Comme tous les mécas, Abel a été conçu pour endurer la colère humaine sous ses formes aussi bien physique qu'émotionnelle. Pourtant, il se sent troublé. Tendu. Inquiet, même.
- Merci, souffle-t-elle.
Il la dévisage d'un air surpris et sourit.
- Il n'est pas nécessaire de remercier les mécas.
- Je ne te remercie pas parce que c'est nécessaire. Je te remercie parce que tu l'as mérité.
Le silence entre eux se prolonge un peu trop longtemps. Noémi ne veut pas éprouver de la reconnaissance envers Abel ; elle ne veut pas l'admirer. Elle se laisse... perturber, distraire. Ils doivent se concentrer sur leur mission.
Chacun d'eux s'est porté volontaire, mais aucun n'est réellement prêt à mourir.
- (...) Un seul méca plus intelligent que les humains, ça suffit probablement.
Il marque une pause et ajoute :
- Sans vouloir t'offenser.
Pour sauver le monde, elle doit apprendre l'indépendance.
Parfois, elle aimerait pouvoir se retourner comme un gant, pour que les gens voient le bon en elle avant de voir le mauvais.
Abel est peut-être forcé d'Obeir Noémi Vidal, mais il refuse qu'elle le traite comme s'il n'était pas plus évolué qu'un marteau.
Les conflits sont le prix de la conscience.
Mais je sais que la religion sert un dessein qui va au-delà de la mythologie. Elle enseigne aux gens à regarder en eux, à se questionner profondément. Si on cherche la connaissance intérieure, on finit toujours par la trouver.
Parfois, commence Akide de sa voix grave, on se sent tout drôle quand on visite de nouveaux endroits, et encore plus drôle quand on rentre chez soi. On ne s'attend pas à ce que les choses familières soient devenues étranges, et c'est pourtant le cas.