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EAN : 9788432210853
144 pages
Seix Barral (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Campos de Nijar es el relato de uno de los viajes del autor à la mas desheredadas tierras del sur de Espana, a una region en la que la dureza de les condiciones de vida pone de manifiesto con singular vivez de las primitivas cualidades del pueblo. Pertenece a ese género narrativo que se ha hecho un lugar en las letras castellanas contemporáneas, un género informado por el sentido de responsabilidad del escritor ante parajes et gentes de su patria que la geografia o ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mon premier contact avec Campos de Nijar de Juan Goytisolo remonte au cours d'Espagnol de ma classe de seconde. Notre manuel, en trois tomes, s'intitulait Novelas Contemporaneas, avec sur la couverture le dessin la corrida de Salvador Dali.
L'extrait de campos de Nijar qui figure dans le Tome 3, est celui où l'auteur fait de l'auto stop. Un chauffeur de camion répondant au nom de El Sanlucar s'arrête et accepte de la conduire à Rodalquilar, en lui expliquant qu'il vient de Motril.
Je me souviens encore de ma surprise à la lecture de ces noms que je connaissais pour être ceux d'un village et d'une ville où ont vécu mes grands-parents et dans lesquels j'avais passé plusieurs jours pendant l'été précédent.
Quelques années plus tard, j'achetais ce livre et trois années de suite, je fis le périple de Juan Goytisolo tel qu'il est indiqué sur la carte qui figure en annexe de son ouvrage.
La région, heureusement (?), ne ressemble plus aujourd'hui à celle que décrit l'auteur dans un récit où il porte le témoignage des habitants d'une contrée qui comptait alors parmi les plus pauvres d'Espagne. Une agriculture détruite par la sécheresse et l'absence de politique hydraulique, des sols épuisés par une industrie minière anarchique conduite par des petits exploitants, puis par des sociétés étrangères, allemandes, belges anglaises ou françaises.
L'espoir des habitants réside dans l'immigration vers des pays plus cléments, Barcelone et la Catalogne, ou la France et l'Allemagne.
Ce qui frappait encore en pénétrant dans cette région par la N340, jusque dans le début des années 1980, alors que le tourisme commençait à peine à découvrir cette région aux reliefs somptueux et aux bords de mer encore sauvages, et que l'autoroute n'existait pas encore, c'est comme le disent les premières lignes du récit, la sensation de rentrer dans un univers autre, sonné par la chaleur et ses conséquences sur le sol la végétation les habitants :
« je me souviens très bien de la profonde impression de violence et de pauvreté que je ressentis en approchant d'Almeria, en y arrivant par la N 340, la première fois que je visitait cette ville, il y maintenant quelques années. J'avais laissé derrière moi, Puerto Lumbreras - et ses stands du marché posés au beau milieu des ramblas du fleuve sec - et la vallée de l'Almanzora - Huercal-Overa, Vera, Cuevas, Los Gallardos. Depuis un surplomb du relief, j'avais admiré les improbables maisons de Sorbas suspendues au-dessus de l'abime d'une falaise. Ensuite, brulé par le soleil, les sierras âpres, ciselées à coups de marteau, de la zone de Tabernas, corrodées par l'érosion, et semblables à un paysage lunaire.(...)j'avais cherché en vain l'ombre d'un arbuste, l'abri d'une misérable agave. Dans cet univers exclusivement minéral la chaleur enveloppait tout dans un emballage de cellophane translucide.»
Chaque personnage rencontré par Juan Goytisolo rapporte un fragment de ce qu'est la réalité de cette région oubliée et complète le tableau que Goytisolo veut en faire pour interpeller l'Espagne et ses responsables au premier chef :
Un voyageur dans l'autobus Almeria-El Alquian de retour au pays après avoir travaillé à Barcelone :
Là-bas, oui c'était la vrai vie ! Ici on devient vite vieux, et ensuite la famille vous attache à ces lieux...
Pour sortir quelque chose de cette terre il faut avoir un portefeuille bien rempli. le sol est pierreux et il faut tout amener, l'eau, l'engrais, le sable...
Du sable ?
Pour préserver de la chaleur...
Les ouvriers de la mine d'or, clients du café de Rodalquilar :
(...) les trois hommes échangent des confidences à voix basse : la silicose de Edelberto, le travail à la mine, ce qui est arrivé à Emiliano. (...) le temps passe, et ils continuent à parler, de Candido, de José, de Vitorino...
Et encore, on n'a pas à se plaindre, nous.
Non, nous ne pouvons pas.
Parce que les remplaçants...
Parce que les piqueurs...
Parmi les ouvriers qui attendent le bus pour Nijar :
«Les Catalans sont un peu comme les Américains dans cette région.»
«je leur explique que j'avais dix jours libres et que j'ai décidé de prendre des vacances dans le coin.
C'est pas vrai ! Quelle idée ! Venir ici depuis Barcelone !»
Si j'habitais en Catalogne, je ne me risquerai pas à Alméria, il faudrait me tuer pour me faire venir par ici !
On dit que le monde change et que bientôt nous irons sur la lune, mais ici pour nous, tous les jours se ressemblent.
Mais si vous traversez les montagnes et allez vers Carboneras...
Que trouve-t-on ?
Des lézards et des cailloux. C'est l'endroit le plus pauvre d'Espagne.
L'auteur arrive à Nijar, une petite ville agricole connue pour ses activités de poterie et de textiles. On y fabrique des «telas de trapo», l'équivalent des lirettes. Il est reçu par José et Modesta :
Ici toutes les familles ont quatre cinq ou six enfants.
Il y a une femme au bout de la rue qui en a eu treize.
Plus on est pauvres, plus on a d'enfants.
Dans un atelier de poterie : «(...) je préfère être ici dix heures par jours pour quarante-cinq pesetas que coincé cent mètres sous terre comme les rats.» «Ici le travail est dur, mais tu n'es pas attaché, tu ne vieillis pas avant l'heure, et tu ne risque pas l'accident...»
Le voyage est ponctué de ces slogans que l'on voyait à l'époque écrit au goudron sur les murs de chaux :
Franco ! Mas agua ! Mas Arboles !
De village en village, à pied en autobus, en stop, Juan Goytisolo va de Fernàn Perez à Los Nietos, de Los Albaricoques à Los Plomos, du Cabo de Gata à Roldan, il effectue cette boucle magique dans un pays décharné mais plein de la vie de ses habitants.
Rappelons pour les profanes, que le désert de Tabernas a vu le tournage de la plupart des films de Sergio Léon, que sur la plage de Monsùl a été tourné une scène de Indiana Jones et la dernière croisade, enfin que dans la chanson Initials B.B, la fille nue qui ne porte sur elle qu'un peu d'essence de Guerlain «Agitant ses grelots/Elle avança/Et prononça ce mot : Alméria!».
Les campos de Nijar n'existent plus tel que Juan Goytisolo les a vu. le béton des marinas a remplacé les lézards les agaves et les pierres. Les ateliers de Nijar disséminés autrefois dans les ruelles du village ont été délocalisés - sécurité et écologie oblige - Nijar est envahi de touristes - L'association «Los senderos de Almeria» proposent des randonnées balisées, et seule la zone du Cabo de Gata érigée en parc naturel reste en l'état d'autrefois avec ses salines. Même la fameuse «playa de los muertos» redoutée autrefois attire de plus en plus de baigneurs.

Peut-être les soirs d'orage en août, voit-on encore passer la silhouette fantomatique de Juan Goytisolo poursuivant son périple, à pied, dans un pays aujourd'hui éventré par l'autoroute qui file vers Séville - exposition universelle de 1992 oblige - et fait fuir les souvenirs.

Toujours sur la région, signalons l'admirable film de Marjane Satrapi, El bando de las Jotas, (dont une partie se déroule dans la mine d'or de Rodalquilar, et dans lequel on voit Sorbas), véritable road-movie goytisolien dont nous a gratifié avec bonheur l'inénarrable dessinatrice iranienne, parisienne et andalouse depuis.

Lisez Campos de Nijar, vous en reviendrez changé.
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Juan Goytisolo à propos de "Pour vivre ici"
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