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Citations sur L'arche dans la tempête (77)

Les grandes personnes n'ont plus rein à raconter, sauf des souvenirs ; il ne leur reste que l'espoir tremblant de revenir, un jour, vers les sentiers de l'enfance.
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Un grand calme régnait dans toutes les pièces de Bon-Repos. Le soleil, en contournant la maison d'est en ouest, lançait de longs rayons de lumière par les vieilles petites fenêtres et teintait les murs blancs de rose et d'ambre, puis encore de rose. Le feuillage de la passiflore qui entourait les croisées faisait danser des ombres du sol jusqu'au plafond pendant que, sous le toit, les oiseaux caquetaient. Le parfum des fleurs se répandait partout et, sans cesse, nuit et jour, le murmure de la mer emplissait tout.
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Une brume, venue de la côte, laissait traîner des nuées entre les branches et se posait comme une moelleuse couverture blanche sur les champs voisins. Au loin, sur la mer, une sirène meuglait doucement. Colin cessa de chanter, s'arrêta et tendit l'oreille, son instinct de marin sur le qui-vive. Il allait faire mauvais, cette nuit, au large. Ces brusques brouillards du mois d'août sont plus redoutés des navires que la foudre et la tempête. Avec sa côte déchiquetée et ses bancs de rocs perfides voilés par le brouillard, l'île devenait un piège mortel. Dans l'après-midi, quand la barque de Guilbert était arrivée en vue de la terre, l'île avait l'air d'un animal endormi, allongé sur l'eau, mais cette nuit, la bête allait se réveiller, toutes griffes dehors. En prêtant l'oreille, Colin entendit de nouveau la sirène et un léger bruit d'aspiration ; c'était la houle qui battait les Barbées, récif dangereux, à un demi-mille seulement de là. Oui, il allait faire mauvais, cette nuit !
Un groupe de bâtiments de ferme était à peine visible au bout du chemin. Un carré de lumière orangée tranchait sur l'obscurité et, au moment où Colin l'aperçut, il en vit apparaître un deuxième, puis un troisième... Papa allumait les lampes à Bon-Repos... Une quatrième attaqua les ténèbres... C'était celle de la cuisine...Pour le dîner, il allait y avoir une soupe au lait avec de la cassonade croquante sur le dessus, des oeufs pondus par ses propres poulettes et des pommes au four avec de la crème... Colin prit ses jambes à son cou et galopa vers la maison.
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C'était la révélation de l'esprit. Ce même esprit qui fait d'une jacinthe une fleur exquise et met de la magie dans le chant du merle, ce même esprit qui étend ses ailes sur le monde. ce qu'il fallait apprendre, c'était à relier cet esprit à toutes ses autres manifestations. Mais comment y parvenir ? Y en a-t-il qui découvrent ce secret ? Les religieuses, dans leur couvent, le connaissent-elles, et ces ermites qui ont été vivre dans des grottes, seuls avec le jour, la nuit et le silence ? Elle se disait qu'en contemplant un peu plus longuement cette grande tourterelle planant au ciel, elle finirait par le savoir.
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Colette avait cru, jusqu'alors, que le monde était un livre heureux et sûr où toutes les jolies choses étaient aussi belles qu'elles en avaient l'air : à présent, elle se sentait perplexe. Elle avait eu ses six ans la semaine précédente et, à mesure qu'elle s'éloignait du nid douillet de la petite enfance, elle sentait croître en elle ce sentiment d'insécurité, né le jour où elle était tombée pour la première fois dans l'escalier.
Aujourd'hui en examinant cette vilaine pièce qui exprimait la personnalité de Mme Gaboreau, elle eut peur. Sans se rendre compte de ce qu'elle éprouvait, elle sentait obscurément, pour la première fois de sa vie , l'existence de ce monde de péché et de bassesse qui répand sa lie sous la belle apparence des choses.
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Plus je vis, et plus je trouve l'humanité idiote comparée aux papillons, par exemple.
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-Fenêtres magiques, perdues dans le pays des fées, qui s'ouvrent sur l'écume des mers périlleuses...
Combien ce monde matériel était odieux de toujours venir troubler le monde de ses beaux rêves, de toujours effacer sa vision intérieure !
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Elizabeth Goudge est née à Welles, où son père était alors directeur du collège de théologie. (...)
Son adolescence s'écoula devant une autre cathédrale, celle d'Ely, près de Cambridge, et dans l'Abbaye même : elle retrouva là une existence favorable à la méditation, mais sous un ciel plus léger, une lumière plus nacrée, (...).
A vingt-trois ans, elle suivit ses parents à Oxford, dans ce collège Christ-Church, si semblable à une abbaye. Derrière le grand quadrangle et derrière le cloître, de vieux jardins paisibles enclos de murs sont les jardins des professeurs et font penser à ces coins fleuris qu'on voit sur les miniatures persanes; l'un d'eux possède, au pied d'une terrasse, d'admirables figuiers centenaires.
C'est dans l'une de ces retraites anciennes que cette jeune fille a composé ce premier roman, nous offrant ainsi la preuve que les expériences extérieures sont, pour certains êtres, inutiles. Dans le silence et la paix d'un jardin clos, des antennes assez fines peuvent mettre en contact avec tout l'univers secret des coeurs.
Avant-propos
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Le livre que nous présentons aujourd'hui en France parut à Londres, au printemps de 1934, chez l'éditeur Duchworth, sous le titre de Island Magic. Aucun équivalent n'en pouvant rendre exactement le sens et l'intention, nous avons cru préférable de substituer à ce titre celui de L'Arche dans la tempête, qui est l'expression même que Rachel du Frocq, l'héroine de ce roman, applique à sa demeure, la vieille ferme, battue des vents sur la falaise de Guernesey, et qu'elle s'évertue à sauver de la ruine.
La sûreté de touche avec laquelle l'auteur de ce récit a peint ses peronnages ne laisserait guère supposer que ce livre pût être le premier ouvrage d'une jeune fille d'apparence timide et dont la vie fut assez retirée, si l'on ne connaissait déjà, par d'autres exemples, l'esprit pénétrant de certaines romancières anglaises, le don poétique alerte et subtil qui les anime, et si l'on ne savait qu'un fleuve de feu peut couler sous la placidité de leur visage et la réserve de leur attitude.
Ces dons ne sont accordés qu'aux êtres qui ont su atteindre à la maturité sans cesser de demeurer fidèles à leur enfance et qui, à la façon des arbres, conservent en eux les traces vivantes de leurs différents âges. Ils peuvent, à leur gré, retrouver le "domaine perdu" du Grand Meaulnes, le domaine de la poésie et de l'enfance. C'est ainsii qu'il est permis à ces romancières de pénétrer aussi aisément dans l'âme d'un très jeune enfant que dans celle d'un homme que la vie a jeté tour à tour aux quatre coins du monde; et c'est ainsi qu'Elizabeth Goudge, fille unique d'un professeur de théologie à Oxford, nous fait participer aux drames de toute une famille.
Avant-propos
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Elle sentait que Jacqueline venait de connaître une grande aventure, et Collette aussi, peut être; mais elles ne pourraient jamais rien lui en dire. Elle savait que les enfants, dont les ailes sont encore humides,de la rosée céleste et dont les yeux ont encore la faculté de voir et les oreilles , celle d'entendre, passent pas des voies particulières sans avoir de mots pour raconter leurs aventures. A l'âge où ils peuvent enfin s'exprimer et décrire ce qu'ils voient,ils ont perdu leurs ailes et les anciens chemins leur sont fermés. Les grandes personnes n'ont plus rien à raconter, sauf des souvenirs; il ne leur reste que l'espoir tremblant de revenir, un jour, vers les sentiers de l'enfance.
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