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Citations sur Lady Helen, tome 2 : Le pacte des mauvais jours (35)

- C'est beau la mer, répliqua Martha. Mais c'est aussi une vraie salope, passez-moi l'expression. Ma mère avait coutume de dire : " Ne tourne jamais le dos à la mer, et rappelle-toi que ce qu'elle cache est toujours plus dangereux que ce qu'elle montre."
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- Il semblerait que Mr Pike ait attendu l’absence de sa Seigneurie, observa-t-elle en le précédant dans l’escalier.
- Oui, approuva Mr Hammond. C’est assez troublant. Enfin, nous devons nous rappeler que Mr Pike est dans le même camp que nous.
- Vous voulez dire qu’il n’est pas notre ennemi ?
Il sourit non sans ironie.
- Je n’irais pas jusque-là.
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- Je crois que lord Carlston, comme la plupart des hommes, est incapable de dépasser sa conception de la vie d'une femme, dit Darby avec circonspection. en fait, je crois que tout le monde est convaincu que le monde d'une femme est toujours plus pauvre que celui d'un homme.
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Je suis certain que vous êtes très intelligente, mais vous êtes une femme, c'est à dire que vous vous fiez aux sentiments plus qu'à la logique .
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- Il est plutôt avare de ses mots, n'est-ce pas , milady ? observa Darby.
Il n'était pas moins avare de ses sentiments...
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Elle l'entendit chuchoter deux mots, comme un baiser la pénétrant toute entière : "Amore mio". Mon amour. Deux mots qui la pétrifièrent.
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Les deux femmes se turent un instant, tandis que la mer les faisait osciller doucement. Helen scruta l'horizon sans bornes, où l'azur brûlant du ciel rencontrait le bleu glacé de la mer en une longue traînée embrumée de lumière.
-On ne voit pas la fin de cette immensité, dit-elle.
-C'est beau, la mer, répliqua Martha. Mais c'est aussi une vraie salope, passez-moi l'expression. Ma mère avait coutume de dire : « Ne tourne jamais le dos à la mer, et rappelle-toi que ce qu'elle cache est toujours plus dangereux que ce qu'elle montre. »
Hélène plongea les yeux dans les flots sombres.
-Elle est comme les Abuseurs.
-Comme les Abuseurs, approuva Martha Gunn. Et comme bien des humains.
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Se dirigeant vers la longue table installée contre le mur du fond, lord Carlston y prit deux cannes.
- Nous allons d'abord travailler vos techniques de défense, après quoi nous aborderons un peu la canne chausson. Je veux que vous surmontiez votre répugnance à me frapper. Il faut vous habituer à entrer en contact avec votre adversaire et à soutenir ses attaques.
- J'essaie.
- Je sais.
Il désigna d'un geste son costume.
- Cette technique est fondée sur les coups de pied, donc gardez vos bottes mais enlevez votre veste pour être plus libre de vos mouvements.
En remuant ses épaules moulées dans un drap fin, Helen s'aperçut d'un problème gênant.
- Je ne peux pas enlever ma veste sans aide.
- Ah, oui, tous les hommes élégants connaissent ça, dit-il en tentant de plaisanter. Apparemment, j'ai renvoyé votre femme de chambre trop tôt.
Après un instant d'hésitation, il ajouta :
- Je vais vous aider, si vous le permettez.
Elle s'humecta les lèvres. Être déshabillée par lui, même s'il n'était question que d'une veste, était pour le moins fâcheux. Au nom de la décence, elle aurait dû insister pour faire revenir Darby, surtout maintenant qu'elle avait vu ce qui se cachait derrière la volonté inflexible de Sa Seigneurie. Sans compter la conversation scandaleuse qu'ils venaient d'avoir sur les amants et leurs besoins intimes. Mais la vraie raison, la honteuse raison, était en fait qu'elle sentait son corps s'enflammer dès qu'ils se touchaient. Pour se protéger -pour les protéger tous les deux-, elle aurait dû refuser. Pourtant...elle hocha la tête.
- Oui, approuva-t-il sans nécessité.
Cherchait-t-il lui aussi l'occasion de la toucher ? Peut-être avaient-ils envie l'un comme l'autre de jouer avec le feu.
En quelques pas, il fut près de la chaise. Il y appuya les cannes et resta un instant les yeux fixés sur Helen. Elle se rendit compte qu'il voulait voir si elle avait la moindre hésitation.
Il était encore temps pour elle de changer d'avis. De refuser et d'envoyer chercher Darby.
Elle lui tourna le dos. Tous ses sens étaient en émoi à l'approche de comte. Un pas, deux pas, et il fut derrière elle. Quelques centimètres à peine séparaient maintenant leurs corps. Elle contempla fixement le mur d'en face en attendant qu'il la touche. Elle était enivrée par l'odeur de santal de son savon à barbe, par la rumeur de ses respirations, la chaleur de son souffle sur la nuque qu'elle lui offrait.
Que faisaient-ils ? Ne venait-elle pas de se répandre en invectives contre lui et son exigence ? Ne venait-il pas de lui dire que ce genre d'attirance était interdite ? C'était comme s'il était le soleil et elle Icare, insouciant du danger brûlant et lumineux qui le menaçait.
- Puis-je commencer ?
Il parlait de son ton le plus cérémonieux.
- Oui.
Elle se raidit. Voilà, il avait posé ses mains sur ses épaules, ses doigts se frayaient un chemin sous le col de sa veste. Elle les sentit effleurer le lobe de son oreille. Elle replia ses propres doigts en sentant ce contact, une énergie brûlante se déchaîna dans ses veines. L'espace d'un instant, il eut le souffle coupé. Avait-il eu la même sensation qu'elle ?
Se penchant vers elle, il tira fermement en arrière les épaules de la veste. L'étoffe était si serrée qu'elle fut contrainte de reculer ses bras. On aurait cru qu'il la tenait prisonnière. Elle tourna la tête et sentit une joue lisse, bien rasée, si près de ses lèvres. Il suffirait qu'elle se tourne encore un peu plus...
Mais elle ne bougea pas. Lui non plus. Seule leur respiration changea, s'accélèra, en mêlant leurs deux souffles au même rythme.
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Elle respira son parfum d’une fraîcheur virile, sentit le grain plus rude de sa peau contre la sienne, et poussa un soupir tremblant. Cet élan qu’elle avait réfréné si brutalement se déchaînait dans tout son corps, avec tant de force que ses doigts se crispèrent. Elle se surprit à tourner son visage pour suivre l’avancée prudente de ses lèvres, à effleurer de ses propres lèvres la courbe si douce de sa bouche.
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- Mais votre attitude a un autre motif, n’est-ce pas ? Il s’agit d’Élise. Vous et lui, vous vous affrontez de nouveau. Vous ne pouvez supporter l’idée qu’il l’emporte cette fois.
– Il ne s’agit pas d’Élise. Il s’agit de vous.
Il détourna son visage. Il lui présentait sa mâchoire et sa pommette bien dessinées, comme s’il venait de recevoir un coup – ou comme s’il se préparait à en recevoir un.
– Il va l’emporter ?
– Il m’a proposé son aide, et j’en ai besoin maintenant.
– Voulez-vous simplement son aide, ou avez-vous envie d’être avec lui ?
Il se pencha vers elle d’un air féroce.
– Vous l’aimez ? C’est ça ?
– Vous êtes moins en droit que quiconque de me poser cette question.
– Peut-être, mais je la pose quand même. Vous l’aimez ?
– Si je l’aime ? lança-t-elle en haussant la voix. Apparemment, il m’est interdit d’aimer, dans ce monde misérable !
– Moi aussi, cela semble m’être interdit, dit-il entre ses dents. Et pourtant…
Et pourtant ? Son visage, son corps étaient si proches. Si dangereusement proches.
– Restez, souffla-t-il.
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