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EAN : 9782714303035
302 pages
José Corti (01/01/1980)
4.19/5   153 notes
Résumé :
Le titre de cette œuvre est le plus explicite des quatrième de couverture ; l’absence de virgule entre les deux gérondifs rend le glissement de l’un à l’autre logiquement équivalent, tant il est vrai qu’ "on écrit d’abord parce que d’autres avant vous ont écrit".
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Mon siècle, dans le passé, c'est le dix-neuvième, commencé avec Chateaubriand, et prolongé jusqu'à Proust, qui vient l'achever un peu au-delà de ses frontières historiques." (Julien GRACQ, 1980).
Peu de choses à ajouter aux remarquables critiques de nos amies keisha [2011], MarquiseDeMerteuil et VanilleBL [2013].
"En lisant en écrivant est une introduction intimiste dans la Littérature du XIXème siècle français...
Balzac, Stendhal, Nerval, Flaubert, Huysmans, Proust.
On le sait désormais : une ode à la vie rêvée nous attend toujours entre les pages de "Les Chouans", "Beatrix", "Le Rouge et le Noir", "La Chartreuse de Parme", "Sylvie", "Aurelia", "Madame Bovary", "Là-bas", "A rebours", "A la Recherche du Temps Perdu"...
De tous les grands voyages intérieurs du lecteur, son hymne si personnel à la "Stendhalie" demeurera...
Dans le chapitre "Allemagne", un jugement contrasté sur la production (déclinante) de Goethe.
Une évocation des sortilèges de la musique de Richard Wagner, et ce qu'elle nous apprend sur nous-mêmes...
L'hommage à Breton en quelques pages sobrement intitulées "Surréalisme".
Une lassitude solidement argumentée face aux ravages de "l'auto-fiction" à la Française (Constatons que depuis "Madame Nathalie Sarraute", le Pathos semble s'être re-déplacé du nombril de l'auteur vers le nombril d'Autrui : vers "D'autres vies que la mienne", comme dirait l'autre... Un juste retour des choses).
Les lignes imprimées de ce petit livre épais (302 pages, police de petits caractères) semblent gravées dans le "marbre" du papier désormais jauni d'un exemplaire bravement massicoté au coupe-papier.
Un chant d'amour à la Littérature.
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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En lisant en écrivant est un ouvrage critique qui n'en est pas vraiment un, et est de ce fait très agréable à lire.
lci pas de longues théories un peu ennuyeuses, mais des petits fragments, des billets d'humeur dans lesquels Julien Gracq nous livre des impressions personnelles, illustrées par des exemples choisis dans les grands noms de la littérature: Stendhal, Balzac, Zola, Flaubert, Proust notamment. Il revendique sa subjectivité et nous fait partager ses goûts et préférences, même si nous ne sommes pas obligés d'être d'accord avec lui (pour ma part, je le trouve un peu dur avec Zola!). J'ai d'ailleurs bien aimé cette forme de confrontation d'idées.
Par contre, j'ai été un peu dérangée par la composition de l'ouvrage. Bien qu'il soit divisé en chapitres, ces derniers semblent un peu disposés dans un ordre arbitraire et il m'a manqué une forme de progression logique, même si c'est sans doute le but recherché. C'est probablement plutôt un ouvrage dans lequel il faut piocher plutôt que de le lire d'une traite, c'est d'ailleurs ce que j'ai fini par faire.
Enfin, je ne peux pas achever cette critique sans dire un mot du titre que je trouve magnifique: les 2 gérondifs, l'absence de virgule, le changement de police, tout est dit en quatre mots et Julien Gracq établit directement une relation entre l'acte de lire et celui d'écrire, relation qu'on ne peut qu'être honorés de partager avec lui.
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Un ouvrage critique qui n'en est pas un. Voilà l'essentiel à retenir de cette oeuvre inclassable.

Un titre accrocheur et un contenu étonnant et polémique font de cet OVNI littéraire un trésor du "genre", qui révolutionne la vieille critique poussiéreuse de nos exégètes acharnés de théories.

Ici, point de théorisation ennuyeuse destinée à nous donner les clés de la lecture ou de l'écriture; simplement des impressions personnelles, joliment illustrées par des exemples choisis de manière totalement arbitraire. Loin de s'en cacher, Julien Gracq revendique sa subjectivité et ne masque en rien ses goûts et dégoûts.

Une esthétique de la fragmentation clairement assumée, l'auteur a choisi de diviser son ouvrage en chapitres apparemment sans lien les uns avec les autres, disposés dans un ordre arbitraire. Face à ce joyeux fatras, le lecteur est amené à déceler les liens entre les différents "fragments", à se détacher de la vieille habitude de la progression logique pour se confronter à l'effet d'ensemble.

Par la forme même de son livre, Gracq semble nous confronter à sa thèse principale: l'oeuvre n'est pas une structure, mais un ensemble, dans lequel chaque détail est lié aux autres. Selon lui, écrire un livre, ce n'est pas "empiler des briques", c'est une opération de type mystique, dans laquelle l'auteur se laisse entraîner par les mots et ne sait pas par avance ce qu'il va écrire.

En cela, Gracq met en branle toute la critique contemporaine, qui n'a de cesse de chercher les structures des oeuvres. Et ça fait du bien!

L'avis d'un écrivain sur la lecture et l'écriture, c'est finalement cela qui attise la curiosité du lecteur. Si, dès le titre, l'auteur prône la continuité entre l'acte de lire et celui d'écrire (et inversement), c'est bien qu'il établit là une relation privilégiée avec nous, lecteurs, et l'on ne manque pas d'en être flattés.
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Première impression de relecture : brillant, intelligent, mais... costaud quand même. Pourtant je l'avais lu à une époque lointaine...



Par manque de persévérance temps, je n'ai vraiment relu attentivement que les deux parties intitulées Proust considéré comme terminus et Stendhal, Balzac, Flaubert, Zola, parues à part aux Éditions Complexe en 1986.


Tout est dit dans le titre, en fait. Gracq évoque des auteurs et des oeuvres que j'ai déjà lues, ce qui facilite la compréhension évidemment, même s'il bouscule à plaisir en imposant vivement ses opinions tranchées. Fort visiblement il préfère le rouge et le noir à La chartreuse de Parme, Stendhal à Flaubert; c'est son droit, et il sait argumenter. de toute façon, il sait trouver des qualités à tous, et il s'agit surtout de comparer. Les faiblesses d'un roman peuvent devenir des forces.





"Si je pousse la porte d'un livre de Beyle, j'entre en Stendhalie, comme je rejoindrais une maison de vacances: le souci tombe des épaules, la nécessité se met en congé, le poids du monde s'allège; tout est différent : la saveur de l'air, les lignes du paysage, l'appétit, la légèreté de vivre, le salut même, l'abord des gens. Chacun le sait (et peut-être le répète-t-on un peu complaisamment, car c'est tout de même beaucoup dire) tout grand romancier crée un 'monde' -Stendhal, lui, fait à la fois plus et moins: il fonde à l'écart pour ses vrais lecteurs une seconde patrie habitable, un ermitage suspendu hors du temps, non vraiment situé, non vraiment daté, un refuge fait pour les dimanches de la vie, où l'air est plus sec, plus vivifiant, où la vie coule p lus désinvolte et plus fraîche - un Éden des passions en liberté, irrigué par le bonheur de vivre, où rien en définitive ne peut se passer très mal, où l'amour renaît de ses cendres, où même le malheur vrai se transforme en regret souriant."
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Essai de critique donnant envie de lire du Valery (entre autres). Pas facile à lire ou plutôt à comprendre à fond. Peut-être pas le meilleur livre pour commencer à lire du Gracq. Je m'en retourne à ses romans!..
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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
" Si je pousse la porte d'un livre de Beyle, j'entre en Stendhalie, comme je rejoindrais une maison de vacances: le souci tombe des épaules, la nécessité se met en congé, le poids du monde s'allège; tout est différent : la saveur de l'air, les lignes du paysage, l'appétit, la légèreté de vivre, le salut même, l'abord des gens. Chacun le sait (et peut-être le répète-t-on un peu complaisamment, car c'est tout de même beaucoup dire) tout grand romancier crée un "monde" – Stendhal, lui, fait à la fois plus et moins : il fonde à l'écart pour ses vrais lecteurs une seconde patrie habitable, un ermitage suspendu hors du temps, non vraiment situé, non vraiment daté, un refuge fait pour les dimanches de la vie, où l'air est plus sec, plus vivifiant, où la vie coule plus désinvolte et plus fraîche – un Éden des passions en liberté, irrigué par le bonheur de vivre, où rien en définitive ne peut se passer très mal, où l'amour renaît de ses cendres, où même le malheur vrai se transforme en regret souriant."

[Julien GRACQ, "En lisant en écrivant", librairie José Corti, 1980 - un extrait reproduit par notre amie Keisha dans son texte critique de 2011]
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Ce qui commande chez un écrivain l'efficacité dans l'emploi des mots, ce n'est pas la capacité d'en serrer de plus près le sens, c'est une connaissance presque tactile du tracé de leur clôture, et plus encore de leurs litiges de mitoyenneté. Pour lui, presque tout dans le mot est frontière, et presque rien n'est contenu.
(p. 257)
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Tout ce qu’on introduit dans un roman devient signe : impossible d’y faire pénétrer un élément qui peu ou prou ne le
change, pas plus que dans une équation un chiffre, un signe
algébrique ou un exposant superflu. Quelquefois rarement, car
une des vertus cardinales du romancier est une belle et intrépide inconscience dans un jour de penchant critique il m’est arrivé de sentir une phrase que je venais d’écrire dresser, comme
dit Rimbaud, des épouvantes devant moi: aussitôt intégrée au
récit, assimilée par lui, happée sans retour par une continuité
impitoyable, je sentais l’impossibilité radicale de discerner l’effet ultime de ce que j’enfournais là à un organisme délicat en
pleine croissance : aliment ou poison? Une énorme atténuation
de responsabilité figure, heureusement parmi les caractéristiques romancières; il faut aller de l’avant sans trop réfléchir,
avoir l’optimisme au moins de croire tirer parti de ses bévues.
Parmi les millions de possibles qui se présentent chaque jour au
cours d’une vie, quelques-uns à peine écloront, échapperont au
massacre, comme font les œufs de poisson ou d’insecte, c’est-àdire porteront conséquence : si je me promène dans les rues de
ma ville, les cent maisons familières devant lesquelles je passe
chaque jour non perçues, anéanties à mesure — sont comme
si elles n’avaient jamais été. Dans un roman, au contraire, aucun possible n’est anéanti, aucun ne reste sans conséquence,
puisqu’il a reçu la vie têtue et dérangeante de l’écriture : si
j’écris dans un récit: « il passa devant une maison de petite apparence, dont les volets verts étaient rabattus », rien ne fera plus
que s’efface ce menu coup d’ongle sur l’esprit du lecteur, coup
d’ongle qui entre en composition aussitôt avec tout le reste ; un
timbre d’alarme grelotte : quelque chose s’est passé dans cette
maison, ou va se passer, quelqu’un l’habite, ou l’a habitée, dont
il va être question plus loin. Tout ce qui est dit déclenche attente
ou ressouvenir, tout est porté en compte, positif ou négatif, encore que la totalisation romanesque procède plutôt par agglutination que par addition. Ici apparaît la faiblesse de l’attaque de
Valery contre le roman: la vérité est que le romancier ne peut
pas dire «La marquise sortit à cinq heures »: une telle phrase,
à ce stade de la lecture, n’est même pas perçue : il dépose seulement, dans une nuit non encore éclairée, un accessoire de
scène destiné à devenir significatif plus tard, quand le rideau
sera vraiment levé. Le tout à venir se réserve de reprendre entièrement la partie dans son jeu, de réintégrer cette pierre d’attente d’abord suspendue en l’air, et nul jugement de gratuité ne
peut porter sur une telle phrase, puisqu’il n’est de jugement sur
le roman que le jugement dernier. Le mécanisme romanesque
est tout aussi précis et subtil que le mécanisme d’un poème,
seulement, à cause des dimensions de l’ouvrage, il décourage
le travail critique exhaustif que l’analyse d’un sonnet parfois
ne rebute pas. Le critique de romans, parce que la complexité
d’une analyse réelle excède les moyens de l’esprit, ne travaille
que sur des ensembles intermédiaires et arbitraires, des groupements simplificateurs tres étendus et pris en bloc : des « scènes
«ou des chapitres par exemple, là où un critique de poésie pèserait chaque mot. Mais si le roman en vaut la peine, c’est ligne à ligne que son aventure s’est courue, ligne à ligne qu’elle doit
être discutée, si on la discute. il n’y a pas plus de «détail «dans
le roman que dans aucune œuvre d’art, bien que sa masse le
suggère (parce qu’on se persuade avec raison que l’artiste en
effet n’a pu tout contrôler) et toute critique recuite à résumer, à
regrouper et à simplifier, perd son droit et son crédit, ici comme
ailleurs.
Déjà dit, ainsi ou autrement, et à redire encore.
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Ce que je souhaite d’un critique littéraire et il ne me le donne qu’assez rarement c’est qu’il me dise à propos d’un livre, mieux que je ne pourrais le faire moi-même, d’où vient que la lecture m’en dispense un plaisir qui ne se prête à aucune substitution. Vous ne me parlez que de ce qui ne lui est pas exclusif, et ce qu’il a d’exclusif est tout ce qui compte pour moi. Un livre qui m’a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d’enfance ! Ce que j’attends seulement de votre entretien critique, c’est l’inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n’ai besoin que de la confirmation et de l’orgueil que procure à l’amoureux l’amour parallèle et lucide d’un tiers bien disant. Et quant à l’" apport " du livre à la littérature, à 1’enrichissement qu’ il est censé m’apporter, sachez que j’épouse même sans dot.
Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n’est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu’on s’en occupe.
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Si je pousse la porte d'un livre de Beyle, j'entre en Stendhalie, comme je rejoindrais une maison de vacances: le souci tombe des épaules, la nécessité se met en congé, le poids du monde s'allège; tout est différent : la saveur de l'air, les lignes du paysage, l'appétit, la légèreté de vivre, le salut même, l'abord des gens. Chacun le sait (et peut-être le répète-t-on un peu complaisamment, car c'est tout de même beaucoup dire) tout grand romancier crée un 'monde' -Stendhal, lui, fait à la fois plus et moins: il fonde à l'écart pour ses vrais lecteurs une seconde patrie habitable, un ermitage suspendu hors du temps, non vraiment situé, non vraiment daté, un refuge fait pour les dimanches de la vie, où l'air est plus sec, plus vivifiant, où la vie coule p lus désinvolte et plus fraîche - un Éden des passions en liberté, irrigué par le bonheur de vivre, où rien en définitive ne peut se passer très mal, où l'amour renaît de ses cendres, où même le malheur vrai se transforme en regret souriant.
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Vidéo de Julien Gracq
À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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