La morale de l'histoire est qu'il ne faut pas user de la violence sauf pour se défendre. OK, c'est bien joli.
Autre morale : parfois, la discussion permet d'éviter la violence. Mouais. La façon dont cette jolie morale est mise en avant ne m'a pas du tout convaincue.
Je pense qu'un autre aspect m'échappe. Peut-être le parallèle avec Dieu...
En tout cas, je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à découvrir ce texte. Les personnages ne sont pas attachants. L'univers est très superficiel, il y a peu de descriptions.
Je pense que le format "nouvelle" ne me convient pas. J'aurais peut-être davantage apprécié ce texte s'il avait été plus long.

— Vous avez une idée de ce qu’elle a fait ici jusqu’à sa mort ?
Avant de répondre, Tom regarda Rivière Sauvage.
— On dirait bien qu’elle s’est prise pour Dieu…