D'une petite longueur, c'est mon volume préféré des enquêtes du commissaire Ohayon.
Batya Gour déroule l'enquête comme à son habitude avec lenteur, nous aidant à bien comprendre les complexités d'une investigation.
Plus qu'avec les autres, nous sommes immergés dans la vie d'un quartier de Jérusalem, nourrissant la curiosité d'un lecteur qui comme moi ne connaît pas la société israëlienne de l'intérieur. de plus, l'action se déroule sur fond d'Intifada.
L'un des personnages, une enfant d'une dizaine d'années nommée Nessia, donne lieu à une focalisation la durée d'un chapitre particulièrement réussi. L'auteur nous introduit dans l'intimité d'une petite fille solitaire et mal dans sa peau avec un art subtil, une grande tendresse et un justesse rare.
C'est également le volume de Yaïr, jeune inspecteur introduit rapidement dans l'opus précédent, qui constitue la relève d'Ohayon : tout aussi fin et subtil que ce dernier, ses parallèles avec le milieu agricole font, contre toute attente, avancer l'enquête.
La trame profonde, la rivalité entre une famille Yéménite et une famille ashkénaze, apporte à ce livre sa dimension historique : derrière le crime, derrière l'intrigue, palpitent les soubresauts d'un scandale étouffé remontant à la fondation de l'Etat d'Israël.
Batya Gour réussit une fois de plus le pari de tisser un polar élégant, complexe, sonnant juste et offrant plusieurs niveaux de lecture.