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Citations sur Au Château d'Argol (28)

Il voulait se donner une heure encore pour savourer l’angoisse du hasard.
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Ils nagèrent tous les trois vers le large. Couché au ras de l’eau, ils voyaient accourir de l’horizon le poids régulier des vagues, et dans un capiteux vertige il leur semblait qu’il tombât tout entier sur leurs épaules et dût les écraser, - avant de se faire au-dessous d’eux un flux de silence et de douceur qui les élevait paresseusement sur un dos liquide, avec une sensation exquise de légèreté (p 90)
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Le silence du paysage devint alors total.
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À l’horizon du sud s’étendait le haut pays de Storrvan. Depuis le pied des murailles la forêt s’étendait en demi-cercle jusqu’aux limites extrêmes de la vue ; c’était une forêt triste et sauvage, un bois dormant, dont la tranquillité absolue étreignait l’âme avec violence. Elle enserrait le château comme les anneaux d’un serpent pesamment immobile, dont la peau marbrée eût été alors assez bien figurée par les taches sombres des nuages, qui couraient sur sa surface ridée. Ces nuages du ciel, blancs et plats, paraissaient planer au-dessus du gouffre vert à une énorme hauteur. À regarder cette mer verte on ressentait un obscur malaise. Il semblait bizarrement à Albert que cette forêt dût être animée et que, semblable à une forêt de conte ou de rêve, elle n’eût pas dit son premier mot. Vers l’ouest de hautes barres rocheuses, envahies jusqu’au sommet par les arbres, s’alignaient parallèlement ; une rivière coulait à pleins bords dans ces vallées profondes ; la risée qui courait alors hérissait sa surface comme celle d’une peau transie de froid et, tout à coup, des milliers de facettes brillantes réfléchirent le soleil aveuglant avec un éclat curieusement immobile. Mais les arbres restèrent muets et menaçants jusqu’aux hauteurs bleuâtres de l’horizon.
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Tout son sang bougeait et s’éveillait en elle, emplissait ses artères d’une bouleversante ardeur, comme un arbre de pourpre qui eût épanoui ses rameaux sous les ombrages célestes de la forêt. Elle devenait une immobile colonne de sang, elle s’éveillait à une étrange angoisse ; il lui semblait que ses veines fussent incapables de contenir un instant de plus le flux épouvantable de ce sang qui bondissait en elle avec fureur au seul contact du bras d’Albert et qu’il allait jaillir et éclabousser les arbres de sa fusée chaude, tandis que la saisirait le froid de la mort dont elle croyait sentir le poignard entre ses deux épaules
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Il lui fut a cet instant seulement peut-être perceptible que dans chaque être l'instinct de sa propre destruction de sa propre, et dévastante consomption, luttait, et sans doute à armes inégales, avec le souci de sa personnelle sauvegarde.
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Et telle était en elle l’explosion de la vie qu’il lui paraissait que son corps sous la chaleur de fournaise allait s’entrouvrir comme une pêche mûre, sa peau dans toute sa massive épaisseur s’arracher d’elle et se retourner tout entière vers le soleil pour épuiser les feux de l’amour de toutes ses artères rouges, et sa chair la plus secrète s’arracher aussi depuis le fond d’elle-même en lambeaux convulsifs et jaillir de ses mille replis comme un drapeau claquant de sang et de flamme à la face du soleil dans une inouïe, dernière, et terrible nudité.
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[...] Chacun s'étonna de reprendre à l'instant sa démarche particulière, et que la vie revenue dans son individuelle pauvreté leur tendît si vite les habits et la gangue pudique d'une personnalité inéluctable.
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La vigueur, d'elle - même convaincante, de "ce qui est donné " comme dit si magnifiquement la métaphysique, dans un livre comme dans la vie, devrait exclure à jamais toutes les dérobades de la niaise fantasmagorie symbolique et nous inciter une fois pour toutes à un acte de purification.
P10
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Quoique la campagne fût chaude encore de tout le soleil de l’après-midi, Albert s’engagea sur la longue route qui conduisait à Argol. Il s’abrita à l’ombre déjà grandie des aubépines et se mit en chemin.
Il voulait se donner une heure encore pour savourer l’angoisse du hasard. Il avait acheté un mois plus tôt le manoir d’Argol, ses bois, ses champs, ses dépendances, sans le visiter, sur les recommandations enthousiastes – mystérieuses plutôt – Albert se rappelait cet accent insolite, guttural de la voix qui l’avait décidé – d’un ami très cher, mais, un peu plus qu’il n’est convenable, amateur de Balzac, d’histoires de la chouannerie et aussi de romans noirs. Et, sans plus délibérer, il avait signé ce recours en grâce insensé à la chance.
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